Chapitre 31.

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-Ça va ? T'as l'air... préoccupé.

Ethan hoche la tête distraitement en repassant encore et encore sur la même lettre, pas du tout concentré sur le cours déblatéré par leur professeure d'Allemand. Yaël soupire en remarquant que le garçon ne l'écoute qu'à moitié et se recule sur sa chaise.

-Ich bin mude, marmonne-t-il en fermant les yeux.

-Ich bin müde, le corrige l'enseignante, mais merci de nous avoir fait l'honneur, pour une fois, de t'exprimer en allemand, Yaëlle.

L'intéressé lui adresse un grand et faux sourire, avant de trouver un immense intérêt pour les morceaux de gommes éparpillés sur la table. Les minutes s'écoulent bien trop lentement à son goût, et il doit se faire violence pour ne pas jeter un coup d'œil à sa montre toutes les cinq secondes. Et le garçon, perdu dans ses pensées, ne lui prête pas la moindre attention.

Quand la sonnerie retentit enfin, il se lève d'un bond et s'élance vers la sortie, traînant Ethan par le bras. Ils passent devant les populaires clichés et stupides, qui leur lancent des sourires moqueurs. L'adolescent réprime un long soupir exaspéré. Et c'est reparti...

Les crétins qui se pensent plus fort que tout le monde s'approchent d'eux et entourent le garçon, qui remarque à peine leur présence. Yaël lui pince légèrement la main pour le sortir de ses pensées ; le garçon sursaute, et se rend alors compte de la situation. Son visage se ferme, son regard se fait dur et ses poings se serrent. L'imbécile avec qui il a eu une... petite altercation pousse brusquement Ethan en s'esclaffant, pendant que ses amis se mettent à rire comme des baleines.

Ethan ne réagit pas ; est-ce qu'il a déjà réagi, au moins une fois ? Est-ce qu'il se laisse toujours faire, et permet aux connards qui le harcèlent de s'amuser ? Est-ce qu'il est aussi faible qu'il en donne l'impression ? Les deux meneurs arrivent à leur tour, sans doute pour en remettre une couche. Mais Yaël se le jure, le premier qui lève la main sur son nouvel ami le paiera cher.


***


Élisa attend en se mordillant le dos du pouce. Elle est attablée à leur place habituelle, et sait qu'Emma va arriver. Elle est presque toujours là en début de semaine, surtout quand elle a raté la fin de la semaine précédente.

Et elle arrive. Elle entre dans la classe, ignorant délibérément les regards méprisants de leurs camarades, la voit, fixe pendant une fraction de seconde son sourire désolé, et s'assied à la seule autre table déserte.

Élisa baisse la tête en pinçant les lèvres, peinée. Elle lui a envoyé une dizaine de messages, tous restés sans réponse. Elle aimerait poursuivre leur conversation de la veille, tenter de mieux la comprendre ; mais apparemment, Emma n'est pas du même avis.

Et ça l'attriste profondément.


***


Ethan se braque en l'attente d'un nouveau coup, les pieds ancrés dans le sol. La seconde qui passe est la plus longue de sa vie ; il attend, il attend, mais aucun poing de vient s'abattre sur son corps. Seule une voix familière retentit dans ses oreilles.

-Laissez-le tranquille, les gars, je suis pas d'humeur.

Tous les témoins de cette scène insolite écarquillent les yeux, ahuris. Depuis quand Luke Lived empêche-t-il ses sous-fifres de s'en prendre à leur souffre-douleur favori ? Certains se mettent à ricaner, pensant sans doute à une blague de leur meneur. Mais son regard autoritaire fait taire immédiatement les quelques téméraires.

L'Ouragan d'Étoiles Où les histoires vivent. Découvrez maintenant