Chapitre 57

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Ekel sortit son appareil photo. Le match allait bientôt reprendre et il ne voulait pas rater cette occasion.

Après avoir parlé au coach, Sâme revint s'asseoir à sa place. Toute souriante, elle rayonnait même. Le fait que Zeik allait jouer, la rendait aussi heureuse qu'Ekel.

- Comment as-tu réussi à le convaincre ? Demanda-t-elle.

L'étudiant replaça ses lunettes de soleil sur sa tête, bloquant en même temps les quelques mèches de cheveux qui s'étaient échappées.

- Disons que je sais de quoi il a envie et je sais ce que je peux lui offrir.

- Une nuit au septième ciel ?

- Il y a surement de cela, mais pas seulement.

Dans sa tenue, il fit son entrée sur le terrain. Il alla directement voir le coach. Même à cette distance, Sâme vit le regard noir que le capitaine lui lançait. Il n'avait pas changé d'idée. Il ne voulait toujours pas que l'adolescent joue, malgré la tournure que prenait le match. Ce capitaine borné et homophobe au plus haut point restait campé sur ses positions. Le coach ne lui laissa pourtant pas le choix., Zeik jouerait. L'adolescent prit la place de Louis sur le terrain.

Une dernière minute de pause. Ekel prit une photo.

- Je peux te poser une question Ekel ?

Sans baisser l'appareil photo de ses yeux, il lui fit signe de parler.

- Tu aimes vraiment Zeik ?

Il reposa son appareil sur ses genoux, regarda la jeune fille.

- Je ne comprends pas ta question.

- Elle n'est pourtant pas très compliquée.

- Très bien, je reformule. Je ne comprends pas pourquoi tu me poses cette question.

Sâme referma sa boîte de pop-corn et la posa sur le siège vide entre eux deux.

- Je tiens beaucoup à Zeik. Avec tout ce qu'il lui est arrivé, je ne veux pas qu'il subisse autre chose. Je ne veux pas qu'il soit détruit, par toi ou qui que ce soit d'autre. Je ne veux pas apprendre demain que tu t'es joué de lui et que tu l'as largué sans aucun état d'âme. Je veux qu'il soit heureux.

- Je ne lui ferais rien de tout cela. Je ne veux lui faire aucun mal. Je l'aime Sâme.

La jeune fille prit une grande inspiration et croisa les bras sur sa poitrine.

- Tu ne me crois pas ?

- Tu as vingt ans, il en a seize. Il est encore mineur. Il ne réalise pas forcément tout et c'est toi l'adulte dans l'histoire.

- Où est le problème ?

- A peine rencontré, il te suit pendant plusieurs jours, sans donner de nouvelles à qui que ce soit. Vous couchez ensembles au même moment. A présent, il ment constamment à ses parents pour être avec toi. A cause de toi, j'ai l'impression qu'il dérive un peu. Il ne sait pas ce qu'il veut.

- Il sait ce qu'il veut, il a simplement peur... Tu dis qu'il dérive ? Tu ne sais pas ce que c'est Sâme. Il ment pour cacher le fait qu'il soit gay. Il ment parce que dire la vérité l'a déjà détruit une fois. D'une certaine façon on pourrait croire qu'il fuit. Toi et moi savons pertinemment qu'il cherche juste un peu de répit.

- Peut-être... Là n'est pas le réel problème.

- Alors où est-il ?

- Je trouve juste que votre histoire va un peu vite, c'est tout. Il lui est arrivé beaucoup de chose, en très peu de temps et toi, tu arrives comme un sauveur. Je trouve cela un peu facile.

Ekel prit le temps de prendre une nouvelle photo avant de répondre.

- Tu crois vraiment que je me moque de lui ?

- Je ne sais pas.

- Je te rappelle que c'est toi la première à m'avoir donné son adresse pour que j'aille le voir. Tu as contribué à accélérer notre histoire.

Elle lâcha un soupire.

- Je sais. Je n'étais pas encore vraiment consciente de ce que je faisais à ce moment-là. J'espère simplement ne pas avoir fait d'erreur.

- Crois-le ou non, tu n'as pas fait d'erreur. Je ne sais pas si c'est un coup de foudre, ou autre chose. Je l'aime, c'est tout. Quel que soit notre différence d'âge, je l'aime.

- Si tu mens, tu auras à faire à moi !

- C'est noté. Mais je ne mens pas.

Sâme, moins rayonnante qu'au début de cette conversation, reprit ses pop-corn et en mangea toute une poignée.

- Pourquoi tu ne veux pas me croire ?

- Je veux être sûr, c'est tout. Je te l'ai dit, je tiens beaucoup à Zeik !

- Tu tiens à lui, ou il y a plus ?

Elle tourna le regard vers lui.

- Pardon ?

- Est-ce que tu aimes Zeik, Sâme ?

Il lui retourner la question, SA question. A cette dernière, la jeune fille ne répondit pas. Elle préféra se concentrer sur ce qu'il se passait sur le terrain.

L'arbitre siffla, le match reprit.

Un jour ils comprendrontOù les histoires vivent. Découvrez maintenant