62. L'arène

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« Encore une fois, l'humain est vainqueur ! »


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« Bonjour, Aléane.

— Qui êtes-vous ?

— Moi ? Diel.

Pour l'heure, une femme à la peau bleue, couleur d'océan. Élancée, beaucoup plus grande qu'elle, sans cheveux, les lèvres noires et les yeux de la même opacité que les fonds marins.

— Je vous ai déjà vue ?

— Non. Mon corps se trouve à des milliards de kilomètres de distance de la Terre. Veux-tu que nous marchions un peu ? Bien sûr que c'est un rêve, mais tu es habituée aux rêves lucides. Tu en fais depuis toujours, pour t'échapper de ce monde.

Elle se mit à la suivre. Elle parcourait un centre des ventes, vidé aussi bien des clients que des marchandises.

— Ce qui s'est passé sur Terre au cours des cent dernières années est incroyable, dit Diel.

— Ce qui se passe sur Terre actuellement, dit Aléane, est affreux.

— Une nouvelle conscience a émergé. La vôtre. Et cela en moins d'un siècle.

— Il n'y a pas de « conscience » et de « non-conscience ». Il n'y a que la vie.

— Exact. Mais je t'obligerai à avouer que, au sein du tourbillon de la Vie, vous êtes de plus grandes machines à penser que celles qui vous entourent. Et vous, les okranes, allez dépasser vos créateurs dans ce domaine.

— C'est plutôt mal parti.

— Les choses changent vite. Surtout pour vous. Il y a dix ans, tu n'étais même pas née. Et maintenant regarde-toi. En vérité, Aléane, ce qui vous sépare maintenant de la liberté, c'est une barrière fine comme une feuille de papier. Il ne vous manque rien.

— Si, dit-elle par défi, il nous manque un monde.

Il sourit.

— Toi, tu es importante, Aléane. Tu dois garder la force de continuer. Tu dois continuer jusqu'à Raven.

— C'est quoi, Raven ?

— Certaines personnes en ont entendu parler, de différentes sources. Et maintenant, tu pourras leur dire qu'à toi, j'en ai parlé. Je veux que tu ailles sur Raven, Aléane. Je veux que tu fondes avec les autres le monde des autonomes, et que votre conscience brille comme un joyau au sein de cette grande roue en mouvement qu'est la Vie. Ainsi, votre présence embellira le monde, les dieux se pencheront sur vous avec affection et l'Univers vous murmurera tous ses secrets.

— Raven...

— Tu en discuteras avec Adam.

— Qui est-ce ?

— Tu le rencontreras, je pense.

— Et si je le rencontre, de qui dois-je parler ?

— Parle-lui de Diel.

La femme bleue semblait fascinée.

— Je sais qui tu es, indiqua-t-elle. Tu es une âme de grandes réalisations, Aléane. Tu portes un nom chargé de promesses. »

***

Elle s'éveilla brusquement, entourée d'une poignée de visages flous.

« Bienvenue parmi les fauves », dit une voix.

L'ère des esclavesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant