Chapitre 27

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  La maison était silencieuse.

Un silence pesant, presque effrayant. Zeik était tout seul dans cette grande maison. Il jeta un coup d'œil à son téléphone. Déjà dix heures quarante. Il avait mal dormi à cause d'un cauchemar. Il l'avait hanté toute la nuit, jusqu'à le réveiller.

Dans ce dernier, ses parents le battaient et le rejetaient, Ekel, tout juste rencontré, partait et l'abandonnait, ses amis, Sâme, lui tournaient le dos. Il se retrouvait seul.

Douloureusement seul.

Zeik ferma les yeux et chassa ces images de sa tête. Il y avait une part de vérité en elles, et il ne voulait pas y penser.

Ce silence le faisait tourner en rond. Toutes les portes donnant sur l'extérieur étaient verrouillées. Il ne pouvait même pas aller dans le jardin. Enfin, s'il le voulait vraiment Zeik pouvait sortir. Il y avait toujours les fenêtres. Fermer les portes n'était qu'une manière pour ses parents de dire que mettre un pied dehors allait contre leur volonté. Il jeta un coup d'œil vers l'extérieur.

Sortir et faire quoi ?

Il n'y avait rien dehors qui l'attendait.

Onze heures.

Ses parents étaient allés jusqu'à débrancher la télévision et cacher les fils pour l'empêcher de la regarder. N'était-ce pas exagéré ?

Que cela soit dehors, ou dans sa maison, il n'avait rien à faire. Zeik s'ennuyait, tout simplement.

Onze heures trente.

L'adolescent se décida enfin à quitter le canapé, dans lequel il était assis depuis plus d'une demi-heure, devant un écran noir. Il fit l'effort d'aller jusqu'à la salle de bain. Il était fatigué et n'avait rien envie de faire.

Assis sous l'eau trop chaude, le dos et la tête appuyé contre la paroi de la douche, il essayait d'oublier. Ne penser à rien. C'était plus difficile que ce qu'il croyait. Il n'y arrivait tout simplement pas.

La bagarre, son exclusion, certes temporaire, cette haine, ses parents, leurs mots. Tout était bien là, gravé dans sa mémoire. Y repenser lui faisait presque ressentir de nouveau la douleur causée par les gifles de son père. Les yeux fermés, il avait même l'impression d'en prendre une nouvelle.

D'un geste las, il attrapa le shampoing. Il en fit couler, beaucoup trop. Il se serait retrouvé dans un bain, il aurait disparu sous la mousse. Un amas de bulles tomba dans sa main. Comme un enfant, il se mit à jouer avec. Ces bulles de mousse éclatèrent les unes après les autres. Il se frotta, en créa de nouvelles.

Une sonnerie le tira de ses jeux de gamins et de ses pensées.

Zeik eu un moment d'arrêt.

Elle retentit une nouvelle fois. Ce n'était pas son téléphone. L'eau rinça tout le shampoing.

Encore une fois, la sonnerie.

Il sortit de sa douche, se sécha rapidement. Cette sonnerie insistait. La porte d'entrée, c'était la sonnette. Il n'attendait pourtant personne. Cela ne s'arrêtait plus. Zeik ne prit pas le temps de s'habiller. Il enroula une serviette autour de la taille. A peine couvert, il descendit, alla jusqu'à la porte d'entrée, voulu l'ouvrir. Son geste resta en suspens. Elle ne s'était pas déverrouillée durant la douche et il n'avait toujours pas les clés.

Elle resta donc bien fermée.

- C'est vrai...

Il chercha la fenêtre la plus proche. Le salon. Il l'ouvrit pour voir l'extérieur.

Un jour ils comprendrontOù les histoires vivent. Découvrez maintenant