L'Ouragan d'Étoiles

Jules

Le jeune homme enfonce ses mains dans les poches profondes de son manteau et rentre la tête dans ses épaules à cause de la pluie tout en pestant à voix basse. Un collègue l'a un peu retenu, et sa voiture a eu énormément de mal à démarrer ; lui qui déteste arriver en retard... encore une vingtaine de pas et il parvient finalement devant l'immeuble. Il tape machinalement le code et s'engouffre dans le hall, soupirant de soulagement, enfin au sec. Puis se place devant l'ascenseur et appuie sur le bouton pour l'appeler. Une fois. Deux fois. Trois fois.

-Ça ne sert à rien de vous acharner, il est en panne. Encore.

Le jeune homme sursaute et se tourne vers celle qui l'a interpellé ; c'est la vieille voisine de l'étage d'en dessous. Il souffle bruyamment avant de forcer un sourire, puis prend l'escalier en grimpant les marches deux par deux. Heureusement que sa destination n'est qu'au deuxième étage, sinon il aurait fait demi-tour et serait rentré chez lui. Quand il arrive devant l'appartement, il ne prend pas la peine de toquer et entre directement. Seul un jeune chien l'accueille joyeusement en secouant vivement la queue, la langue pendante ; il se penche pour être à sa hauteur et le caresse brièvement.

-Salut, toi. Est-ce que...

Mais des voix fortes en sonorité le coupent brusquement, et le font se relever dans la seconde, au grand désespoir du chien ; elles proviennent de la chambre à coucher.

-Bordel, tu veux bien m'écouter pour une fois ?

-Non ! Et si t'es pas content, tu dégages !

-Alors que les invités risquent d'arriver d'un instant à l'autre ? Même pas en rêve, ils vont encore nous reprocher de trop nous engueuler !

-J'en ai rien à foutre de leurs reproches ! Si tu veux qu'on arrête de s'engueuler, commence par arrêter de me casser les couilles !

Le jeune homme hésite à annoncer sa présence, mais la porte d'entrée s'ouvre sur un visage familier. L'autre le rejoint et lui ébouriffe gentiment les cheveux.

-Salut, Juju. Ils se hurlent encore dessus ?

-Salut, Toto. Et ouais. Ça fait longtemps qu'ils ont commencé ?

-Au moins une bonne demi-heure, répond le nouvel arrivant en éclatant de rire. Et au fait, je crois que tu ne l'as pas encore vue, alors je te présente Lucille.

Une jeune femme entre dans son champ de vision en affichant un beau sourire. Jules laisse un léger rictus se dessiner sur ses lèvres.

-Ah, c'est elle ta copine mystérieuse ? Ça fait quoi, trois, quatre ans que tu nous la caches ? Lucille, c'est un véritable plaisir d'enfin pouvoir te rencontrer.

-Le plaisir est partagé, réplique la jeune femme. Alors comme ça, c'est toi le petit génie qui fait des études d'aviation ?

-J'ai commencé à piloter il y a cinq mois. Mais oui, c'est moi.

Lucille s'apprête à rajouter quelque chose quand les deux hôtes daignent enfin les accueillir. Jules ne peut s'empêcher d'être à la fois amusé et admiratif en voyant son frère et son compagnon s'engueuler tout en gardant cette lueur folle amoureuse au fond des yeux. Un amour aussi pur, c'est vraiment injuste. Son aîné le prend brièvement dans ses bras avant de lâcher un « content de te voir, frangin » tandis que l'autre maître de maison salue Thomas et Lucille tout en attrapant son chat.

-Repose Wolverine, grogne alors Luke, tu es puni.

Ethan se tourne vers lui avec un regard noir.

-Tu sais quoi, toi aussi tu seras puni, ce soir. Et pas de Wolverine, si tu vois ce que je veux dire.

-Attention, raille Jules à l'attention de son frère, s'il te menace par l'abstinence, c'est qu'il est vraiment sérieux.