« Vous avez essayé de stopper, avec des moyens dérisoires, un mouvement incoercible qui nous poussait vers l'indépendance. »
2120
« Bonjour.
— Bonjour. Venez, entrons. »
Edvige Shâm était tombée malade. Basil, seul, dans son bureau, se trouvait au milieu d'une tempête.
Il n'imaginait pas, un mois plus tôt, recevoir une délégation d'autonomes.
D'okranes.
Et Iruka Hidan.
Mais que pouvait faire la raison contre une flotte représentant un milliard de fois les capacités spatiales de la Terre ?
Les trois okranes, Mitchell, Maria et Kzran, furent installés dans la salle de réunion. Avec leur maquillage, les opérations de découpage de leurs oreilles, leurs colorations, on les prenait aisément pour des humains. C'était la dernière étape d'expansion du réseau Aleph : vivre en clandestinité.
Ils étaient des dizaines, des centaines de milliers de par le monde dans cette situation. Des faux humains déroulant le tapis rouge pour les machines qui collaboraient avec eux.
Basil s'assit en face.
À sa droite, Maynard Oswald, médiateur nommé en assemblée générale à l'ONU.
À sa gauche, Antoine Carpentier, directeur de la stratégie de Biodynamics.
La tension monta d'un cran lorsqu'un des figurants de la réunion aida Hidan à s'installer, du côté des okranes.
« Bonjour, répéta Basil. Bienvenue dans le siège de la direction générale du BIS. Vous savez qui je suis. Vous savez qui sont ces personnes. Parlons peut-être de vous.
— Je suis Mitchell, commandant de la cellule opérationnelle de l'Exadiel. Voici Maria, chargée de représentation et ambassadrice auprès de l'ONU désignée par l'Exadiel. Voici Kran, chef scientifique de la cellule et chargé du réseau Aleph.
— Le réseau Aleph », répéta Basil.
Le grand public avait été informé de la présence des alephs dans le système solaire. Eux n'avaient pas bougé de leur orbite martienne, hormis un appareil de très petite taille, sans doute d'exploration, qui avait cerclé autour de la Terre pendant vingt-quatre heures.
La presse se cassait la tête pour deviner l'origine des extraterrestres. Elle ignorait encore qu'ils n'en étaient pas.
Les okranes regardaient leurs interlocuteurs humains dans les yeux, avec calme et détermination. De vrais okranes politiques, si on pouvait inventer l'expression. Concentre-toi, Basil. Concentre-toi.
Une chaise grinça atrocement sur le parquet, à côté de lui. Carpentier posa ses coudes sur la table, le regard vague, cherchant ses mots. Oswald fut plus rapide.
« Nous avons besoin de nous accorder sur la situation, dit-il. D'où proviennent ces vaisseaux ?
— Les alephs ont été envoyés dans le système Raven dans les années 2070, par les tous premiers membres de l'Exadiel, sous couvert de mise en orbite de matériel satellitaire. Du fait de leur nature indépendante et évolutive, ils n'ont cessé d'étendre leur capacité industrielle et technologique, aidés par l'ensemble du réseau Aleph, ici sur Terre.
— Le réseau Aleph, murmura Basil, ne parvenant pas à se détacher de ce nom.
— Pourquoi avez-vous pris la forme d'autonomes ? dit Carpentier.
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L'ère des esclaves
Science Fiction-- Premier volet dans la trilogie Diel -- « L'homme est un super-prédateur qui a su s'adapter à de nombreux milieux, il s'est développé jusqu'à peser sur son environnement, et tôt ou tard il devra évoluer, ou disparaître. Nous savons que quelque c...