Chapitre 70.

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Le jeune homme soupire, tentant de réprimer le tressaillement de sa jambe droite. Sans succès.

-C'était rien, vraiment. Juste une légère crise d'angoisse comme ça arrive à tout le monde.

Le psychiatre ne prend même pas la peine de lever les yeux de son bloc-notes.

-Ce n'est pas ce que ta mère m'a dit au téléphone. Elle m'a décrit une importante crise de panique.

-Elle a surtout tendance à tout exagérer.

-Pas à propos de ces choses-là, Luke, tu le sais. Pourquoi as-tu eu cette crise ?

-Pour rien !

-C'est en rapport avec ce garçon ?

Il souffle bruyamment en se passant une main dans les cheveux. En cet instant, il se sent pris au piège, et ne perçoit aucune échappatoire. C'est comme si les murs se refermaient progressivement sur lui, que la porte était scellée, que ses jambes étaient attachées à ce fauteuil trop propre.

-Indirectement. J'ai appris que mon frère est pansexuel, et je sais ce qu'il arrive parfois aux gens qui ne sont pas hétéros, alors... j'ai eu peur.

-Tu as eu peur, et j'imagine que tu as été également pris de remords. Tu as déjà présenté tes excuses à ce garçon, pour soulager ta conscience ?

-Il... il ne veut pas les entendre. Il dit que c'est pas mon genre de m'excuser. Il dit que mon truc à moi, c'est trouver des prétextes.

L'encre noire coule sur le papier.

-Peut-être qu'il ne se sent tout simplement pas prêt à te pardonner. Je sais que je te le répète à chaque fois, mais la relation que tu entretiens avec ce garçon est extrêmement dangereuse pour toi. Et pour lui aussi, sûrement.

Le jeune homme se renfrogne, agacé.

-Notre relation va très bien en ce moment. On a même trouvé et adopté un chaton hier, c'est notre chaton à tous les deux, c'est Ethan qui le garde chez lui pendant les premiers mois, mais je peux venir le voir quand je veux, et après je le prendrai aussi de temps en temps. Pas sur de trop longues périodes, mais c'est pour sa propre sécurité, j'ai peur de ce qui peut lui arriver s'il reste entre les mains de mes frères. Puis on a trouvé un bon équilibre, il vient parfois chez moi, mes parents l'ont complètement adopté.

-Si votre relation va si bien que ça, et s'il s'entend aussi bien avec ta famille, pourquoi continues-tu à la cacher à tes parents ?

Il serre les dents.

-Parce que. Je suis pas encore prêt, c'est tout. Je préfère attendre encore un peu.

-D'accord. Et avec ta petite amie, tout se passe bien ?

-Ouais.

-Tu as prévu de lui dire la vérité ?

Six longues secondes de réflexion.

Puis un soupir.

-J'y serai bien obligé à un moment ou un autre.

Le psychiatre hoche la tête, écrit quelques nouveaux mots sur son bloc-notes.

-Luke, comprends bien que ton état psychologique est dû à cette guerre mentale que tu t'imposes. Tu me répètes depuis plusieurs semaines que tu n'es pas prêt, que tu le feras en temps voulu. Mais...

-Vous êtes le premier à dire que c'est important que chacun aille à son rythme, le coupe sèchement le jeune homme, que se forcer est très nocif.

L'Ouragan d'Étoiles Où les histoires vivent. Découvrez maintenant