L'Ouragan d'Étoiles

Chapitre 46.

« -Salut.

Le garçon ouvrit difficilement les yeux, et croisa le regard inquiet de Nick. Tout son être le faisait souffrir, mais il se contenta de serrer les dents.

-Pourquoi c'est toi qui es là ?

L'autre soupira profondément.

-Théo s'en veut énormément, tu sais. Il...

-Pourquoi c'est toi qui es là ?

Son cri lui a déchiré les cordes vocales, mais il n'y fait pas attention. Ils savent tous les deux que ce n'est pas à Nick d'être auprès de lui.

-Il n'a pas eu le courage de venir. Il se sent bien trop coupable pour te regarder en face. J'ai essayé de le convaincre, mais tu le connais. C'est impossible de lui faire entendre raison.

-Quel lâche. C'est sûr que ça ne doit pas être facile de se trouver devant le mec qu'on a poussé au suicide. Tu sais quoi, en fait c'est mieux qu'il ne soit pas là. Je ne veux plus jamais le voir.

-Clément...

-D'ailleurs, toi aussi, dégage.

-Clément, putain...

-Dégage, j'ai dit. Sinon j'appelle l'infirmière pour lui dire que tu as tenté de me faire du mal.

-Tu veux bien m'écouter, oui ? Si Théo est tellement réticent à l'idée de venir te voir, c'est parce que c'est lui qui t'a trouvé, d'accord ?

Seul un lourd silence lui répondit. Nick souffla bruyamment avant de reprendre.

-Il avait l'intention de s'excuser, de t'expliquer pour cette rumeur. Il ne sait pas qui l'a lancée, et tu sais comme moi que jamais il ne se mettrait en danger en racontant à tout le monde que tu es gay. Il a bien trop à perdre. Tu ne répondais pas à ses messages, ni à ses appels. Alors il a décidé de venir chez toi. Tes parents lui ont ouvert, et l'ont directement envoyé dans ta chambre. Quand il est arrivé, il t'a vu gisant sur le sol, des boîtes de médicaments vides à côté de toi, et il a immédiatement compris. Il s'est mis à paniquer, à hurler à tes parents d'appeler une ambulance. Il a passé cinq heures dans l'hôpital, et il pleurait quand je l'ai eu au téléphone. Je ne l'ai pas vu comme ça depuis très longtemps, ça a été tellement dur de l'entendre pleurer, de l'entendre désespérer sans pouvoir faire quoi que ce soit... crois que ce que tu veux, Clément, mais je peux te jurer que tu le rends bien trop faible pour sa santé mentale. »

***

Ethan laisse un léger sourire se dessiner sur ses lèvres en voyant Yaël sauter au cou de Thomas. Ça l'amuse énormément de les voir amoureux, mais il se régale bien plus de savoir que Tomas est persuadé de sortir avec une fille. Il range son livre dans son sac avant de partir pour les rejoindre, les écouteurs vissés dans les oreilles ; mais il a à peine le temps de faire six pas qu'il se fait violemment pousser contre les casiers. Des rires emplissent ses oreilles, ses écouteurs lui sont arrachés et son portable atterrit trois mètres plus loin, l'écran explosé.

-Alors comme ça, t'aimes sucer des queues ?

La petite assemblée éclate de rire à la question de Corentin, qui fait plus de mal au garçon que les coups qui suivent. Comment...

-J'ai toujours su qu'il était du genre à se faire défoncer le cul. Je l'ai déjà surpris à nous mater plusieurs fois, dans les vestiaires, renchérit Thibault.

Les insultes et les coups continuent à pleuvoir pendant deux longues minutes, avant que la sonnerie ne retentisse. Tous s'en vont en cours comme si de rien n'était, le laissant seul, gisant sur le sol.