Chapitre 16

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Sifflement.

Déjà les cinq minutes de pause écoulaient. Le match allait reprendre.

- J'aime ton point de vue, Zeik. En revanche, n'oublie pas que toute équipe a toujours une carte de secours au fond de son sac. Un quart temps d'analyse ne suffit pas pour tout savoir et vaincre.

- C'est vrai, mais ça aide !

- Très bien, tu restes sur le terrain.

Souriant et sûr de lui, le garçon retourna se mettre en place, ignorant le regard noir de Nathan. L'équipe adverse avait le ballon. Ils remontèrent le terrain, se firent des passes. Zeik alla bloquer celui qui venait de le recevoir.

- Toi ? Tu n'as pas perdu tous les uns contre un dans le premier quart ? Dans mon équipe, on te voit déjà comme une vraie passoire !

Zeik ne perdait pas son sourire. Il se souvenait de ce joueur, il ne l'avait affronté qu'une fois, au début du match.

Sa technique était simple, faire une passe, passer le joueur, récupérer le ballon s'il était démarqué.

- A trop parler, on en perd le ballon.

Le joueur allait faire une passe, s'arrêta. Il n'avait plus le ballon entre les mains. Zeik dribbla, évita un joueur, jusqu'au panier. Un dunk et les deux points suivants étaient pour eux.

Le reste du match se déroula ainsi. Zeik intercepta le ballon, le vola, le passa à ses équipiers ou alla marquer. L'équipe adverse, au capitaine désemparé par la situation, perdait plus souvent le ballon qu'ils ne l'avaient réellement entre les mains. Sur les trois derniers quart-temps, ils marquèrent peu de points.

Plus que dix secondes.

Un joueur blanc et vert tenta de faire une ultime passe. Zeik passa, leur vola la balle. Les secondes s'écoulèrent. Deux joueurs se mirent en place pour lui bloquer le passage. Ils en oublièrent le reste de l'équipe. L'adolescent fit une passe sur le côté à Nathan qui était libre. Le capitaine fit un dunk magnifique sur le sifflement final.

Il retomba au sol au moment où le sifflet de fin de match cessa de retentir dans tout le gymnase.

Pour ce match amical, le score final s'éleva à quatre-vingt-dix-sept, face à cinquante-deux. Ils remportaient le match. Haut la main, comme Zeik l'avait supposé.

Les spectateurs se levèrent, applaudirent.

- Alors capitaine ?

- Tu as de la chance Zeik.

Sâme lui sauta dans les bras.

- C'était un match magnifique mon petit Zeik.

- Félicitation mon fils.

Sa mère avait un sourire rayonnant.

- Tu m'as fait peur au début du match Zeik, mais Sâme ne s'était pas trompé, tu joues bien.

Un compliment de Mike ? C'était plutôt rare, Zeik ne devait pas l'oublier celui-là.

- Excusez-moi.

Zeik se retourna.

Qui était cette fille aux cheveux raides et châtains ?

Elle était grande, aussi bien habillée que bien maquillée. Il était certain de l'avoir déjà vu, plusieurs fois. Avec le capitaine si sa mémoire était bonne.

- Je peux te parler Zeik ?

Le garçon hésita. Il regarda Sâme, lui demandant ce qu'il devait faire de manière silencieuse. Pour toute réponse, la jeune fille, aidée par madame Kaîda, le poussa en avant vers cette fille. Il n'eut pas d'autre choix que de la suivre.

Ensemble, ils quittèrent le gymnase, pour s'arrêter dans un couloir sombre.

Personne ici. Pour seul public, ils avaient les casiers.

- Tu me connais ? Commença-t-elle.

- Je t'ai déjà vu avec Nathan je crois. Luna, si ma mémoire est bonne ?

Elle hocha la tête. Lui, ne savait même pas comment il avait fait pour retenir son prénom alors qu'il avait dû l'entendre qu'une fois ou deux.

- Le capitaine a déjà parlé de toi.

- On est plus ensemble, depuis une semaine déjà.

- Je suis désolé pour toi.

- Ne le sois pas. C'est moi qui l'ai quitté.

Zeik ne se sentait pas à l'aise. Cette fille était en terminale et copine, ex-copine, du capitaine. Même s'il était fatigué, il aurait préféré refaire tout un match plutôt que de continuer cette conversation.

- Tu sais que j'ai pour réputation d'être la plus jolie fille du lycée.

- J'en ai peut-être entendu parler, oui.

Luna fit son sourire le plus beau et le plus charmeur qu'elle pouvait avoir.

- Je t'ai vu jouer durant le match. Le premier quart temps mis à part...

- Mon « échec » durant ce quart était volontaire... je ne faisais qu'observer les joueurs adverses, la coupa-t-il, sur la défensive.

- Si tu veux... Bref. Je voulais te dire que tu étais meilleur joueur que Nathan lui-même. Tu devrais être titulaire dans cette équipe.

C'était flatteur.

Zeik savait que Luna ne faisait que suivre sa propre stratégie. Peut-être pensait-elle vraiment ce qu'elle disait. Pour autant, il se doutait qu'il ne s'agissait là que d'une manière pour mieux l'approcher. Comme le fait de dire qu'elle était la plus belle fille du lycée.

- Tu sais Zeik, je te regarde depuis un moment. Tu es la vedette de ce lycée, depuis ton arrivée. Je t'admire. Et il se trouve que je suis célibataire maintenant.

- J'ai cru comprendre.

Non vraiment, il n'aimait pas la tournure que prenait cette conversation.

- Zeik, est-ce que tu veux sortir avec moi ?

Elle était moins timide qu'Agathe, l'habitude peut être. Zeik n'était qu'une conquête de plus pour elle.

Elle n'attendit même pas sa réponse, elle fit un pas vers lui et l'embrassa. Pas le genre de baiser rapide, du bout des lèvres. C'était plus charnel, plus passionné.

Violemment, Zeik la repoussa. Il s'écarta pour ne plus être en face d'elle.

- Qu'est-ce qu'il y a ? Tu n'as pas aimé ? Ou j'embrasse mal peut être.

- La première raison était la bonne je pense.

- Quoi ? Tu n'as vraiment pas aimé ?

Zeik baissa les yeux.

- Je suis désolé.

- Désolé ?

- Je ne peux pas accepter ton baiser... Je ne peux pas sortir avec toi. Je suis désolé.

Luna sembla désemparée face à une situation qu'elle n'avait même pas envisagée. Pour elle, elle s'imaginait déjà dans les bras du garçon, à l'embrasser plusieurs fois. Il était plus petit qu'elle, mais il était beau et populaire, c'était suffisant pour la satisfaire. Avant même d'avoir fait sa demande, elle s'imaginait déjà en couple avec lui.

Lui, il refusait, aussi simplement que cela.

- Tu sais que jamais personne n'avait refusé d'être avec moi avant !

Zeik n'osait plus la regarder dans les yeux.

- Excuse-moi d'être une première pour toi.

- Pourquoi tu ne peux pas ?

- J'ai mes raisons. Je ne peux pas c'est tout. Pardonne-moi.

Il partit presque en courant et quitta ce couloir.

Un jour ils comprendrontOù les histoires vivent. Découvrez maintenant