L'Ouragan d'Étoiles

Chapitre 14.

Seize décembre. Elles y sont enfin. Elles ratent la dernière journée de cours, mais n'en n'ont rien à faire. C'est la mère d'Emma qui les emmène à la gare, et qui ne peut réprimer un sourire. Depuis combien de temps n'a-t-elle plus vu le regard de sa fille briller ?

-Allez, maman, on va être en retard !

L'interpellée éclate de rire en jetant un coup d'œil dans le rétroviseur.

-Je te promets que non, Emma.

Élisa s'esclaffe à son tour devant l'attitude impatiente de son amie. Cette dernière a changé trois fois de tenue, refait cinq fois son maquillage et a répété au moins dix fois « et si j'arrivais pas à le reconnaître ? Si ça se trouve, il me trouvera finalement trop nulle ! Je ne veux pas y aller ! » mais à présent, la panique a laissé place à l'excitation. Elle sautille sur son siège, un immense sourire aux lèvres.

***

Son souffle se coupe un instant, lui arrachant une grimace de douleur. Les coups de poings se succèdent, lui faisant ressentir une désagréable sensation de brûlure au ventre, à la joue ou à l'œil. Des rires et des encouragements lui parviennent aux oreilles, et, pour la millième fois au moins, il se demande ce que les gens trouvent de si drôle dans ce genre d'abomination. Il réussit à ouvrir difficilement les yeux, entre deux coups. Et il le voit. Luke. Luke, un peu en retrait, les jambes légèrement écartées et les bras croisés, affichant son sourire habituel. Il le hait. Il le hait. Il le hait.

La sonnerie retentit, et ses agresseurs reculent, pas peu fiers d'eux-mêmes. Thomas, qui, lui non plus, n'a pas participé, se penche vers Luke et lui murmure quelque chose à l'oreille ; ce dernier secoue la tête sans cesser de sourire. Son meilleur ami soupire et part vers les salles de cours, entraînant avec lui leurs chiens d'amis.

Luke s'avance et tend la main à Ethan, qui la repousse brusquement avant de se lever -difficilement- par ses propres moyens. L'air surpris du jeune homme l'irrite au plus haut point. Comment peut-il s'attendre à être accueilli comme un héros ?

-Ne m'approche même pas, connard.

-Eh, se défend l'autre, je ne t'ai pas frappé, moi !

Le garçon éclate d'un rire amer, qui lui fait mal aux côtes.

-Ah, pardon ! Je devrais te remercier pour ça ! Alors, merci d'être resté en arrière, merci d'avoir profité du spectacle sans intervenir, merci de ne pas m'avoir défendu et de m'avoir regardé me faire casser la gueule ! Merci d'être resté... toi.

Luke souffle bruyamment en levant les yeux au ciel.

-Imagine la tête qu'ils auraient fait si je leur avais dit de te laisser tranquille.

-C'était pourtant ce que tu avais promis, murmure Ethan en tournant les talons.

Le jeune homme le prend par le poignet et le force à le regarder.

-Je t'ai dit que je le ferai. Mais je n'ai pas précisé quand.

-Va te faire foutre, Luke. Maintenant, laisse-moi aller à l'infirmerie pour me faire soigner. Parce que, au cas où tu ne comprendrais pas, j'ai mal, là.

-Je t'accompagne.

-Même pas en rêve, connard.

Le garçon se dégage violemment et se dirige, seul, vers l'infirmerie.

***

Emma soupire de soulagement. Elles sont enfin parvenues à s'installer dans le train, à leur place. Bien, c'est parti pour cinq heures de route. La jeune fille sort son téléphone, cherche dans ses contacts et appelle un numéro souvent composé depuis quelques jours.