Chapitre 18.

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Luke ouvre les yeux, frigorifié. C'est à peine s'il sent ses membres, et il déteste cette sensation. Il met quelques secondes à se rappeler où il est. Le parc. Comment a-t-il fait pour s'endormir dans le parc ? Il soupire et tourne la tête. Ethan, toujours plongé dans un profond sommeil, semble moins souffrant, plus serein, ainsi. Il ne va tout de même pas partir, en laissant le garçon seul, il n'est pas cruel. Alors, pour s'occuper, il attrape le livre, légèrement humide à cause du froid, l'ouvre et poursuit sa lecture. C'est bien écrit, mais les multiples similitudes entre cette histoire et leur vie le dérangent profondément. C'est impossible. Comment un simple bouquin peut raconter exactement ce qui leur arrive ? Celui qui a écrit ça était voyant, c'est la seule explication. Rien que la relation qu'entretient Théo avec Nick lui fait bien trop penser à celle qu'il partage avec Thomas. Surtout le passage :

« -J'ai l'impression que tu ne parles plus que de Clément, soupira Nick en plongeant son pinceau dans l'eau trouble.

-Tu te fais des idées, répliqua Théo en croisant les bras, je parle de beaucoup d'autres choses ! Comme par exemple... qu'est-ce que tu peins ?

-Ta sœur en princesse. Elle me l'a demandé pour son anniversaire.

Le jeune homme hocha simplement la tête avant de regarder son téléphone. Il se surprit à être déçu de n'avoir reçu aucun message de Clément. Il souffla discrètement et se massa les tempes. Il n'aimait pas ce que le garçon lui faisait.

-Arrête de penser à lui.

Il cessa tout mouvement et fronça les sourcils.

-Comment tu sais que... je ne pense pas à lui !

Malheureusement, il n'avait jamais été un très bon menteur, et Nick, qui le connaissait mieux que personne, ne fut pas dupe.

-Mon pauvre vieux, tu es complètement obsédé.

-Je ne suis pas obsédé ! »

Luke referme le livre brutalement. Ce n'est pas normal. Pas normal du tout.

-C'est de la sorcellerie, ce bouquin, marmonne-t-il en le reposant.

Un discret rire lui fait tourner la tête. Ethan ouvre les yeux, s'assied et s'étire. Il se frotte les paupières, ce qui fait sourire le jeune homme.

-C'est drôle quand tu fais ça, on dirait un gamin.

L'intéressé grogne ; le sourire de l'autre s'agrandit. Pendant quelques secondes. Avant de s'effacer.

-Au fait...

-Ouais ?

-J'ai fait un rêve vraiment étrange.

Il s'arrête, cherche ses mots. Le garçon ne dit rien, se contente d'attendre ; d'attendre quelque chose, quelque chose qu'il craint vraiment. Il se surprend à prier pour que cette fois, juste cette fois, ce ne soient pas les mêmes mots que ceux de Théo.

-J'ai rêvé qu'on s'embrassait.

Et merde.

« -Au fait...

-Ouais ?

-J'ai fait un rêve vraiment étrange.

Il s'arrêta, chercha ses mots. Clément appréhendait un peu, le visage mal à l'aise du jeune homme l'inquiétait. Théo se passa la langue sur la lèvre inférieure, souffla discrètement, et se tourna vers le garçon.

-J'ai rêvé qu'on s'embrassait.

Clément écarquilla les yeux, bouche bée. Comment cela, « rêvé » ? Il se fichait de lui ! Il n'y avait rien de plus réel que ses lèvres sur les siennes, que ce qu'il avait ressenti à ce moment-là.

L'Ouragan d'Étoiles Où les histoires vivent. Découvrez maintenant