Chapitre 55

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Zeik prit une place sur les gradins. L'une des dernières rangées, vers le haut. Les sièges en plastique n'étaient pas confortables, durs et usés par le passage des nombreuses personnes venues s'asseoir ici.

- Tu n'étais pas obligé de m'accompagner Sâme.

La jeune fille s'installa à côté de lui, une boîte de pop-corn à la main. Elle en enfourna plusieurs dans sa bouche avant de lui répondre.

- Qui a dit à ses parents qu'il était encore avec moi ce week-end ? Tu avais peur qu'ils refusent de te laisser assister au match, seul, si tu leur demandais ?

- Non, mes parents sont simplement ravis de savoir que je passe mes week-ends avec ma petite amie, surtout après... ce qu'il s'est passé. Je leur donne ce qu'ils aiment.

Il piocha dans les pop-corn de la jeune fille. Elles étaient sucrées, au caramel, cela faisait longtemps qu'il n'en avait pas mangé de pareil. Il savait que la jeune fille les avait faits elle-même, cela les rendait encore meilleurs.

- Je peux te poser une question Zeik ?

Il lui fit signe de poursuivre.

- Pourquoi tenais-tu absolument à voir ce match ? Ce même match que tu as refusé de jouer.

Zeik regarda les deux équipes s'échauffer. Celle du lycée, dans leur maillot noir et rouge, leur adversaire, de l'autre côté du terrain. Leurs propres couleurs étaient le blanc et le rouge.

Une couleur opposée, l'autre identique. Le match allait être difficile. C'était loin d'être une victoire assurée pour l'équipe du lycée. Nathan Lecter le savait aussi. Zeik le voyait, tendu, sur le terrain. Il était concentré sur ce qu'il faisait, plus que d'habitude.

- Je tenais à être présent. D'après le coach, ils ont perdu deux fois contre eux l'année dernière. Cela, malgré la super réputation de terreur de Nathan.

Sâme eu un sourire amusé, et avala un autre pop-corn.

- Alors en fait tu es là pour voir le capitaine perdre ce match.

Il haussa les épaules.

- Il y a peut-être de ça, en effet.

Zeik baissa les yeux vers leurs pieds.

- Le sac de sport, c'était seulement pour transporter ta boîte de pop-cornes ?

Cette fois ce fut elle qui eut un haussement d'épaules.

- Va savoir.

Elle lui fit un large sourire et n'ajouta rien à ce sujet.

Les gradins se remplissaient de plus en plus. Des élèves du lycées, des parents, des supporters de l'autre équipe. Le match allait bientôt débuter.

Zeik posa ses coudes sur ses genoux, sa tête sur ses mains jointes. Sa jambe droite bougeait nerveusement.

- C'est le match qui te fait autant stresser ?

L'adolescent ne répondit pas. Il se mit même à se ronger les ongles.

- J'ai eu peur d'arriver en retard !

Zeik leva les yeux. Lorsqu'il vit Ekel prendre la place libre à sa gauche, il se détendit. Sa jambe cessa de bouger d'elle-même.

- Tu aurais pu me dire où tu étais ! J'ai fait les gradins de long en large avant de te retrouver.

- Achète-toi des lunettes, je suis à l'endroit où il y a le moins de monde dans ces gradins.

Ekel regarda autour de lui, réalisa le nombre de places vides, par rapport au reste des gradins, plus bas.

- C'est vrai...

A côté, Sâme mangeait ses pop-corn, un sourire trop large au visage pour passer inaperçu. Elle était amusée et n'arrivait pas à le cacher.

- Je comprends mieux pourquoi tu voulais allez voir ce match seul en fait.

Elle tendit sa boîte de friandise au nouvel arrivant.

- Bonjour Ekel.

- Bonjour Sâme.

Il accepta les pop-corn et en prit une petite poignée.

- Je vous préviens, interdiction de faire quoi que ce soit ici !

Le couple se regarda, apparemment assez amusé par la remarque de la jeune fille.

- Je ne ferais rien Sâme. J'ai une couverture d'hétéro à conserver !

- Une couverture qui ne tiendra pas longtemps, lui murmura Ekel à l'oreille.

Sans lui répondre, Zeik le repoussa délicatement. Au même moment le match débuta.

Comme tous les spectateurs, monsieur Hector n'en perdait rien. Le coach était assis sur le banc, à côté des suppléants de l'équipe. Il n'était pas plus rassuré que le capitaine quant à l'issu de ce match.

Antoine Morhem avait pris la place vacante de titulaires. Zeik l'avait déjà vu s'entraîner. C'était un bon joueur qui avait débuté le basket il y a trois ou quatre ans. Monsieur Hector avait fait le bon choix en choisissant lui plutôt qu'un autre. Antoine était certainement le meilleur parmi les remplaçants.

Une minute et demie de match, et le premier panier fut marqué. Un trois points rapide de Nathan qui fut applaudis par le public.

- Notre équipe commence bien.

Zeik lâcha un soupir.

- Ce panier ne veut rien dire. Le match ne fait que commencer.

- Bien sûr, mais c'est un bon début.

Les joueurs courraient sur tout le terrain. La défense des deux équipes était solide, tout comme leur attaque. Le premier quart temps ne fut qu'une confrontation d'attaque et une guerre des points. Aucune équipe ne voulait céder de terrain à l'autre. La plupart des paniers aboutissaient et donnaient des points aux équipes.

Après dix minutes, les scores étaient de douze à quinze, pour l'équipe du lycée.

- Ils gagnent le premier quart temps, fit remarquer Sâme. L'équipe de Toulouse ne semble pas aussi forte que tu le disais. Ce n'est peut-être pas aujourd'hui que tu verras Nathan se faire ridiculiser.

Zeik ne quittait pas le terrain des yeux.

- Je n'en suis pas aussi certain que toi Sâme.

- Qu'est-ce qui te fais dire cela ? S'intéressa Ekel.

- Il suffit d'observer l'attitude de l'autre équipe. Le niveau de fatigue notamment. « Notre » équipe est déjà en sueur, trop pour un premier quart temps. L'autre équipe met une pression énorme sur le terrain. Ils ont lancé une guerre des points pour les fatiguer, tout en économisant leur propre énergie. Une stratégie relativement efficace. Leur attaque, comme leur défense sont très bonnes aussi.

- Comment font-ils pour mettre la pression ?

Zeik regarda l'équipe du lycée Sud-Toulousain.

- Dans leur défense surtout, et la manière dont ils bloquent les joueurs. C'est une défense lourde, qui laisse peu d'échappatoire. Une défense qui les force à se dépasser, pour y arriver. Résultat, ils utilisent beaucoup d'énergie pour parvenir à faire quelque chose.

- Tu as dit que c'était une défense qui laissait peut d'échappatoire, pourtant notre équipe a marqué plusieurs paniers et gagne le premier quart temps ! Fit remarquer Sâme.

- Parce qu'ils l'ont laissé faire. Ils mettent la pression, laisse passer pour donner de l'espoir. Mais ce n'est qu'un début, leur défense va se renforcer dans la suite du match. Là, cela deviendra presque impossible de passer. Ajoute à ça la fatigue que ressente les joueurs principaux, peu de panier seront marqués à présent. Regardez dans le second quart temps.

L'arbitre siffla. Les deux équipes retournèrent sur le terrain. Les adversaires eurent le ballon.

Monsieur Hector avait remplacé un joueur par un autre, Sylvain par Louis.

Un jour ils comprendrontOù les histoires vivent. Découvrez maintenant