-Comment ça se fait que tu m'aies encore battu ?
L'autre éclate de rire devant le désespoir du perdant.
-Le talent, mon cher ; le talent.
-Tu vas voir où je vais te le foutre, ton talent !
Les manettes tombent brutalement sur le sol tandis que le premier se jette sur le deuxième pour le plaquer dos au matelas, et le retenir par son poids. La victime ne parvient à retrouver son sérieux et rit, rit à en avoir les larmes aux yeux. Ça fait bien longtemps qu'il n'a plus vécu d'explosion de joie. Bien trop longtemps. Ils se battent gentiment pendant quelques minutes, puis les rires se muent en baisers, les coups en caresses. Le tee-shirt du premier s'échoue sur le parquet tandis que leurs bassins dansent ensemble, que leurs cheveux s'ébouriffent et que leurs mains se perdent. C'est ça qui marche si bien entre eux, c'est ça qui les rend accros l'un à l'autre, c'est ça qui entretient leur relation. L'alchimie. Une si puissante alchimie qu'elle dévaste tout sur son passage, qu'elle leur fait l'effet d'un véritable cyclone dans le crâne, qu'elle les rend amnésiques des importants désaccords.
Deux doigts se fraient un passage entre un jean et une peau brûlante, quand la porte s'ouvre soudain.
-Les enfants, vous... oh mon dieu, désolée !
Les coupables se redressent brusquement, rouges d'excitation et de honte, alors qu'Alice se cache les yeux sans parvenir à camoufler son amusement.
-Qu'est-ce que tu veux ? Soupire Thomas en remettant son tee-shirt. C'est bon, tu peux regarder.
Sa mère retrouve la vue et s'appuie contre l'encadrement de la porte.
-Je voulais seulement savoir ce que vous vouliez manger, ce soir. Ton père a une violente envie de pizza.
-Moi j'aime bien la pizza, intervient Yaël avec un grand sourire.
-Qui n'aime pas la pizza ?
Alice lâche un léger rire.
-Bon, je vais commander alors, vous avez environ trois quart d'heure pour... vaquer à vos occupations.
Puis elle s'en va en refermant la porte derrière elle, laissant les deux adolescents s'échanger un rapide regard.
-Trois quart d'heure seront suffisants, tu penses ?
-Si on perd pas de temps, largement.
Ils sourient. Et finissent ce qu'ils avaient commencé.
***
Maxence sourit en baissant son appareil photo. Il aime capturer les moindres petits instants de la vie, les immortaliser pour nourrir les souvenirs. Garder le moment où Jules est affalé sur le canapé en jouant à sa PS4 pour se détendre, ignorant son téléphone qui vibre en continu à côté de lui. Sur le cliché, le nom de Delilah est presque parfaitement visible. Garder le moment où Tristan s'amuse avec ses Playmobil en éparpillant les plus petites pièces sur le sol du salon, sans se douter un seul instant que tout le monde marcherait dessus au moins une fois parce qu'il ne les rangera pas. Garder le moment où son père masse tendrement les épaules de sa mère, pour essayer de l'amadouer afin que ce soit elle qui prépare le repas, parce que lui a trop la flemme.
Garder ces moments, ces moments qui semblent si futiles, ça le rend heureux, et ça le rassure en quelque sorte, de voir sa famille si comblée, de la savoir heureuse, malgré ce que traverse Luke. Ça le rassure d'avoir ces souvenirs si banals imprimés dans son esprit et enregistrés dans une carte mémoire, parce que... et bien, qui sait ce qu'il se passera ? Il a peur du futur, des épreuves que sa famille peut encore avoir à affronter, il a peur que leur petit château de cartes s'écroule à cause d'un vent un peu trop violent. Il a peur que leur royaume s'effondre, alors il prend les moments les plus naturels de leur vie pour être sûr d'en avoir le souvenir dans quelques années, pour être sûr de ne rien oublier.
VOUS LISEZ
L'Ouragan d'Étoiles
RomanceDeux histoires d'amour, en parallèle. Deux garçons qui s'opposent, deux filles qui se complètent. Un livre, un sourire. Une valse de sentiments qui les entraîne dans les abîmes de leurs âmes. Une vague de chansons qui les emporte dans les astres de...