Chapitre 24

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- Alors, j'ai raison ?

Zeik ne savait plus où regarder.

- Je l'ai dit à deux amis, en pensant pouvoir leur faire confiance, mais j'ai eu tort.

- Et maintenant tout le lycée est au courant. Tout le monde te regarde, tout le monde rigole, a peur, ou est dégoûté. Tu es vu comme une personne anormale...

L'étudiant reposa son appareil sur ses genoux.

- Tu es là parce que tu ne supportes plus tous ces regards et mots que tu peux entendre.

Au fur et à mesure qu'il parlait, il perdait de son sourire.

- Ils se disent lycéens, mais ne sont tous que des gamins. Leur attitude le prouve. Cet article le prouve.

Il eut un rire nerveux.

- Comment ? Questionna Zeik.

- Pardon ?

- Comment sais-tu tout cela ? Ou comment le devines-tu ?

Il reprit son appareil photo.

- Je fais des études en art, avec une option photographie. Je passe mon temps à observer ce qui m'entoure, cherchant le détail à immortaliser. Il m'a suffi d'être un peu observateur, pour voir ce qu'il se passait juste devant mes yeux.

Il arrêta d'appuyer sur les touches de son appareil. Fixé sur l'écran, son sourire revint. Une photo qui lui plaisait certainement.

- Tu sais, tu n'es pas très discret.

- Pourquoi ?

- Avant même que l'article ne sorte, je savais pour toi. Nous sommes là depuis peu, mais à chaque fois que j'étais au lycée et que tu étais là, je me sentais observé. Je t'ai vu me regarder de loin, comme la toute première fois, dans la cour. Tu me regardes comme une personne observe l'être qu'elle désire.

Zeik sentit son visage rougir jusqu'aux oreilles. Cette fois, ce n'était pas à cause de la colère ou des larmes.

- Ne rougis pas. Je m'en sens plutôt flatté.

Un silence s'installa.

Cet étudiant venait de lui étaler toute la vérité en l'espace de quelques minutes à peine. Ils ne se connaissaient pas, pourtant, il n'avait fait aucune erreur.

Comment ? Pourquoi ?

- Pourquoi me pales-tu ?

- Je n'en ai pas le droit ?

- Si. C'est juste que... depuis ce matin, dès que quelqu'un me parle, c'est pour se rire de moi. Ils ne me parlent que pour mieux me jeter. Les rires, la haine... Ils me voient tous comme un monstre. Comme si j'étais le seul comme ça...

Ses yeux s'embuèrent de nouveau.

- Toi, Tu me parles différemment. Tu ne fais que... relever ce qu'il s'est passé sans...

- Sans te rejeter ? Sans te haïr, rire, ou te voir comme un monstre ?

Zeik hocha la tête.

- Je n'ai aucune raison de le faire. Je dirais même que... je te comprends. Je sais ce que tu vis, et je comprends pourquoi tu te caches. J'ai vécu la même chose.

Les larmes séchèrent.

Zeik avait bien entendu ?

- J'étais au collège quand cela m'est arrivé.

Un jour ils comprendrontOù les histoires vivent. Découvrez maintenant