Dernier Chapitre

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Zeik marchait entre les allées. Il n'était venu ici qu'une seule fois, pourtant, il n'avait pas oublié le chemin à suivre.

Dans ce vaste espace, quelques cerisiers offraient de l'ombre. La saison faisait qu'ils n'avaient plus aucune fleure, ils n'en restaient pas moins majestueux.

Au fur et à mesure qu'ils marchaient, Zeik s'accrochait un peu plus à la main d'Ekel.

Les pierres tombales s'alignaient les unes après les autres. Toutes d'un gris plus ou moins différent, allant du presque blanc, à un gris foncé presque noir.

L'adolescent regardait les noms gravés sur les pierres. Noms que, entre les deux garçons, seul lui pouvait lire et comprendre. Pour Ekel, ce n'était que des symboles japonais, élégants et incompréhensibles.

Ils étaient bientôt arrivés. Zeik le savait, Ekel le sentait. L'adolescent devenait de plus en plus tendu, à chaque pas, il perdait de son sourire, de sa joie, de son rayonnement. Tellement qu'il en tremblait.

Enfin, il s'arrêta.

Zeik baissa les yeux vers une pierre tombale grise et simple. Elle se trouvait juste à côté d'un tronc de ces fameux cerisiers. Ce dernier était petit par rapport aux autres du cimetière.

Zeik s'agenouilla devant la tombe, il se mit à murmurer en japonais.

Une larme silencieuse coula, suivit de plusieurs autres. Ekel n'osa rien dire, le laissant tranquille. Ce qu'il faisait, il en avait besoin et l'étudiant ne voulait pas le déranger.

Sans le regarder, essayant de dissimuler sa peine, Zeik reprit la parole.

- C'est la tombe de Sayake, finit-il par dire. Sa sœur m'a dit où elle était avant que je ne parte pour la France... Je n'ai pu venir ici qu'une seule fois. Cette fois-là, je n'ai pas eu la force de lui dire au revoir. J'avais...

Un sanglot lui coupa la parole. Il sécha une larme, tenta de reprendre d'une voix qui ne tremblait pas.

- J'avais besoin de venir ici, de le voir, lui dire ce que je n'ai pas pu avant...

Il sentit la main réconfortante d'Ekel sur son épaule.

- Il est mort sans que ses parents ne sachent réellement pour lui. Il n'a jamais trouvé le bon moment pour leur dire.

Zeik se releva, essuya les larmes qui coulaient sur ses joues.

- Il avait peur de la réaction de ses parents... Tout comme moi.

- A présent, tes parents sont au courant.

- Oui, ils le sont... ce n'est pas pour autant qu'ils l'acceptent... que mon père l'accepte. Il... il ne le fera jamais.

Ekel le prit dans ses bras et plongea son regard dans le sien.

- Ton père... Toutes ces personnes qui t'ont fait vivre un enfer... ce ne sont pas elles qui dictent ta vie ! Ne change pas pour eux !

Il ne lâchait pas le plus jeune du regard, il ne brisait pas le contact qu'il y avait entre eux.

- Ton père, tous les autres, un jour, ils comprendront, crois-moi !

Le cimetière était vide et silencieux. Personne pour les voir, personne pour leur reprocher quoi que ce soit. Devant la tombe de la première personne qu'il avait aimée, Ekel l'embrassa. Il le fit avec tout l'amour qu'il avait pour l'adolescent, avec toute sa passion et toute sa tendresse

Il voulait lui dire qu'il n'était pas seul, qu'il serait toujours avec lui quoi qu'il arrive.

Avec un amour sincère, les larmes diminuant, Zeik lui rendit son baiser.

Il l'aimait. Ils s'aimaient.

- Ils comprendront...

La promesse avait était murmurée. Une brise de vent vint la saisir et l'emporter au loin, ne laissant plus que deux personnes amoureuse, s'embrassant sous un cerisier en feuilles...

Un jour ils comprendrontOù les histoires vivent. Découvrez maintenant