Chapitre 53

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Les deux jeunes gens s'affalent sur leurs sièges en soupirant. Le plus compliqué a été de survivre à cette marée interminable de gens venant d'un peu partout, et de trouver le bon train. Étrangement, la voiture n'est pas remplie. Deux couples, un dans la trentaine accompagné d'un gosse, et l'autre dans la soixantaine, une femme et trois enfants, un homme d'affaires au regard dur et pianotant rapidement sur son ordinateur portable, quatre adolescents jouant aux cartes et une jeune fille, qui ne doit pas avoir plus de quinze ans, essuyant quelques larmes en regardant par la fenêtre. Sur le quai, au milieu de passants, quelques autres jeunes font de grands gestes en criant des mots inaudibles en direction de cette fille. Ethan sourit. Peu de personnes seraient capables de faire ça pour lui.

À sa droite, Luke se tord les mains, le regard vague.

-Hé, ça va ?

L'autre sursaute et tourne la tête vers lui.

-Ouais, ouais. Seulement... c'est la première fois que je prends le train.

-C'est vrai ? Ne t'inquiète pas, mon petit Lulu, le vilain train ne va pas te manger.

-Ha, ha, ha. Tu es hilarant, mon cher Nono.

Le garçon rit légèrement, d'un rire bas, qui fait sourire le jeune homme. Il aime entendre son rire bas. Ça... l'apaise, en quelques sortes. Puis il sort son téléphone et sélectionne le contact de ses grands-parents maternels, qui décrochent cinq sonneries plus tard.

-Allô ?

-Salut, mamie. C'est juste pour te dire qu'on va démarrer, on sera là d'ici quatre heures.

-D'accord. Rappelle une demi-heure avant votre arrivée, ton grand-père viendra vous chercher. Au fait, ton ami est allergique à quelque chose ? Et ça vous va si vous dormez dans le même lit ?

Il décolle le portable de son oreille pour se tourner vers son compagnon.

-T'es allergique à un truc ?

L'autre secoue la tête.

-Non, il a aucune allergie, et ça nous va, t'inquiète pas. À toute.

Puis il raccroche.

-On dormira dans le même lit.

Ethan se tend un peu, avant de déglutir.

-D'accord. De toute façon, tes grands-parents seront là, alors...

-Alors quoi ? La dernière fois aussi, il y avait mes frères et mes parents, tu sais, réplique le jeune homme avec un rictus mauvais.

-Non, Luke, on ne couchera pas ensemble chez tes grands-parents.



***



Yaël lit et relit la même fiche de Français depuis une bonne heure, sans retenir un seul mot.

-Pascal de mes deux, grogne-t-il en envoyant valser la pauvre feuille de papier.

Puis il soupire profondément. Le bac de Français et celui de Sciences arrivent à grands pas, et il n'est prêt pour aucun des deux. Thomas ne peut pas l'aider, et Ethan est actuellement dans un train en direction de Paris. Et l'autre Blaise qui fait une leçon de morale en disant que pour être heureux il ne faut pas baiser... bien sûr qu'il faut baiser, ça rend heureux la baise, ça me rend heureux la baise, et ça me rendrait encore plus heureux si j'étais à l'aise avec mon corps... mais sinon, la baise ça me rend heureux. Et putain, maintenant il a envie de baiser.

Il souffle bruyamment en se laissant tomber sur son lit. Puis prend son téléphone pour augmenter la voix de Renaud, mais se fige quand le portable se met à vibrer. Ça fait deux mois qu'il n'a pas vu ce numéro affiché sur son écran. Il prend une grande inspiration, décroche, attend quelques secondes. Puis :

L'Ouragan d'Étoiles Où les histoires vivent. Découvrez maintenant