Chapitre 25

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    Zeik regardait le plafond de sa chambre.

Un sourire presque bête ne voulait pas quitter son visage. Il repensait à son après-midi. Il n'avait suivi aucun cours, il n'avait fait que parler avec cet étudiant.

Ekel.

L'adolescent passa un doigt sur ses lèvres. Il avait encore l'impression de sentir celles du plus vieux sur les siennes. Son sourire ne fit que s'agrandir un peu plus. Leurs échanges, son étreinte, sa chaleur. Cet étudiant avait réussi à chasser tout le reste grâce à eux.

C'était aller si vite et pourtant, il avait aimé cela.

D'abord retissant, il s'était finalement laissé convaincre.

Etrange ? Rapide ? Directe ? Incertain ? Il avait simplement accepté un peu d'affection dans une journée dramatique. La peur fuyant face au baiser d'un inconnu, une sensation si agréable... Zeik aurait aimé qu'elle dure plus longtemps.

Son portable sonna.

Un message de Sâme.

On fond de lui, le garçon fut déçu. Il s'attendait, ou plutôt il espérait quelqu'un d'autre.

« Tu étais où cette aprèm ? »

« Pas en cours »

Il reposa son téléphone. Moins d'une seconde après, il sonna de nouveau.

« Merci, j'avais remarqué ! Tu étais où ? »

« Dans un endroit tranquille, loin de tout »

Cette fois, la réponse de son amie fut plus longue à venir. Elle se sentait coupable, Zeik le savait. Lui, il était partagé. Une part en voulait à la jeune fille, l'autre disait qu'elle n'y était pour rien.

« Comment tu te sens ? »

« Comme une personne rejetée, exclus quatre jours de son lycée, et qui va bientôt avoir une discussion désagréable avec ses parents... »

« Désolé, ma question était bête. »

« C'est bon Sâme, je vais bien. »

Il reposa son téléphone. A ce moment même, il entendit la porte d'entrée s'ouvrir, se refermer. Les pas de sa mère, ceux de son père.

Allongé sur son lit, Zeik écouta les moindres détails du retour de monsieur Kaîda.

Tous les soirs s'était la même scène. Il rentrait d'une journée de travail et toute la maison devait être au courant. Ryo Kaîda aimait se faire entendre, surtout quand il avait faim et il avait toujours faim quand il rentrait le soir.

Pourtant là, il y avait quelque chose de différent.

Son père était silencieux. De sa chambre, Zeik ne l'entendait pas réclamer quelque chose à manger. Le garçon se concentra. Ses parents parlaient tout bas, assez bas pour que leur fils ne les entende pas. Il n'entendait que des murmures.

Encore des murmures.

Après de longues minutes, ils n'avaient toujours pas quitté l'entrée. Zeik se perdit à essayer de les écouter. Son téléphone sonna, le faisant sursauter.

La sonnerie dura.

Elle dura jusqu'à qu'il réalise qu'il ne faisait pas que recevoir un message. Il attrapa l'appareil, fit en sourire et décrocha.

- Je ne pensais pas que tu appellerais ?

Après toute une après-midi passé avec lui, cette voix n'était plus tout à fait celle d'un inconnu. Cette fameuse voix lui fit oublier la présence de ses parents à l'étage inférieur.

- Quoi ? Tu avais peur que je te donne un faux numéro ?

Il devait être magicien pour réussir à lui faire oublier tout simplement le monde qui l'entourait, après seulement une première rencontre. Ou alors... c'était parce qu'il avait besoin de cela dans sa vie, d'une personne comme lui. Il espérait que ce n'était pas qu'une illusion, ou un menteur.

- On a passé l'après-midi à se parler, je te manque déjà ?

Zeik en oublia même d'écouter les mouvements de ses parents. Ils pouvaient quitter l'entrée, qu'il ne l'entendrait pas.

- Si toi tu me manques ? Je ne sais pas... Tu sais, nous nous sommes rencontrés seulement aujourd'hui. C'est trop tôt pour décider de quoi que ce soit.

Il ne perdait pas son sourire bête. Oui... lui parler encore lui faisait du bien.

- Bien sûr que j'ai aimé cet après-midi ! Je disais juste qu'il... qu'il ne faut pas trop se précipiter.

Dans le couloir, le plancher craqua sous les pas de son père.

- Non je n'ai pas peur... Enfin... Si peut être un peu. Je ne sais pas. Disons que tout arrive d'un coup.

Zeik perdit son regard dans l'immensité blanche de son plafond. Il essayait de se convaincre lui-même avec ses paroles, alors qu'il savait très bien que ce début d'histoire rapide ne le dérangeait pas. Il aimait, car cela arrivait au pire des moments.

- Pourquoi tu me poses cette question ?

Il tendit une main en l'air, comme s'il voulait attraper quelque chose, mais il n'y avait que le vide à saisir.

- Peut-être que j'en avais un, au Japon... et peut-être que non.

Soudain, il réalisa. Il entendit. Ses parents étaient sur le point d'arriver, de rentrer dans sa chambre.

- Attend ! Ne raccroche pas, s'il te plaît.

Il posa son téléphone sur le lit, dissimulé par les plies de sa couette. La porte s'ouvrit d'un seul coup.

Les parents Kaîda.

Un jour ils comprendrontOù les histoires vivent. Découvrez maintenant