Chapitre 28

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         Zeik et Ekel marchaient dans les rues d'une ville que, depuis son arrivée, l'adolescent n'avait pas pris le temps de visiter. Au détour d'une maison, sur le chemin d'un parc, Zeik réalisa qu'il ne connaissait rien de là où il vivait à présent.

Rien, à part sa maison, son lycée et le centre commercial.

Quand la faim les prit, ils s'arrêtèrent pour manger. Quand il se mit à pleuvoir, ils s'abritèrent sous un abris-bus. Ensemble, ils séchèrent sous les mêmes rayons de soleil, revenant après la pluie. Ils échangèrent sur tout : leur vie respective, les choses qu'ils aimaient, leurs parents. Ils apprirent à se connaître un peu plus. Un nouveau pas pour leur relation naissante.

L'après-midi s'écoula sans que, ni l'un, ni l'autre, ne le réalise.

Zeik leva les yeux vers un lampadaire qui venait tout juste de s'allumer. Il regarda vers l'horizon. Le soleil n'était plus qu'une lueur rouge, offrant ses derniers rayons, avant de laisser place à la nuit.

- Et tu as prévu que je dorme où cette nuit ? Chez toi ? Ou tu me ramènes sagement chez moi ?

Ekel le regarda, tout souriant.

- Ni l'un, ni l'autre.

Une main sous le menton, il lui releva la tête. Ekel plongea son regard clair dans celui du japonais. Lui tenant toujours le bas du visage, il l'embrassa. Laissant sa langue rentrer dans la bouche de l'adolescent, mêlant leur salive, sans lui laisser le choix.

- Sauf si tiens vraiment à rentrer chez toi.

- Je crois que je ne suis pas prêt à affronter mes parents une nouvelle fois. C'est inconscient de ma part, mais emmène-moi où tu veux.

Ils étaient en pleine rue. Jusque-là, Ekel ne s'en était même pas soucié. Il prit la main du lycéen pour le guider, une nouvelle fois, dans la ville.

- Tu n'as pas peur de marcher un peu dans la nuit ?

- Tout dépend s'il y a des risques d'être attaqué, ou non.

- Ne t'inquiète pas, je te protégerais.

- Tu m'en vois rassuré.

- Allez viens !

Ils marchèrent, les minutes défilèrent, vite, très vite. Eux, quittèrent la ville.

Les champs, des arbres, le bruit des animaux nocturnes. Très vite, seule la lune éclaira leur pas. Il faisait froid. Zeik voyait de la buée s'élevait à chacun de ses souffles. C'était un environnement si différent de la ville. Pourtant, ils n'en étaient pas si loin. Le lycéen se demanda combien de temps encore ils allaient marcher, lorsqu'Ekel s'engagea sur un chemin encadré par des barrières en bois quelques arbres et des champs.

Entre les formes sombres des arbres, un premier bâtiment apparu. Une maison à étage, blanche. Elle était grande sans être exceptionnel pour autant. Aucune lumière ne brillait à l'intérieur.

Devant la porte d'entrée, une masse noire bougea. Des yeux s'ouvrirent et brillèrent dans la nuit. La masse se releva, bien dressée sur ses quatre pattes et grogna. Ses crocs blancs reflétèrent les rayons de la lune.

- Tout doux Citadelle, c'est moi.

La masse s'approcha, grande, fine, oreilles pointues. De son museau humide, le chien vint renifler les deux garçons. Sans craintes, Ekel caressa l'animal sur le sommet du crâne, pour finalement se mettre à genoux et prendre le chien dans ses bars. Zeik n'en fut pas plus rassuré.

- Où sommes-nous Ekel ?

Le jeune homme se releva.

- A la ferme de mon oncle. Je te présente Citadelle, le fidèle doberman de garde. Elle peut paraître effrayante, mais c'est un ange.

Le chien, ou plutôt la chienne, se frotta à Ekel, sans pour autant trop s'approcher de l'adolescent. Elle le regardait d'un air peur rassuré.

- Elle est assez méfiante avec les personnes qu'elle ne connait pas. Mais tant que tu es avec moi, elle ne te fera rien.

Zeik regarda la maison. Il faisait nuit, mais il était encore trop tôt pour que le propriétaire des lieux dorme déjà.

- Ton oncle n'est pas là ?

- Non, pas ce soir. Il revient demain matin je crois.

Ekel lui tira doucement la main, le tenant du bout des doigts. Ils contournèrent la maison, suivant un chemin tracé dans l'herbe à force de passages répétés.

Ils marchèrent jusqu'à une grange tout en bois.

- Ton oncle sait que tu viens ici ?

Ekel ouvrit la grande porte, juste assez pour qu'ils puissent passer et rentrer tous les deux. Il alluma une lumière, une douce lueur orangée et chaude envahit l'espace.

Un vieux tracteur dormait là, aux côtés d'outils en tout genre. Il régnait dans cet endroit une odeur de poussière mêlée à celle du foin et de la paille. Ekel sauta sur une échelle et grimpa jusqu'à un étage, là où les bottes de pailles étaient stockées.

- Viens Zeik.

Il monta à son tour.

- Mon oncle sait que je viens ici. Cet endroit, c'est ma deuxième chambre.

Au milieu des cubes de foins et de pailles, un recoin avait été aménagé. Aménagement qui tenait d'une simple couverture jetée sur du foin éparpillé au sol et d'une caisse en bois servant de table de chevet.

- Ce n'est pas le grand luxe, mais...

- C'est très bien Ekel.

Les deux garçons se sourirent. Celui de Zeik fut gâché par un frisson qui lui traversa tout le corps.

- Tu as froid ?

- Un peu oui, avoua-t-il.

- Viens sous la couverture.

Contre toutes attentes, le matelas improvisé était plus confortable qu'il n'y paraissait. Zeik se réfugia sous la couverture. Sa douce chaleur était agréable, pas autant que celle du corps d'Ekel installé près de lui.

Dans les bras de cet étudiant, Zeik oublia tout simplement tout. Ils s'étaient parlé pour la première fois la veille seulement. En cette fin de journée, il était avec lui, allongé sur de la paille. Ils avaient passé une nouvelle après-midi ensemble, Zeik acceptant le fait que l'étudiant voulait vraiment l'aider et pas simplement jouer et se moquer de lui. Avec lui, il se sentait bien et cela suffisait pour ne pas se poser plus de questions.

Un jour ils comprendrontOù les histoires vivent. Découvrez maintenant