Chapitre 67.

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« -Clément ?

Le jeune homme sursauta et releva la tête de son café. Alma lui lança un timide sourire, avant de s'installer en face de lui.

-Salut, lâcha le garçon, je commençais à croire que tu ne viendrais jamais.

L'autre grimaça, penaude.

-J'ai dû me battre avec les gérants du foyer, en leur promettant que ce n'est pas une fugue, et que tu es un mec net. Mais bon, il faut avouer que savoir qu'on s'est rencontrés au groupe de parole ne les a pas enchantés...

Clément soupira, et but une gorgée de la boisson amère.

-Mes parents non plus n'étaient pas rassurés par l'idée que je sorte en ville.

La jeune fille laissa échapper un rire cynique.

-Nous sommes bien trop couvés, nous, pauvres enfants suicidaires.

-J'ai l'impression que tu prends ça vraiment à la légère.

Elle haussa les épaules, fit signe à un serveur de venir.

-C'est con, mais vaut mieux rire qu'en pleurer. Et ça nous permet de prendre du recul, aussi. C'est important, de prendre du recul.

-Arrête ! Je ne peux plus entendre l'expression « prendre du recul » à cause du responsable du groupe de soutien !

-C'est vrai qu'il le rabâche à chaque séance. J'ai compté, une fois. Il nous l'a sorti vingt-trois fois.

-C'est aberrant.

-Oui. Un cappuccino, s'il vous plaît, ajouta Alma à l'intention du serveur.

Ce dernier hocha la tête avec un sourire et un clignement d'œil, avant de s'éloigner. Clément le regarda partir, le sourcil droit haussé.

-On dirait que tu lui plais.

Sa compagne afficha un air surpris, puis se tourna vers la porte du bâtiment dans lequel le serveur avait disparu.

-Ah bon ? C'est parce qu'il n'a pas remarqué que je suis trans, il me semble trop hétéro. Mais d'ailleurs, s'écria-t-elle en reportant son attention sur le jeune homme, comment ça se fait que tu arrives à déformer ton visage comme ça ? J'y arrive jamais !

L'interpellé rit légèrement.

-C'est... un talent.

Six minutes passent tranquillement, rythmées par leurs moqueries sur le groupe de parole auquel ils sont obligés d'assister, entrecoupées seulement quand le cappuccino d'Alma est parvenu devant elle.

-Tu sais, finit-elle par souffler, je n'ai jamais passé du temps à la terrasse d'un Café avec quelqu'un.

Clément soupira, longuement.

-Moi non plus. Excepté une fois avec... le gars qui m'a foutu dans cet état. On s'y est embrassés, d'ailleurs. La première et seule fois en public.

-C'est un con.

-Oui.

Ils attrapèrent en même temps leur tasse pour en boire une gorgée.

-Tu sais ce qui pourrait être sympa ? S'enquit alors Alma.

-Dis-moi.

-Aller au cinéma ensemble, un jour. Ou faire d'autres trucs que les amis font.

L'Ouragan d'Étoiles Où les histoires vivent. Découvrez maintenant