Chapitre 8

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- Bon, eh bien je vous laisse la clé de votre suite, passez une agréable nuit, a conclu le jeune homme avant de s'en aller en déposant soigneusement la carte sur le comptoir, juste à côté d'une jolie statuette de pierre. 

"Encore un coup de ce Merle Davis"

Le jeune avec qui je me retrouvais enfermée a passé les mains dans ses longs cheveux bouclés, et a laissé s'enfuir d'entre ses lèvres, un soupir qui en disait long sur ce que lui aussi devait penser.

Il était vingt-deux heures passées, et pourtant, je n'avais pas faim. Toute cette histoire m'avait coupé l'appétit. Je n'avais qu'une hâte ; me coucher, mais certainement pas aux côtés de cet individu.

 - Je prends la salle de bain, a-t-il sèchement déclaré, ne me laissant pas de choix de réponse.

Je suis sortie de mon fauteuil pour aller m'asseoir sur le grand lit, admirant les tableaux accrochés sur les murs.

"Ce qu'il y a de plus fascinant dans les tableaux, ce sont leurs auteurs." m'avait dit Jack, un jour, alors que l'on visitait l'un de ces nouveaux musées dans le centre de Manhattan. Et il avait raison. La plupart des artistes, à quelques exceptions près, ont eu une vie pour le moins difficile. Entourés par la misère, remplis de chagrin, d'amours manqués, rongés par la solitude. Certains avaient fini par perdre tout contrôle, d'autres, à s'en sortir par le biais de leurs oeuvres. Quelques fois, il m'arrivait de me demander si j'avais déjà peint une nature morte pour en être arrivée à ce stade de ma vie où j'étais au bord du gouffre, même si je n'avais jamais ressenti l'envie de sauter.

La sonnerie de mon téléphone m'a tirée de mes pensées en quelques secondes.

"- Flynn. Son nom avait jailli de ma bouche avant même qu'il puisse prononcer un mot.

- Bonsoir, sa voix sonnait étrangement. Tout va bien ici ?

- Pas vraiment. Je ne pensais pas que ça allait être aussi compliqué. Tout ce truc de fausse petite amie, ce n'est vraiment pas fait pour moi.

- Et ce n'est que le début. Tu ne peux plus faire marche arrière. 

Il se tramait quelque chose, je le devinais à son ton glacial.

- Je le sais bien.

Flynn n'a plus prononcé un seul mot.

- Flynn, est ce que ça va ?

- Est ce que... est ce que tu as embrassé ce garçon ?

- Qui ça ? Park ? 

"Bien-sûr qu'il parle de Park imbécile !" 

- Oui. C'est idiot mais, tu te souviens de cette fille en cours d'anglais qui s'amusait à me lancer des stylos ? Regina...

- Regina Morris. Bien entendu que je m'en souvenais. Des cheveux blonds, des boucles parfaites, un visage de poupée et pourtant une âme bousillée par la méchanceté qui n'aspirait qu'à détruire ceux qu'elle considérait comme le bas peuple du lycée.

- Regina Morris, c'est ça. Eh bien j'ai été sur les réseaux sociaux tout à l'heure, et elle ne parle que de toi, se vantant de s'être assise derrière toi au cours de Monsieur Parkson. Mais ce n'est pas seulement elle. Tous les anciens du lycée en parlent, et certaines personnes disent vous avoir vu vous... tu vois... vous... embrasser.

Je ne pouvais pas le lui cacher. Après tout ce qu'on avait traversé, je n'avais pas le droit. Et quand bien même, il finirait pas le savoir d'une façon ou d'une autre ; les photos ne tarderaient pas à circuler. Alors j'ai inspiré profondément, et j'ai fini par me lancer :

LIGHT HOUSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant