Chapitre 55.

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Maxence soupire en passant ses doigts vernis de bleu dans ses cheveux bruns. Il ne comprend pas. Ça fait maintenant deux heures dix-sept qu'il étudie minutieusement chaque photo qu'il a prise de Luke et Ethan, mais il ne parvient à saisir l'élément qui rend ces clichés si spéciaux. Quelque chose dans le sourire, peut-être. Non. Pas dans le sourire. Ethan ne sourit quasiment jamais. Dans le regard, alors. Dans le regard et les gestes fugaces qu'ils s'échangent.

-Maxou ? Papa m'a dit que tu avais besoin d'aide en Physique.

L'interpellé sursaute brusquement et se tourne vers Jules, qui est entré dans sa chambre sans prendre la peine de toquer.

-Qu'est-ce que tu branles ? Demande l'autre en s'approchant.

Il soupire.

-J'essaie de comprendre pourquoi, quand je prends Lulu et Nono en photo, ça donne un rendu si bizarre.

Son frère se mordille la lèvre inférieure. Ses cheveux verts lui vont bien, mais le font un peu passer pour un mauvais garçon, ou un bouffon. À voir. Le nouveau venu prend le tabouret gris gisant à côté de son bureau et s'y assied, le regard hésitant.

-T'as des hypothèses ?

Maxence hausse les épaules.

-À première vue, je dirais qu'ils couchent ensemble.


***



-Bon, il nous reste encore environ deux heures avant qu'Aleks et Noah ne viennent. Qu'est-ce qu'on fait ?

Ethan hausse les épaules. Rien ne l'intéresse vraiment, à Paris. Ils ont passé la journée au Louvre, et c'était étrangement bien. Il s'est rendu compte de la curiosité sans faille du jeune homme quand ce dernier s'arrêtait devant chaque œuvre pour se renseigner dessus.

-Hé, attends.

Le garçon se tourne vers son compagnon, qui fixe un salon de tatouage.

-Tu veux qu'on y entre ?

L'éclat brillant dans les yeux de Luke lui fait l'effet d'un coup de poing dans le ventre.


***




Vanessa regarde distraitement par la fenêtre de la cuisine, un café brûlant entre ses longs doigts fins. Savoir qu'Emma est à nouveau très proche d'Élisa l'agace. Ou l'attriste. Elle ne sait pas vraiment. Elle soupire. Toute cette histoire finira par la rendre folle. Elle attrape son téléphone, le déverrouille. Il est grand temps de lancer une nouvelle rumeur sur Emma ; ça lui fera du bien.

Ça lui fera du bien de blesser celle qui la tue depuis deux ans avec son charme blasphématoire.



***




Ça fait mal. Un peu. Pas suffisamment pour crier ou pleurer, mais juste assez pour sentir la caresse tant attendue de l'aiguille sur la peau de sa poitrine. Le dessin, il l'a en tête depuis deux ans déjà, quand il a compris que sa famille sera toujours le plus important. Est-ce que le garçon aimera ? Peut-être qu'il se moquera de lui. Mais lui s'en fout. Parce qu'il attend ce moment depuis bien trop longtemps. Enfin, la raison de son existence est gravée dans sa peau. Cette pensée lui fait du bien au cœur, du bien à l'âme. Et s'il compte pour le garçon, alors le garçon comprendra, alors le garçon aimera.

-C'est bon, j'ai fini. Tu peux te relever.

Il s'arrache à ses pensées en clignant six fois des yeux. Un peu plus, et il se serait endormi. Il se redresse, écoute avec attention les conseils du tatoueur, se rhabille et sort de la pièce pour rejoindre le garçon dans la salle principale, qui l'attend sagement, les écouteurs dans les oreilles et les yeux rivés sur l'écran de son téléphone. Il se racle la gorge pour annoncer sa présence et donne un léger coup de pied dans le tibia du garçon, qui lève alors les yeux vers lui.

L'Ouragan d'Étoiles Où les histoires vivent. Découvrez maintenant