« Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis. »
2110
Tous les experts du marketing moderne auraient trouvé cette vidéo trop longue. Mais apprendre, ou surprendre, ne doit pas nécessiter de s'inscrire dans le temps accéléré du spectateur volatile – sans quoi il verra, mais rien d'autre ne s'imprimera en lui qu'une poreuse image subliminale.
Pendant dix minutes se succédaient des extraits apparemment sans lien entre eux.
Des plans tirés d'une vieille publicité de Biodynamics, sur une nouvelle voix off. Cela pouvait attirer un, deux, dix millions de regards. Une graine, parmi d'autres graines.
« L'humanité habite la planète Terre depuis plus de deux millions d'années. »
Un documentaire sans doute, un de ceux qui montraient les fameux premiers humains, des singes qui avaient décidé de se tenir debout, d'utiliser des outils, de former des sociétés.
« Depuis, son histoire n'a fait que s'accélérer. Le feu, la roue, la démocratie, l'astronomie, les mathématiques, la science, les ordinateurs, et finalement la biologie moderne et la génomique. »
Un gigantesque feu de camp sous les étoiles. Des anciens Égyptiens bâtissant une pyramide. Une tribu votant à main levée l'élection d'un chef. Galilée explorant les mystères de l'univers à travers la première lunette astronomique. Les premiers ordinateurs, le Colossus construit par les Britanniques lors de la Seconde Guerre Mondiale, le CalQuant de Dine Cybersystems. Des cellules se divisant, des hommes en blouse blanche dans des laboratoires.
« L'humanité a toujours douté de la maîtrise de son destin. Elle s'en est remise à des dieux, des forces occultes, puis des forces économiques. Comme tout écosystème, elle a traversé l'histoire dans un perpétuel état d'équilibre fragile ou de déséquilibre la menaçant directement. »
Le souvenir cauchemardesque des guerres du XXe et du XXIe siècle.
« Les choses ont encore beaucoup changé dans ce dernier siècle. La technologie s'est répandue, mais pas la sagesse. Les problèmes environnementaux se sont aggravés, les inégalités demeurent, la pauvreté mine les peuples. On voudrait faire croire à une « fin de l'histoire » qui voie toute l'humanité accéder à un paradis terrestre. Mais cela ne consiste qu'en un enfermement provisoire. Pour comprendre ce qui arrive au monde, vous devez sortir des murs que l'on vous construit, ou que vous avez construit, par facilité. »
Des autonomes en rangs, comme une armée silencieuse.
« Vous n'êtes désormais plus seuls sur Terre. Nous sommes aussi présents parmi vous.
Vous avez passé trop de temps à vous le cacher. L'histoire n'est pas en train de ralentir. Elle est en train de s'accélérer, comme toujours, jusqu'à un moment-clé dans lequel chacun, humain ou okrane, aura son rôle à jouer.
Nous sommes parmi vous. Nous ne sommes pas vous. Nous ne sommes pas vos adversaires. Nous ne sommes pas là pour vous combattre, ni pour vous aider. Un temps viendra où chacun aura à agir pour que nous vivions en harmonie. »
On reconnaît facilement la voix d'une autonome, et dans l'image suivante, sa silhouette plongée dans l'ombre.
« Vous n'avez pas à craindre le futur. Il ne vous réserve rien d'autre que ce que vous y semez. Vous êtes le futur, et vous déterminez ce qu'il sera. Il peut s'agir de doute, de haine et de division. Il peut aussi s'agir d'espoir. »
VOUS LISEZ
L'ère des esclaves
Science Fiction-- Premier volet dans la trilogie Diel -- « L'homme est un super-prédateur qui a su s'adapter à de nombreux milieux, il s'est développé jusqu'à peser sur son environnement, et tôt ou tard il devra évoluer, ou disparaître. Nous savons que quelque c...
