Chapitre 46

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Zeik, allongé sur son lit, écoutait.

Si ses parents se croyaient discrets, ce n'était pas le cas.

En rentrant du lycée plus tôt, il était directement allé se coucher et avait dormis. Un sommeil léger et agité, qu'il aurait voulu plus calme et profond.

C'était leur conversation qui l'avait réveillé.

Ils étaient tous les deux dans le couloir, à quelques pas seulement de sa chambre.

Ne pouvaient-ils pas parler moins fort et plus loin ?

Ils parlaient de lui, sa mère expliquait, sans vraiment savoir ce qu'il s'était passé. Tous deux étaient sur le point de se disputer. Ils avaient une divergence d'opinion. Pour une fois, sa mère était de son côté. Elle prenait sa défense, enfin ! Elle avait le courage de tenir tête et de contredire son mari.

- Il s'est fait frapper Ryo ! Des jeunes, de son âge, lui sont tombé dessus !

- Et alors ?

- Et alors ? Tu es allez le voir ? Tu as vu son état ?

- Non, pas encore.

- Il aurait pu finir à l'hôpital !

Sa mère avait raison.

Mike et les autres étaient prêt à continuer, alors que le sang coulait déjà et qu'il était recroquevillé sur lui-même.

La seule chose qui l'avait sauvé, c'était la sonnerie, l'appel des cours. Et encore, même en courant, ils étaient certainement arrivés en retard.

- Zeik est responsable de ce qu'il lui arrive.

- Responsable ? Tu crois qu'il a demandé à se faire frapper ?

- Ce n'est pas ce que j'ai dit.

- C'est ce que tu as sous-entendu !

- Zeik a décidé de nous faire sa crise de rébellion, ou d'adolescence en retard, je n'en sais rien et je m'en fiche. Depuis que je lui ai demandé, je n'ai toujours pas eu d'excuses pour ses actes et son mensonge idiot et inutile. Il n'est qu'un gamin, qui veut faire son intéressant en annonçant qu'il aime les hommes ! Je ne sais pas vraiment ce qu'il cherche à nous prouver en faisant cela, mais voilà ce qu'il récolte ! Il ne peut s'en tenir qu'à lui-même.

- Et si c'était vrai ?

Zeik tourna les yeux et regarda le mur. Ses parents étaient juste là, de l'autre côté de ce mur. Sa mère comprenait-elle enfin ? Réalisait-elle ? Arrêtait-elle enfin de le rejeter ?

Son père... pourquoi lui restait ainsi, malgré la situation ? Pourquoi donc une telle haine envers ce qu'il était ? Envers son propre fils ?

- Non Yuki, ne dit pas cela. Ce n'est pas vrai. Notre fils, celui que nous avons élevé et comme tous les autres garçons, il aime les filles ! Ne crois pas à son mensonge et ne rentres surtout pas dans son jeu !

Pourquoi tant de conviction pour ne pas le croire ? Zeik aurait aimé comprendre...

Avec son père qui menait les rênes de la famille, c'était impossible que sa mère soit totalement de son côté. Jamais il ne l'autoriserait à changer d'avis et à l'accepter. Parce que lui-même ne l'acceptait pas.

- Alors pourquoi s'entête-t-il à dire l'inverse ?

Zeik sentait l'agacement de son père, rien qu'en l'entendant parler.

- Je te l'ai déjà dit, pour se rendre intéressant, attirer notre attention, ou pour cacher quelque chose d'autre, qu'en sais-je ?

Pour cacher quelque chose d'autre ? Le raisonnement de son père allait loin. Que pouvait-il cacher à présent ?

- J'espère que ce qu'il vient de lui arriver lui remettra les idées en place.

- Tu t'entends parler ? Tu accuses vraiment ton fils pour ce que d'autres lui ont fait ?

- Yuki, j'aime notre fils. Bien sûr qu'il faudra retrouver les responsables qui lui ont fait cela. Je veux aussi que Zeik comprenne où des actes et idées stupides peuvent conduire. Il a sa part de responsabilité et il doit l'assumer

Des idées stupides... Son père n'avait que ce mot à la bouche, il ne comprenait rien. Ce n'était pas une idée, ce n'était pas un choix non plus. C'était ainsi. Il n'y avait rien pour l'expliquer. Il disait l'aimer malgré tout. Dans la bouche de son père ce mot sonnait étrangement. Zeik en ressentit une certaine amertume. La haine pouvait-elle aller avec l'amour ? disait-il cela parce qu'il le pensait réellement ? Ou simplement pour se donner bonne conscience ?

Zeik secoua la tête, ses propres pensées s'embrouillaient dans son esprit, il ne savait plus faire la part des choses et être rationnel.

- Peut-être devrions-nous, nous aussi, essayer de le comprendre...

- Il n'y a rien à comprendre. J'en ai marre de te le répéter, ne rentre pas dans son jeu !

Il remonta la couverture jusqu'à sa tête et se cacha dessous. Il ne voulait plus les entendre. Il ne voulait plus écouter un seul mot venant de son père. C'était lui qui était stupide.

Jamais.

Jamais il ne pourra lui dire que ce n'était pas un acte rebelle, ou une manière de se faire remarquer. Jamais il ne pourra le faire comprendre à son père. Et sa mère, peut être le pouvait-elle mais elle ne voulait pas s'attirer les foudres de son mari...

Zeik tombait dans cette idée lorsque la sonnette d'entrée raisonna. Le garçon en fit un bon dans son lit. Il entendit ses parents descendre, ouvrir la porte. La voix d'une troisième personne raisonna dans l'entrée. A cette distance, le garçon ne put la reconnaître.

Quelques minutes s'écoulèrent, d'autres pas dans les escaliers se firent entendre. Quelqu'un toqua à sa porte.

- Je peux entrer Zeik ?

Ce n'était ni la voix de sa mère, ni celle de son père. Celle-là était plus féminine que celle de Yuki Kaîda, et sans aucun accent.

- Oui...

Un jour ils comprendrontOù les histoires vivent. Découvrez maintenant