Chapitre 62

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Sâme alla à l'arrière du lycée. Elle avait le nez dans une écharpe et les mains dans des gants de laine. Il faisait encore froid, elle n'aimait pas le froid. Il lui tardait l'été. Le soleil, la plage, bronzer allongée sur une serviette, elle ne rêvait que de cela.

A la place, elle se retrouvait au lycée, dans un froid printanier, sous un ciel gris, à attendre une personne qui tardait à arriver.

- Je peux te poser une question Sâme ? Demanda Léana.

- Même si la réponse est non, tu vas la poser ta question, alors vas-y.

- Qu'est-ce que nous faisons là exactement ?

Sâme lâcha un petit soupir.

- C'est ici que l'on s'est donné rendez-vous avec Zeik, à chaque fois qu'il rentre de ses week-ends amoureux avec Ekel. Personne ne vient à cet endroit et personne n'y fait attention non plus. Comme ça on donne l'impression d'arriver ensemble.

- Le parfait petit couple inséparable... Tu m'exaspère Sâme.

La jeune fille ne releva pas la remarque de son aînée.

- Je peux te poser une question à mon tour Léa' ?

- Je t'écoute.

Sa sœur sortit un mouchoir, s'essuya le nez. Avec ce temps, elle avait certainement attrapé un rhume.

- Pourquoi tu es là, avec moi, au lycée ?

Léana fit un large sourire, et rangea son mouchoir.

- J'avais envie de voir en vrai le garçon qui fait chavirer le cœur de ma sœur.

Sâme leva les yeux au ciel.

- Ce n'est pas lui qui arrive ?

La jeune femme montra un couple du doigt, qui marchait de l'autre côté de la grille.

- Si, c'est lui.

Zeik longeait la grille, à l'extérieur de l'enceinte du lycée. Il cherchait l'endroit le plus simple à escalader.

- Il passe souvent par-là ?

- Je te l'ai dit, à chaque fois qu'il rentre de week-end avec Ekel et qu'il est censé être avec moi. C'est surtout pour éviter sa mère. Elle travaille ici, comme professeur d'anglais.

- Pas facile...

Sa grande sœur ressortit un mouchoir. Son nez ne la laissait pas tranquille.

- Tu devrais demander à la direction d'installer un portillon, cela serait nettement plus pratique.

- Très drôle Léana, vraiment.

Zeik passa du bon côté de la grille, Ekel à sa suite. Ils regardèrent les deux sœurs. Ils se murmurèrent quelque chose, trop bas pour être entendu par les filles. Zeik se laissa tomber dans les bras de l'étudiant. Ce dernier lui releva légèrement la tête, l'embrassa.

Ni l'un, ni l'autre ne se souciaient de la présence de Sâme et de Léana, alors même qu'ils ignoraient encore qui était cette dernière.

Leur étreinte amoureuse dura.

- C'est...

- Je t'interdis de faire la moindre remarque Léa' !

- J'allais simplement dire que c'était la première fois que je voyais deux mecs s'embrasser comme ça, avec autant de passion en plus.

- Tu n'avais jamais vu de gays avant ?

- Disons que je ne m'y suis jamais vraiment intéressée.

Zeik ne voulait pas quitter les bras de son copain. C'était clairement visible. Leurs mains restaient liées, leur corps collé l'un à l'autre.

- Cela va durer encore longtemps ?

- Léa' !

- Je ne dis plus rien, c'est compris. Préviens-moi quand Roméo aura laissé... son Roméo partir.

La plus grande, les mains dans les poches, se retourna. Elle fit mine de s'intéresser à la peinture, qui s'écaillait, du bâtiment qu'il y avait là.

- Tu veux que je te dise quelque chose ma chère petite sœur ? Demanda-t-elle, toujours le dos tourné.

- Je suis tout ouïe.

- Je pense que tu n'auras jamais le cœur de ce japonais. Regarde, ils s'aiment comme pas possible et il est et restera bel et bien gay.

- Merci de le rappeler.

Les cours allaient bientôt débuter. Un dernier baiser et ils se séparèrent. Ekel partit d'un côté, Zeik rejoignit Sâme.

- Bonjour.

- Bonjour Zeik.

Léana se retourna enfin. D'un regard rapide, elle jugea le japonais, avant de lui tendre une main. Zeik regarda cette main tendue vers lui, puis la personne à qui elle appartenait.

- Je suis Léana, la grande sœur de ta fausse petite amie.

- Léa', s'il te plaît !

La jeune femme eu un sourire amusé.

- Bon je vous laisse. Il me semble que des cours vous attendent.

Elle tapota l'épaule de sa sœur.

- N'oublie pas ce que je t'ai dit hier, petite sœur.

Un mouchoir sur le nez, elle s'éloigna et les laissa là tous les deux.

- Elle a l'air gentille, fit remarquer Zeik.

- Elle l'est. On y va ? Ça va sonner.

Le jeune homme réajusta son sac sur l'épaule.

Main dans la main, ils rentrèrent dans le bâtiment.

Un jour ils comprendrontOù les histoires vivent. Découvrez maintenant