Chapitre 36

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Zeik essaya d'ignorer la douleur.

Il avait toujours su que son père avait un côté violent, jamais avec lui. Là, entre le jour où il leur avait dit et cette soirée, Ryo l'avait déjà frappé cinq fois. S'il avait le malheur de dire le moindre mot de travers, voir le moindre mot tout court, la gifle claquait. Son père était prêt à lui en mettre une nouvelle à chaque instant.

L'adolescent se frotta la joue. Il ignorait que la douleur d'une simple gifle pouvait être ainsi. Contrairement à d'autre souffrance physique qu'il avait pu ressentir, celle-ci, il ne l'aimait pas.

- Qui est-il ?

- Personne.

Il sentit de nouveau la main de son père sur son visage. Zeik chercher l'aide de sa mère du regard, sans la trouver. Yuki Kaîda restait en retrait, les yeux baissés. Elle écoutait sans regarder. En fait, elle n'osait pas le faire, elle n'osait pas intervenir, s'interposer devant son mari furieux.

- Qu'est-ce que vous avez fait ? Qu'est-ce qu'il t'a fait ?

- Beaucoup de chose !

- Ne me dit pas que...

- Si on l'a fait. Et j'ai bien dit « on ».

Zeik avait élevé la voix. Contre son père, c'était la première fois.

- J'étais consentant. Durant ces trois jours, j'ai voulu tout ce qu'il s'est passé.

- Et tu vas me dire que tu l'aimes, c'est ça ?

- Oui je...

Zeik s'arrêta.

L'aimer.

Ekel.

Il n'avait jamais réfléchi à cette question.

Il avait aimé Sayake. Durant deux ans. Un amour construit lentement, au fil des jours, des mois, des années. Un amour qui c'était terminé de façon trop brutale.

Ekel, il le connaissait depuis quelques jours à peine. Ils avaient fait beaucoup de chose ensemble, mais au fond, il ne le connaissait pas tant que cela. Il n'était même pas allé chez lui à proprement parlé.

Alors pouvait-il dire qu'il l'aimait ? Qu'ils s'aimaient ?

Zeik ne le savait pas.

- Tu es mineur Zeik !

Il baissa les yeux. Ekel lui avait parlé de « coup de foudre », son père, en un instant, avait réussi à lui mettre le doute.

- Tu n'es qu'un gamin irresponsable Zeik ! Tu ne sais même pas ce que tu fais... Tu... Tu es inconscient ! Tu ne peux pas être comme ça. Tu n'es pas comme ça ! Je ne sais pas ce que tu cherches à nous prouver...

- Je ne cherche rien du tout !

Une nouvelle claque. Le garçon sentit la peau de sa joue picoter.

- Je ne t'ai pas autorisé à répondre ! Je ne veux plus t'entendre. Pas tant que tu auras cette attitude. Nous attendons toujours des excuses. La seule chose que je veux entendre de toi, ça sera un pardon et des explications de pourquoi tu es parti et pourquoi tu as menti !

- Je n'ai pas menti...

- Je ne veux rien d'autre que des excuses, Zeik !

Ryo regarda un instant sa femme derrière lui, puis se concentra de nouveau sur son fils.

- Il va vite falloir que tu changes cette attitude. En attendant, plus de sortie, plus d'ordinateur, de portable, de basket, d'amis. Plus rien, jusqu'à ce que tu changes et que tu viennes t'excuser et avouer ! Tu partiras le matin au lycée avec ta mère, tu rentreras avec elle et tu mangeras avec elle le midi.

- Je ne peux pas même pas voir Sâme ?

- Pas tant que tu seras... Ainsi.

- Tu me demandes de renier ce que je suis ?

- Tu n'es pas un de ces foutus homo Zeik, rentre-toi cela dans la tête ! Tu ne cherches qu'à te faire remarquer en inventant cette histoire !

- Même en l'ayant vu tu n'y crois pas ?

- Cesse de te rendre intéressant et de nous provoquer, c'est pas comme ça que tu obtiendras ce que tu veux. En attendant, je ne veux plus te voir Zeik !

En courant, l'adolescent alla s'enfermer dans sa chambre. Une chambre qui avait déjà été vidé de tout ce à quoi il n'avait plus droit. Son père avait été prévoyant, il avait eu trois jours pour l'être. Même son ballon signé par ses amis du Japon, il n'était plus là, ils lui avaient pris.

Zeik se laissa tomber sur son lit. Dans le noir, il laissa les larmes couler. Il ne voulait pas les retenir. C'était inutile, elles avaient besoin de sortir.

Dans cette chambre vide et froide, la chaleur d'Ekel lui manqua.

Fin De La Partie 2

Un jour ils comprendrontOù les histoires vivent. Découvrez maintenant