Chapitre 30

797 69 3
                                    

- Sayake. C'était mon copain au Japon. On s'est rencontré la deuxième année de collège. On est sorti ensemble l'année suivante. Il faisait aussi parti de l'équipe de basket. Toute l'équipe savait pour nous et ils l'avaient accepté. Ils ne nous ont jamais rejetés. Ils étaient les seuls à savoir. Eux et Rin, la sœur de Sayake. Elle nous a souvent aidé. Ses parents étaient comme les miens. Ils ignoraient tout de notre véritable relation et ils n'étaient pas prêts à le savoir. J'ignore pourquoi l'équipe nous a accepté, là où tous nous auraient rejeté. Mais leur soutient était important pour nous.

Zeik regarda le vide au-dessus de lui. Ekel avait enfouit son visage dans son cou. Il l'écoutait sans le déranger.

- Pendant deux ans, nous nous sommes aimés. Mais nous n'avons jamais couché ensemble. Pas une seule fois en deux ans.

Ekel releva la tête. Ses yeux brillèrent dans l'obscurité de la grange.

- Pourquoi ?

- Nous avions peur. Nous n'avions pas le courage. Dans notre relation, nous avons toujours pris... le temps. On voulait attendre le moment parfait. Alors que je savais depuis longtemps que j'allais quitter le Japon, je ne lui en ai pas parlé. Quelques jours avant mon départ, alors que nous nous sentions enfin prêt à le faire, je lui ai dit. Il n'a pas aimé. Autant mon départ que le fais que je lui dise si tard. On s'est engueulé. Sous le coup de la colère, il est parti.

Zeik sentit les larmes lui monter aux yeux. Il les ferma, mais elles tombèrent quand même. Il en sentit une couler du coin de l'œil jusqu'à son cou. Avec ses lèvres, Ekel essuya cette larme.

- Il faisait nuit, il était à vélo. Une... une voiture l'a renversé. Même en pleine ville elle ne l'a pas vu, ou elle n'a pas fait attention, ou était-ce lui... On ignore ce qu'il s'est réellement passé. Je n'étais pas de la famille, je n'avais pas le droit de le voir à l'hôpital. Son cas était... il était trop grave. Il est mort là-bas. Sa vie lui a été arrachée et c'était entièrement ma faute.

L'adolescent sentit sa voix se briser.

- Je ne lui ai pas dit au revoir...

Ekel passa ses mains dans son dos et le serra contre lui.

- Ce n'était qu'un accident Zeik.

- Mais j'en suis responsable.

- Le responsable était le conducteur. Conduisais-tu cette voiture ?

Zeik secoua la tête.

- Il m'en voudrait de me voir dans les bras d'un autre, à peine arrivé France. Faire ce que je n'ai jamais fait avec lui.

- Je ne pense pas. Je pense même qu'il serait heureux pour toi.

- Tu ne le connaissais pas... Il était facilement jaloux. Très jaloux.

- Il t'en voudrait de chercher un peu de répit, après de personne qui t'accepte sans se poser de questions ? Ce n'était qu'une colère Zeik. Il ne t'en aurait jamais voulu ad vitam aeternam.

Ekel lui essuya les larmes.

- Je suis désolé de t'avoir poussé à cette conversation...

L'adolescent mit quelques minutes avant de reprendre la parole.

- Ce n'est rien...

- Même si c'est difficile, encore maintenant, essaies de ne pas y penser, d'accord ?

Zeik hocha la tête.

Ce qu'il se passa ensuite, il l'ignora. Il s'endormit, ainsi, dans les bras de cet étudiant en art. Il s'endormit au milieu de la paille, à l'étage d'une grange. Il s'endormit les yeux encore humides, mais réalisant qu'Ekel avait raison.

Sayake ne lui en aurait pas voulu d'être maintenant avec un autre. Il ne lui en aurait pas voulu d'essayer de trouver du réconfort auprès de quelqu'un. C'était dans son caractère. Il s'emportait facilement, était jaloux, mais il pardonnait toujours.

Si seulement il n'y avait pas eu cet accident...

Un jour ils comprendrontOù les histoires vivent. Découvrez maintenant