Chapitre 50.

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-C'est vraiment ce que tu ressens ?

Luke hoche la tête, les yeux fuyants.

-Est-ce que je peux le garder ?

-Si vous voulez.

Le psychiatre plie la feuille en deux et la range dans son carnet, avant de reporter sa concentration sur le jeune homme.

-Quand as-tu écrit ce texte ?

-Vendredi. J'étais censé passer la soirée avec Samira mais j'ai annulé au dernier moment.

-Pourquoi ?

-Ethan.

Le docteur Jen soupire.

-Tu te rends compte que ce garçon, Ethan... il est... très nocif, pour toi, n'est-ce pas ?

-Ouais. Mais je peux pas faire autrement.

-Pourquoi ?

Luke souffle bruyamment.

-Je sais pas, c'est comme... comme un ouragan d'étoiles. C'est violent tout le temps, c'est beau parfois.

-Mais c'est surtout dévastateur.

-Ouais.

-Bon. Il est l'heure. Je vais parler à tes parents et ensuite...

-On fera un bilan ensemble, je connais la chanson, vous savez. C'est plus la peine de le préciser.

Le psychiatre sourit, amusé, avant de hocher la tête. Luke retourne dans la salle d'attente et se laisse tomber sur une chaise en bois, à côté d'une femme tremblante de la tête aux pieds. Il sort son téléphone, ouvre l'application des messages, ignore les trop nombreux « bon anniversaire » de numéros qu'il n'a pas enregistrés, et fait défiler jusqu'à s'arrêter sur l'un des seuls noms apparaissant dans ses contacts. Le garçon ne lui a pas souhaité son anniversaire, lui. Et Luke ne sait pas s'il doit s'en sentir vexé ou l'en remercier. Soit Ethan a oublié, ce qui est vexant, soit il s'est souvenu que le jeune homme ne supporte pas l'idée d'avoir dix-huit ans.

-Luke ? Tu peux revenir.

Il sursaute, range son portable, frôle la jambe de la femme tremblante et rejoint son psychiatre ainsi que ses parents.

-Bon. Continue bien de prendre tes médicaments, c'est essentiel. On se revoit la semaine prochaine, mais si tu as besoin...

-Je ne dois pas hésiter à vous appeler. Ça aussi je suis au courant.

Une poignée de mains échangée, dix minutes de silence absolu dans la voiture et Luke se retrouve seul dans sa chambre, un vieux vinyle de Janis Joplin jouant sur son tourne-disque, les pensées bousillées en ce sombre jour d'anniversaire.

Reste là, dans ce placard

Ce n'est la faute de personne, tu sais


Tu t'y es foutu tout seul


Comme un con


Et maintenant t'arrives plus à en sortir


Pourtant un temps


T'as cru réussir


T'as vu une fêlure dans la porte


Dans le mur que t'as construit


T'y as cru avec force


Une force que t'as crue disparue


Mais depuis quelques temps

L'Ouragan d'Étoiles Où les histoires vivent. Découvrez maintenant