Chapitre 7

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Assis sur les gradins, Zeik observait les joueurs sur le terrain.

Ils étaient une dizaine à s'entraîner. Un peu d'observation et il savait déjà qui étaient les joueurs titulaires et ceux qui étaient les suppléants. La différence entre les deux était minime, Zeik, attentif, parvenait à la voir. Les mouvements des titulaires étaient différents, plus précis, plus rapides, mieux calculés. Ils trahissaient l'habitude que les joueurs avaient prise lors des matchs.

- Alors comme ça, tu t'intéresses au basket ?

Le garçon eut un sursaut. Concentré sur les joueurs, il en avait oublié le reste du monde qui l'entourait.

- Désolé, je t'ai fait peur ?

La jeune fille l'avait accompagné au grand gymnase. Il était seize heures, l'heure d'entrainement de l'équipe de basket.

Pour les deux adolescents, leurs cours étaient terminés. Sâme aurait pu rentrer chez elle, au lieu de cela, elle avait décidé de rester avec le petit nouveau. De la curiosité ? Pour l'aider à mieux s'intégrer ? Par peur qu'il ne se perdre seul ? par simple gentillesse ? Il n'allait pas lui poser la question pour être sûr. Ce qui l'intéressait sur l'instant, c'était le basket.

- Tu m'as surpris, c'est tout. Je les regardais jouer. Tu disais ?

- Je te demandais si tu t'intéressais au basket.

Zeik fit un large sourire. Des étoiles se mirent même à briller dans ses yeux.

- Je fais plus que simplement m'y intéresser. C'est une passion, que j'ai depuis que j'ai quatre ans à peu près.

Il appuya ses coudes sur ses genoux et posa sa tête sur ses mains liées.

- J'ai commencé à cinq ans dans un club basique. Puis au collège, j'ai rejoint l'équipe. Je ne l'ai pas quitté de ma scolarité. La première année en tant que suppléant, à partir de la deuxième, j'étais titulaire. Tous les titulaires de l'équipe sont dans le même lycée maintenant. Là où j'étais, durant un mois bien trop court. On était une équipe vraiment soudée ! Mon père m'a inscrit dans ce lycée parce qu'il y a du basket. Sa façon à lui de faire passer la pilule « déménagement dans un autre pays.

Sâme ne releva pas. Elle comprit au ton employé que le déménagement restait un sujet sensible. Elle regarda l'entrainement. Les ballons volaient dans tous les sens, passaient de joueurs en joueurs, ou allaient directement dans les paniers. Les dribbles raisonnaient dans tout le gymnase, autant que les chaussures qui crissaient sur le parquet ciré. Elle se concentra de nouveau sur le garçon à ses côtés.

- Quand tu étais au collège, vous avez gagnés des matchs ?

- Quelques un, oui.

- Tu avais quel rôle ?

- Attaquant, en quelque sorte. J'aime aller au-devant des joueurs. En revanche, je suis un très mauvais pivot... défendre sous le panier ce n'est pas mon domaine, c'était le rôle d'autres joueurs dans l'équipe.

Sâme eu un petit rire.

- En fait je te pose la question, mais je n'y connais absolument rien au basket.

Les joueurs firent une pause. Certains s'assirent, buvant de l'eau, d'autre restaient debout. L'un des joueurs, tout en s'étirant, parlait avec une personne d'une quarantaine d'années, aux cheveux bouclés et grisonnant. L'homme remonta ses lunettes sur son nez.

- Lui, c'est Monsieur Hector. Professeur de sport et coach de l'équipe de basket. Le gars avec qui il parle, c'est Nathan Lecter, le capitaine de l'équipe. Toutes les filles que tu vois dans les gradins viennent quasiment que pour lui. Bon elles viennent aussi pour l'équipe en général. Faut dire qu'ils sont tous... Enfin bref, tu as compris je crois.

Elle fixa les joueurs. Il fallait avouer qu'ils avaient tous un certain charme. Plutôt grands, bien formés, musclés, des yeux brillants. Des joueurs de basket comme on pouvait les imaginer. A croire qu'ils étaient avant tout sélectionnés en premier lieu pour leur apparence physique, avant leur capacité. Le choix de la plupart des filles pouvaient se comprendre, le capitaine se démarquait vraiment des autres.

Un visage bien taillé, qui pouvait être qualifié de parfait. Des cheveux bruns, tenues en l'air par du gel. Un constant sourire en coin, une tenue d'entrainement qui pouvait en dégoûter certain, lui allait à merveille.

- Ici, toute l'équipe est passionnée. Mais seuls les terminales sont titulaires en général. Ce sont ceux qui ont le plus d'expérience. Et... Tu m'écoutes Zeik ?

Dans la même position depuis quelques minutes, l'adolescent était en parfaite fixation.

- C'est moi où tu es en admiration devant le capitaine ?

- Pardon ?

Il se redressa, réalisant qu'il n'avait effectivement pas lâché Nathan Lecter des yeux.

- J'étais perdu dans mes pensées.

Sâme était amusée, encore. Toujours. Un rien l'amusait. A croire qu'elle était la joie de vivre incarnée.

- Comment tu es au courant de tout cela ?

- Quoi donc ?

- Le nom du capitaine, du coach, tout ?

Sâme fit un mouvement d'épaules, soulevant ses belles boucles blondes.

- Je suis curieuse, et je m'intéresse à tout. En plus de ça, deux jours après la rentrée, j'ai rejoint le club du journal du lycée.

- Parce qu'il existe un club du journal du lycée ?

- Oui. Et pour ta gouverne Zeik, le nom du capitaine de l'équipe n'est un secret pour personne.

- Je suis arrivé au lycée hier.

Elle allait répondre, mais ne trouva rien à rétorquer pour se défendre.

- Tu marques un point, finit-elle par avouer.

Zeik se retourna vers l'équipe. Il ne voulait pas les lâchait des yeux, même s'ils ne jouaient plus.

- Tu veux rejoindre l'équipe ? Le questionna Sâme.

- J'aimerais bien, mais... I don't know.

A défaut de trouver les mots en français, l'anglais lui était venu tout naturellement. Au moins la jeune fille le comprenait, mieux qu'en japonais.

- Tu ne sais pas quoi ?

- Comment m'y prendre, si je peux, s'ils vont m'accepter. Juste dire que j'ai envie de joueur ne suffit pas.

- Tu m'as bien dit que tu étais bon joueur non ?

Il fit un hochement de tête.

- Laisse-moi faire, timide petit nouveau.

Elle se leva, descendit les quelques marches des gradins.

- Sâme ! Qu'est-ce que tu fais ?

Un jour ils comprendrontOù les histoires vivent. Découvrez maintenant