Chapitre 53

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Ekel prit le temps de réfléchir, avant de donner sa réponse.

- Je dirais le chien. C'est un animal fidèle qui peut être aussi doux que dangereux. J'aime le chien, aussi parce que le premier ami que j'ai eu, lorsque je suis arrivé en France, était l'un d'eux.

- C'était Citadelle ?

- Non, sa mère. Elle avait à peine deux ans à cette époque je crois. Mon oncle avait du mal avec elle parce qu'elle s'échappait souvent.

- Il faut voir son jardin aussi, il n'est pas clôturé.

Ekel eut un rire.

- C'est vrai. D'après mon oncle, tous ses chiens avaient été éduqués de façon à ne pas dépasser les limites. Sauf elle, qui s'obstinait à aller plus loin. Un jour, elle a fini dans notre jardin. Elle a fait peur à ma mère ce jour-là. Elle impressionnait vraiment mes parents. Moi, je trouvais qu'il y avait quelque chose de rassurant chez elle. A force qu'elle vienne chez nous, j'ai fini par passer plus de temps avec elle, qu'avec des enfants de mon âge.

- Elle s'appelait comment ?

- Vigie.

- C'est mignon.

- Oui...

- Qu'est-ce qui lui est arrivée ?

Ekel porta son regard vers l'horizon. Aussi loin que les arbres lui permettaient de voir.

- Elle a disparu.

Avec cette simple réponse, Zeik comprit qu'il n'avait pas envie de pousser le sujet plus loin. Il glissa ses doigts entre ceux du jeune homme. Entre rochers, buissons et arbres, ils continuèrent leur balade. Autour d'eux, il n'y avait plus aucune trace de civilisation. Juste la nature. Une nature pure et sauvage.

Zeik avait l'impression d'être totalement perdu. Dans sa ville, il aurait su dire où il était, où il devait aller et quel chemin prendre. Dans cette forêt, il aurait été bien incapable de dire dans qu'elle direction se trouvait la ville la plus proche.

Ekel, lui, savait précisément où il était. Ses pas étaient sûrs et le menaient dans la bonne direction. Cette forêt était pour l'étudiant, ce que Tokyo était pour Zeik. Un lieu où il avait grandi et qu'il connaissait par cœur.

- Où est-ce qu'on va en fait ? Tu ne m'as rien dit.

- Nul part.

Zeik s'arrêta, stoppant aussi Ekel.

- Se promener, sans avoir de but ou de destination prédéfinit, c'est bien aussi tu sais !

L'adolescent en doutait un peu, mais il faisait confiance au jeune homme.

- Si tu le dis.

- Allez viens.

Zeik ne saurait dire depuis combien de temps ils arpentaient la forêt, lorsque son portable sonna. Il ne fit même pas attention à l'heure lorsqu'il regarda l'écran.

- Qu'est-ce que c'est ?

- Un message de Sâme.

Ekel perdit de son sourire.

- Bonne ou mauvaise nouvelle ?

- Je ne sais pas vraiment. Elle me dit simplement que monsieur Hector veut me voir lundi.

- Monsieur Hector ?

- Le coach de l'équipe de basket.

- Pourquoi il veut te voir ?

L'adolescent regarda une nouvelle fois son portable, s'intéressant à l'heure cette fois. Quinze heures douze, déjà.

- Je ne sais pas. Je ne fais plus partie de l'équipe depuis un moment.

- Il veut peut-être te demander d'en faire de nouveau parti ?

- Il l'a déjà fait.

- Quand ça ?

- C'était avant que tu ne reviennes, après un cours de sport.

Il rangea son portable après un rapide message pour répondre à la jeune fille.

- Et tu as refusé ?

- Je ne pouvais pas accepter.

Il mit les mains dans les poches et s'éloigna, laissant Ekel sur place.

- Zeik, tu as envie de rejouer dans cette équipe ?

- Non, pas avec ce capitaine.

- Le capitaine mis à part, as-tu envie de refaire parti de l'équipe ? As-tu envie de jouer au basket, ailleurs que tout seul dans un gymnase entre midi et deux ?

Il s'arrêta, resta dos à l'étudiant.

- Évidemment que j'ai envie !

- Alors vas-y, qu'est-ce que tu attends ?

- Nathan. Il ne voudra pas.

- Si c'est le coach qui te le demande, tu penses vraiment que ce capitaine aura son mot à dire ?

- Il a déjà réussi à me faire quitter l'équipe, il peut recommencer, quoi qu'en dise le coach.

- Ne laisse pas le capitaine faire ce qu'il veut ! Ce sport c'est toute ta vie Zeik et tu joues mieux que beaucoup dans cette équipe.

- Qu'est-ce que tu en sais ?

- J'étais là lors de ton match, au lycée.

Une brise de vent vint secouer les branches, soulevant les feuilles mortes au sol. Zeik resserra le foulard autour de son cou.

- Zeik, vas-y ! Fait toi plaisir et ne te préoccupe pas du capitaine. Je serais la pour te défendre quoi qu'il fasse, d'accord ?

Un jour ils comprendrontOù les histoires vivent. Découvrez maintenant