Chapitre 24.

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Samedi trente-et-un décembre. Luke se regarde une dernière fois dans le miroir de la salle de bain. Tout est prêt. Il rejoint Thomas dans la cuisine, qui l'attend en jouant aux cartes avec Maxence ; mais au moment où le jeune homme s'approche d'eux, sa mère vient à sa rencontre.

-Lulu, va chercher ton linge.

-Mais maman, il faut qu'on y aille, ou on va être en retard chez Thibault, rétorque l'intéressé.

-Tout de suite.

Quelle mère à part la sienne fait des lessives le trente-et-un décembre ? Il soupire bruyamment, retournant un beau doigt d'honneur à son meilleur ami qui éclate de rire devant la scène. Mais Juliette le fait rapidement redescendre sur Terre.

-À ta place, Toto, j'éviterais de rire comme une imbécile. Ta mère a vu les morceaux de son parfum préféré dans la poubelle de ta chambre. Elle n'est pas très contente.

À ces mots, Thomas écarquille les yeux, apeuré. Il déglutit et se recroqueville sur sa chaise tandis que Maxence réprime difficilement le sourire naissant sur ses lèvres.

***

-Tu vois, je suis vivante.

La jeune fille affronte son père du regard, les bras croisés sur sa poitrine. Ce dernier soupire, las.

-Excuse-moi de me méfier des malades sur Internet, et excuse-moi de ne pas avoir envie d'apprendre que tu as été tuée après avoir été violée.

-Quand tu rencontreras Ethan, tu comprendras à quel point tu as été stupide de penser une chose pareille.

Avant que l'homme en face d'elle n'ait pu rajouter quoi que ce soit, Emma se lève et rejoint la sortie, sans même un au revoir. Quand elle parvient enfin à s'extraire de ce bâtiment d'horreur, elle s'appuie contre l'un de ses murs en poussant un long soupir.

-Tu veux une cigarette ?

La jeune fille ouvre brusquement les yeux pour les poser sur un garçon, à peine plus grand qu'elle, qui semble avoir son âge ; quelques unes de ses mèches d'un beau blond cendré lui retombent devant l'œil droit, vert pâle. Sa voix n'est pas très virile, et ses traits paraissent un peu efféminés, ce qui le rend beau à sa façon.

-Non merci. Je ne fume pas.

Il allume sa propre cigarette en hochant la tête.

-C'est bien. Ne commence jamais.

Elle hausse un sourcil ; il souffle la fumée blanche, avant de rajouter, amusé :

-Je sais, tous les fumeurs disent ça. Mais c'est vrai. Faut pas commencer. C'est de plus en plus cher, donc ça va te ruiner.

Puis le jeune homme tourne la tête vers l'entrée du bâtiment auquel ils sont adossés.

-T'es venue pour voir qui ?

Elle se mordille la lèvre inférieure, hésitante. Mais bon, de toute façon elle ne va sans doute plus jamais le voir de sa vie, alors...

-Mon père. Et toi ?

-Mon frère, répond-il immédiatement.

Avant de planter à nouveau son regard dans le sien, en affichant un grand sourire jovial.

-Comment tu t'appelles ?

-Emma.

-Ça te va bien. Moi c'est Yaël.

-C'est pas un prénom de fille ?

Le dénommé Yaël éclate alors de rire devant l'air confus de sa nouvelle connaissance.

L'Ouragan d'Étoiles Où les histoires vivent. Découvrez maintenant