Chapitre 40

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- Qui t'a autorisé à jouer ainsi Zeik ?

- Je ne savais pas que j'avais besoin d'une autorisation !

Tous les garçons du vestiaire l'entouraient. Ils étaient là, lui bloquant le passage. Zeik voyait dans leur regard ce qu'ils avaient envie de faire.

- Un homo comme toi n'a pas le droit d'être meilleur que nous !

Le garçon se mordit la langue pour essayer de garder son calme.

- Quelqu'un comme toi devrait juste se rabaisser et faire profil bas !

Zeik frissonna. Il se demanda comment il allait bien pouvoir sortir de cette situation. Jamais ils ne le laisseraient partir, tout simplement, sans rien faire d'autre que lui parler. Leur ton prouvait qu'ils voulaient aller plus loin dans leur action. L'adolescent sentit une certaine peur monter en lui. Il n'aimait pas la situation.

Il ignorait comment cela allait se terminer. Ce dont il était certain, c'était que l'issue ne serait pas positive pour lui.

Il ferma un instant les yeux, se préparant mentalement à la suite.

- C'est bon les garçons, on se calme !

Zeik releva la tête et ouvrit les yeux.

Ce n'était pas la voix du professeur de sport. C'était une voix plus grave, plus granuleuse. Une voix qui ne lui était pas étrangère.

- Allez, dépêchez-vous de vous changer et sortez d'ici.

Zeik se changea, rangea son sac le plus rapidement possible. Il voulait sortir de ce vestiaire et vite, profitant de l'opportunité qui lui était offerte.

- Restes ici Zeik, s'il te plaît.

En petits groupes, ou seul, les garçons quittèrent le vestiaire. Jusqu'à qu'il ne reste plus que Zeik et celui qui l'avait sortie de cette mauvaise situation.

Monsieur Hector s'assit à côté de lui sur le banc. Le vieux coach avait un ballon de basket entre les mains.

- Comment tu vas Zeik ?

Le garçon haussa les épaules. Lui-même n'arrivait pas à déterminer comment il allait.

- Pourquoi êtes-vous là ?

- J'ai assisté à ton cours. Si mon planning me le permet, j'assiste toujours aux cours de mes collègues lorsqu'ils font le cycle basket. En tant que coach de l'équipe, je suis toujours à la recherche de nouveaux joueurs.

- Je ne vous ai pas vu dans le gymnase.

Le coach lui lança le ballon d'un geste sec et précis. D'une main, le garçon le rattrapa.

- Pourquoi as-tu quitté l'équipe Zeik ?

L'adolescent regarda le ballon qu'il avait à présent entre les mains. Il ne savait pas quoi répondre. Il ne pouvait pas dire à monsieur Hector qu'il n'avait pas eu le choix. Il ne pouvait pas lui dire qu'il avait été viré par le capitaine et tous les autres titulaires. C'était tout simplement impossible, Nathan le lui avait bien fait comprendre.

Il trouva une autre réponse, la première qui lui vint.

- Cela ne m'intéresse plus. J'ai d'autre priorité que le basket. C'est un sport qui... ne représente plus rien pour moi.

Sa voix s'étrangla. Il n'était pas crédible. Lui-même n'arrivait pas à croire ce qu'il disait.

- Je ne te crois pas.

Évidemment. Ce mensonge ne tenait tout simplement pas la route et le coach n'était pas dupe.

- Je t'ai vu jouer. Tu étais contre des personnes qui n'ont pratiquement jamais fais de basket de leur vie, pourtant tu as joué avec passion. Tu aimes ce sport Zeik. Tu ne peux pas le cacher. C'est quelque chose qui compte vraiment pour toi.

Il lui jeta un regard en coin. Il avait un léger sourire. Ce genre de sourire à la fois légèrement triste et chaleureux. Un sourire presque réconfortant.

- Je te repose donc la question. Pourquoi as-tu quitté l'équipe ?

Zeik baissa les yeux. Il ne pouvait pas dire la vérité, il ne pouvait pas mentir au coach non plus... entre les deux il décida vite quoi faire.

- Je n'ai pas eu le choix.

- Laisse-moi deviner. Nathan t'a demandé de partir ?

- Ça se pourrait...

- Le capitaine est un excellent joueur et un bon meneur d'équipe. C'est aussi un parfait crétin, trop fier pour accepter certaine chose. Pourquoi t'a-t-il demandé de quitter l'équipe ?

Zeik laissa échapper le ballon qu'il tenait.

- Très sincèrement, je ne pense pas que la question est besoin d'être posée monsieur. Il suffit d'observer et d'écouter les bruits de couloirs.

- Je vois.

Le garçon se leva, commença à se diriger vers la sortie. Il ne voulait plus continuer cette conversation, devenue trop lourde à supporter pour lui.

- Zeik, Nathan est peut-être capitaine, mais je reste le coach. C'est moi qui décide de qui peut rejoindre l'équipe, ou qui en virer. Reviens jouer quand tu veux, qu'importe ce que dit ou pense Nathan. Tu es fait pour le basket et mérite ta place dans l'équipe !

Zeik n'osa pas regarder le coach en face. Il hésita. Il en avait tellement envie. C'était une opportunité.

En même temps... L'équipe, Nathan et ses parents, ils ne voulaient pas que lui joue.

- Je... je n'ai plus le droit de jouer au basket monsieur, finit-il par dire.

Il quitta le vestiaire sans rien ajouter.    

Un jour ils comprendrontOù les histoires vivent. Découvrez maintenant