Le jeune homme entre par la fenêtre de sa chambre, tentant d'être le plus discret possible. À cinq heures du matin, ils dorment tous chez lui, alors il n'a pas intérêt à... la vision de sa mère assise sur son lit coupe court à ses pensées. Les yeux rouges et le teint blafard, elle se ronge les ongles, geste qu'il ne l'a jamais vue faire.Quand elle l'aperçoit, Juliette se lève d'un bond et le secoue par les épaules.
-Je peux savoir ce qui t'a pris ? S'égosille-t-elle. Tu ne te rends pas compte à quel point tu nous as fait peur ! J'ai failli appeler la police ! Tu...
-Maman, calme-toi, souffle Luke, exaspéré. Je suis rentré, d'accord ? Et puis tu vas réveiller tout le monde.
-Mais TOUT LE MONDE est réveillé ! Personne n'a fermé l'œil de la nuit à cause de toi ! Je ne plaisante pas, Luke Lived, la prochaine fois que tu fugues, je te prive de tout ce qui te tient à cœur !
La porte s'ouvre sur son père et ses frères ; Tristan et Maxence ont les yeux gonflés d'avoir pleuré, tandis que le visage de Jules reste indéchiffrable. Son géniteur, lui, s'élance en levant le poing, comme s'il allait le frapper. Mais le jeune homme sait qu'il ne le fera pas, il n'a jamais été violent. Effectivement, au bout de plusieurs secondes interminables, Henri laisse son bras retomber le long de son corps, devant Luke qui n'a pas bougé d'un cil, impassible, durant tout ce temps.
-J'étais pas loin, seulement au parc près de l'école de Tristan.
-C'est à six kilomètres ! S'écrie Juliette.
-C'est pas loin. Et puis, j'avais besoin de me calmer. Je n'ai pas fugué, vous savez.
Son père souffle bruyamment, se passe les mains sur le visage avant de soupirer :
-On a entendu la dispute, et vous êtes, Jules et toi tous les deux, en tort. Alors, vous savez quoi, vous allez rester dans cette chambre pour discuter, pour le restant de la nuit s'il le faut, mais vous allez arranger ça. Et vous n'avez pas intérêt à hausser le ton, parce qu'il est cinq heures du matin, que nous sommes tous crevés, et que si vous avez le malheur de réveiller l'un d'entre nous, je vous en mets une. C'est compris ?
Luke et Jules hochent la tête en soupirant. Leur géniteur est trop sérieux pour qu'ils puissent se permettre de prendre ses paroles à la légère. Les autres partent, les laissant seuls dans la même pièce. L'aîné s'assied sur son lit pendant que le cadet s'installe sur la chaise de bureau.
-Bon, alors, souffle Luke, je peux savoir ce qu'il t'arrive ?
Jules prend une grande inspiration, cherche longuement ses mots, joue avec une figurine Wolverine et se lance :
-J'en ai marre d'être dans ton ombre.
À ces mots, son frère hausse un sourcil interrogateur.
-Explique.
-Partout où je vais, je suis défini comme « le petit frère de Luke Lived. » À chaque début d'année, les profs qui t'ont déjà eu me surveillent tout le temps pour vérifier que je ne fasse pas de conneries. Dès que je parle à un autre ado, le sujet « oh, et ton frangin au fait » est obligatoirement mis sur le tapis. Parfois, on vient me voir pour me dire que t'as baisé la sœur, la cousine, la meilleure pote de telle ou telle personne. Les gens me demandent si je compte essayer de battre ton record. Je ne vis littéralement que par toi. Et c'est insupportable. C'est comme si je n'avais pas d'identité propre. Je me suis déjà pris plusieurs droites par certains gars qui n'ont pas apprécié le fait que tu touches à une fille de leur entourage. Et avant que tu demandes, ils s'en prennent à moi parce qu'ils ont peur de toi.
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L'Ouragan d'Étoiles
RomanceDeux histoires d'amour, en parallèle. Deux garçons qui s'opposent, deux filles qui se complètent. Un livre, un sourire. Une valse de sentiments qui les entraîne dans les abîmes de leurs âmes. Une vague de chansons qui les emporte dans les astres de...