Chapitre 51

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- En étant avec Sâme, tu ne fais que te cacher. Tu ne t'avoues pas à toi même ce que tu es.

- Si je ne me l'avouais pas, tu crois que j'aurais couché avec toi ? Tu crois que je serais ici ce soir ?

Ekel se retourna et regarda le plafond. Dans le noir, il ne voyait pas grand-chose, mais cela lui permettait de perdre plus facilement son regard dans le vide.

- Je te l'accorde. Quand tu es avec moi, tu t'acceptes, mais au reste du monde tu ne fais que te cacher !

- Je me suis toujours caché, depuis des années, parce que j'avais peur du regard des autres. J'avais raison de le faire. Regarde ce qu'une erreur m'a fait endurer !

- Une erreur t'a fait vivre un cauchemar. Tu n'as pourtant pas raison de te cacher. Il faut que tu t'affirmes Zeik. Il faut rester nous même, si on veut être accepté par le reste du monde !

- Ce n'est pas facile.

- Je sais.

A son tour, Zeik vint se coller à Ekel. Il posa sa tête sur le torse nu du garçon. Il entendait ses battements de cœur. Ils étaient si calmes et réguliers, alors que ceux de l'adolescent allaient à cent à l'heure.

- Le jour où je me suis fait tabasser, c'est Mickey qui m'a retrouvé.

Le cœur d'Ekel s'accéléra, perdant se rythme apaisant. Zeik posa une main sur son torse. Du bout des doigts, il caressa la peau pâle du jeune homme. Une manière de le rassurer, de calmer ce rythme cardiaque qui s'était emballé d'un seul coup.

- Il m'a parlé de toi ce jour-là.

Ekel baissa les yeux vers lui.

- Qu'est-ce qu'il t'a dit ?

- Tu me ressemblais avant. A une époque, toi aussi tu te cachais. Tu es passé par le même enfer, notamment à cause d'une rupture. C'est après cette mauvaise période que tu as cessé de te cacher et tu t'es affirmé pleinement comme tu étais.

- C'était la seule chose qu'il y avait à faire.

- Mais à ce moment-là, tu ne t'attachais à personne. Comme tu me l'as dit la première nuit qu'on a passé ensemble... la plupart n'étaient que des coups d'un soir...

Zeik sentit l'étudiant hausser les épaules. Évoquer son passé ne lui faisait, vraisemblablement, ni chaud ni froid.

- Je n'étais pas un garçon parfait, et je sais que j'ai fait beaucoup d'erreurs.

- As-tu brisé des cœurs ?

- Certainement quelques-uns oui... Où veux-tu en venir Zeik ?

Malgré ses caresses, les battements de cœur d'Ekel gardaient la même allure accélérée. Ils ne se calmaient plus, ils étaient même en parfaite synchronisation avec ceux de l'adolescent.

- Mickey semble vraiment bien te connaître... il affirme que je suis spécial pour toi.

- Il a raison...

- On ne se connaît que depuis le mois de janvier. Dès la première rencontre, on s'est embrassé. La première nuit, tu m'as dit que j'étais différent. Comment tu pouvais le savoir ? Et... pourquoi tu me trouves si différent ?

Zeik eut peur du temps qu'il mit à réponse. Dans sa tête, il s'imaginait la réponse venant tout de suite. Il se rassura en se disant qu'Ekel cherchait les mots les plus justes pour le convaincre.

- Au-delà du fait que je te trouve irrésistiblement attirant, je pense que ce sont nos ressemblances qui m'attirent chez toi.

L'étudiant glissa une main dans son dos et se mit à le caresser, doucement, agréablement.

- Ta timidité m'a attiré. La manière que tu avais de m'observer en secret et de détourner le regard pour ne pas croiser le mien. Puis ce qu'il s'est passé... cette fois-là, dans le local d'art, tu avais l'air perdu, seul... tu avais besoin de quelque, ça se voyait. Je me suis facilement retrouvé à travers toi. Ce que tu as traversé, ce que tu as ressentis. Tout cela fait que... je ne peux tout simplement pas te laisser seul.

- Tous ceux avec qui tu as couché n'avais pas cela ?

- Non. Je ne dis pas que nous sommes les deux seuls gays à avoir eu un mauvais passage. Il y en a malheureusement plein d'autre. Mais je ne les cherchais pas. Ceux avec qui j'ai couché étaient... comment dire... des bad-boys plus âgés ? Je ne voulais pas m'accrocher, à qui que ce soit. Alors je faisais en sorte que cela n'arrive pas. J'allais dans des endroits où les sentiments ne comptais pas...

- Jusqu'à quand as-tu fais ça ?

Ekel fit un sourire.

- Jusqu'à toi. Tu étais là, devant moi, je n'avais pas le choix. Je ne pouvais pas t'ignorer.

- Un véritable coup de foudre alors ?

- Un coup de foudre oui, comme je te l'avais dit la première fois.

Zeik remonta un peu pour aller l'embrasser.

- La différence d'âge ne te fait pas peur ? J'ai quatre ans de moins que toi et je suis encore mineur pour le moment.

- Elle ne me fait pas peur. Quand on aime, on ne compte pas. Et dans quelques années, cette différence ne se verra plus. Pourquoi ? Toi elle t'effraie ?

- Je ne sais pas...

Zeik rigola.

- On dirait le scénario bateau d'un film romantique.

- Un film où nous sommes les beaux acteurs principaux !

L'adolescent laissa sa tête retomber.

Dans cette position, il servait plus de couverture à Ekel, que les couvertures elles-mêmes.

Il était bien, et cela lui suffisait pour s'endormir profondément. Un sommeil calme et plein de rêves qu'il n'avait pas fait depuis longtemps. Des rêves sans lycée, sans parents et sans tous les problèmes quotidiens.

Des rêves avec juste Ekel et lui.

Un jour ils comprendrontOù les histoires vivent. Découvrez maintenant