Chapitre 75

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Lorsqu'il sortit, Ryo Kaîda respira pleinement l'air extérieur.

- Nous rentrons tôt, fit-il remarquer à sa femme. L'ambiance ne te plaisait pas ?

- Ce genre de fête est faite pour les jeunes. Ce n'est plus de notre âge Ryo.

Il tint la porte du gymnase, pour laisser sa femme sortir.

- Pourquoi venir si ce n'est plus de notre âge ?

Yuki étira ses lèvres rouges de maquillage en un sourire.

- C'est la fête de fin d'année du lycée. En tant que professeur, j'y étais invitée, tout comme mon cher mari ! Je me suis dit que c'était aussi l'occasion de te présenter mes collègues.

Plusieurs élèves étaient dehors, les fumeurs entre autres. Yuki n'essaya pas d'imaginer ce qu'ils pouvaient bien consommer à cet instant. Il y avait de grande chance pour qu'il y ait autre chose que du simple tabac.

Elle descendit les quelques marches, suivant son mari.

- En fait, notre fils savait que nous venions ici ?

Madame Kaîda remonta la bretelle de son sac à main sur son épaule.

- Je ne lui ai rien dit. Laissons-le un peu tranquille. Tu l'as bien vu, avec Sâme. Il ne fait aucune bêtise et il a l'air heureux !

Ils traversèrent une bande enherbée, descendirent d'autres marches, pour enfin arriver au parking.

Pour monsieur Kaîda, c'était un véritable marathon. Il était mieux assis derrière son bureau, ou les deux pieds sous la table. Un vrai bon repas, voilà ce dont il avait vraiment envie. Le buffet de cette fête était loin d'être assez nourrissant pour son estomac.

- Où avons-nous garé la voiture déjà ?

- Au fond, là où il y avait de la place au moment où nous sommes arrivés.

Traverser tout le parking allait encore être du sport. Encore quelques minutes et ils y étaient enfin. Yuki monta directement à la place passagère. Ryo allait s'empresser d'en faire de même, lorsque son regard fut attiré par quelque chose, un peu plus loin, là appuyés contre un arbre. Deux personnes, enlacées, qui semblaient s'aimer.

- Zeik ?

Sa femme ressortit la tête de la voiture.

- Qu'est-ce que tu dis chéri ?

- C'est bien Zeik là-bas, non ?

Pourtant bien installé à son siège passager, les chaussures à talons déjà retirées parce qu'elles rendaient ses pieds affreusement douloureux, madame Kaîda se força à ressortir. Elle s'appuya contre sa portière.

- Où est-ce que tu le vois ?

- Là-bas, contre un arbre.

Elle regarda dans la direction indiquée par son mari.

Il était bien là, à quelques mètres seulement, dans sa tenue noir et rose. Une tenue en accord avec la robe de Sâme.

Ce n'était pourtant pas avec elle qu'il était, là, adossé à cet arbre. Il était avec un garçon. Un jeune homme trop vieux pour encore être un adolescent.

Ni l'un, ni l'autre, n'avait remarqué la présence des parents. Ils étaient plus préoccupés, concentrés sur ce qu'ils faisaient.

- Est-ce que... notre fils, embrasse réellement un autre garçon ?

Monsieur Kaîda posait la question comme si c'était la première fois qu'il voyait une telle chose.

Par colère, il claqua la portière de sa voiture. Dans sa tête, il avait déjà oublié que ce n'était pas la première fois, qu'il voyait son fils dans une telle situation. Il ne se souvenait pas du baiser donnait par Ekel à son fils, devant leurs yeux, le jour où il était rentré de sa fugue.

En le voyant là, il avait oublié tout ce qu'il s'était passé. Les discussions, les disputes, les colères, les mensonges et les excuses. Tout.

Plus rien n'existait dans son esprit face à la scène qu'il voyait. Il était forcé de constater et il n'aimait pas ce qu'il voyait.

- Zeik !

Il avait parlé plus fort qu'il ne l'aurait voulu. Ryo contourna la voiture et s'avança à grands pas du couple.

- Zeik !

Un jour ils comprendrontOù les histoires vivent. Découvrez maintenant