Chapitre 9.

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-Est-ce que tu dors, la nuit ?

Le garçon hausse un sourcil interrogateur.

-Oui, pourquoi ?

-Je ne sais pas, tu as l'air fatigué, constate sa mère.

-J'ai toujours l'air fatigué, tout le monde me le dit. Bon, je vais être en retard, à ce soir.

-À ce soir, Ethan.

Il sort du terrain en soupirant. Il ne veut pas se confier à elle, elle ne sait rien, elle n'a jamais su. Il n'a qu'une envie, partir définitivement de chez lui. Pas qu'il se fait battre, ou abuser, ou quoi que ce soit dans le genre, non, c'est juste que... et bien, il n'en a aucune idée ; il se sent vide. Quand il est allé chez Luke, il a pu assister au quotidien d'une famille unie, d'une famille heureuse. Pendant une seconde, il a désiré en faire partie.

Le garçon se secoue la tête pour se remettre les idées en place. Comment peut-il avoir ce genre de pensées ? Il a la vie qu'il a, point barre. Tant pis si ça ne lui plaît pas. Le monde est fait ainsi, il n'a pas à se faire des films.

Une autre chose qu'il a envie de connaître : l'amour. Enfin... pas les amourettes de vacances, ou le grand amour des contes, non, mais le bel amour, celui que vivent les adolescents, celui qui fait rêver, sourire et vivre. Celui que l'on oublie quand on est adulte, qu'on qualifie de « simple amour de lycée. » Celui que tout le monde décrit, les papillons dans le ventre et les jambes flageolantes.

Bon, il a seize ans, il a déjà été attiré, bien sûr. Il a déjà fantasmé sur de beaux acteurs et regardé un peu trop longtemps certains garçons de son lycée. Mais c'est tout. Il n'a jamais été en couple, ni amoureux. Et il doit avouer que ça l'attriste, parfois. Clément non plus n'a jamais ressenti l'amour, avant Théo. Et pour l'instant... pour l'instant ça se passe bien. Ils se sont, pour la première fois, embrassés dans un café, en public. Le jeune homme se souvient mot pour mot du passage :

« -Deux cappuccinos, s'il vous plaît, lança Théo au serveur, qui lui sourit avant de partir en direction des cuisines.

Le jeune homme remarqua le regard légèrement attendri de Clément.

-Qu'est-ce qu'il t'arrive ?

-Rien, répliqua son compagnon, un doux sourire aux lèvres.

-Il avait l'air un peu efféminé, ce gars. Est-ce qu'il est... ?

-Je crois, oui. Et je pense qu'il a compris pour nous.

-Y a rien à comprendre, marmonna Théo en croisant les bras.

Les yeux d'un beau bleu profond du garçon se plantèrent dans les siens, aussi noirs qu'un gouffre, et il ne put rien ajouter. Pourquoi fallait-il que Clément ait des si belles pupilles, si hypnotisantes, si...

-Hé, Théo. On pourrait éviter de se disputer maintenant ? Pour une fois qu'on n'a pas besoin de se cacher, qu'on peut parler en disant nous.

Le jeune homme laissa échapper un discret soupir, de honte, ou peut-être de soulagement, il n'en savait rien. Il se pencha au-dessus de la table, prit le menton de son compagnon entre ses doigts et déposa un baiser, aussi léger qu'un souffle, sur ses lèvres. Il s'apprêtait à se reculer mais le soudain sourire ornant le visage de Clément le fit changer d'avis. Tant pis pour les inconnus qui les entouraient. Il scella à nouveau leurs lèvres, sentant son cœur s'emballer dans sa poitrine.

S'il devait choisir un instant pour mourir, ce serait celui-là, car à ce moment, il se sentit vraiment heureux. »

Ethan tente de faire disparaître son sourire naissant quand il arrive au lycée. Il a tellement aimé ce passage qu'il s'est senti obligé de le photographier et de l'envoyer à Emma (qui l'a déjà lu.)

L'Ouragan d'Étoiles Où les histoires vivent. Découvrez maintenant