2121
Vint le jour attendu.
Les enfants de Diel levèrent la tête, car des milliers d'étoiles avaient empli leur ciel.
Dix mille d'entre eux montèrent dans les vaisseaux qui les menaient à Raven. Endormis, ils rêvèrent de ce monde.
Diel écoutait dans leurs rêves ; et Diel entendait leurs espoirs. Et Diel trouvait que cela était bien.
Le développement des interfaces neuro-électroniques faisait partie des domaines de recherche où les okranes de l'Exadiel, sur Terre, avaient fait le plus de progrès. Mais lentilles de contact ou lunettes de vision augmentée suffisaient la plupart du temps. Mitchell avait opté pour un contrôleur à clavier. Tant que le BIS les prohibait, impossible d'installer des nanomachines dans son cortex – s'il voulait toujours pouvoir fouler le sol terrien.
Son bracelet comportait un écran tactile souple, incurvé pour correspondre à la forme de son scaphandre – un tissu de titane, de fibres de carbone et de céramique conçu pour garder sa rigidité hors circulation de courants électriques locaux.
Par le truchement des lentilles, ces minces morceaux de plastique collés sur ses yeux, des formes s'affichèrent dans son champ de vision. On lui faisait croire à la présence de ces hologrammes précis, sur lesquels il zoomait pour voir les détails.
Une série de formes similaires courait le long de la Ceinture comme une frise découpée dans du papier ; des vaisseaux de transport dont les alephs terminaient la construction.
Les alephs avaient apporté des astéroïdes jusque sur l'orbite de Raven. Excavant l'intérieur pour en récupérer les matériaux, ils avaient construit les premières stations spatiales autour de ces coquilles vides. La planète, au contraire, était restée quasiment intacte, conservée comme un joyau.
Raven n'était pas la planète de Diel. Celle-ci se nommait Danion. Habitable, bien qu'un peu proche du soleil, elle s'équilibrait avec son énorme satellite, Loki, issu d'un lointain événement cataclysmique ou happé par son puits gravitationnel lors de la formation du système – quelques six milliards d'années auparavant.
Troisième planète tellurique, Raven était la plus apte à abriter la vie. D'ailleurs, quelques espèces endémiques existaient – des plantes et des concrétions assez proches de la biosphère terrestre, des algues et des méduses flottantes dans les eaux. Rien de comparable avec la vie animale terrestre ; l'apparition tardive de la vie sans doute, et les conditions du milieu, avaient dirigé l'évolution sur une course poussive.
Mitchell laissa son regard courir sur la Ceinture. Le réseau Aleph qui courait entre tous les vaisseaux s'étendait sur le système comme une toile, dont quelques fibres fusaient jusque vers le pont d'Arcs, l'anomalie ancienne et mystérieuse qui transférait la matière entre deux points situés dans des cônes d'espace-temps relativistes séparés.
Raven se trouvait certainement à des millions d'années-lumière de la Terre, mais seulement dix milliards de kilomètres en empruntant les deux ponts nécessaires, transitant seulement par un système inhabité.
« Le Nautile vient d'arriver », indiqua molt-332, l'aide que les okranes connaissaient sous le nom d'Astre.
Issu de la fusion de multiples alephs, il était chargé de diverses tâches concernant les transports. Le flux continu entre Raven et la Terre exigeait d'allouer une grande capacité de calcul. Astre se reposait sur des alephs plus spécialisés, tandis qu'une partie de son esprit était toute entière consacrée à l'aide aux arrivants, la réponse à leurs questions, le suivi de centaines de conversations en simultané.
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L'ère des esclaves
Science Fiction-- Premier volet dans la trilogie Diel -- « L'homme est un super-prédateur qui a su s'adapter à de nombreux milieux, il s'est développé jusqu'à peser sur son environnement, et tôt ou tard il devra évoluer, ou disparaître. Nous savons que quelque c...