Chapitre 5 : Complainte d'un homme et professeur

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Le mois d'octobre passa lentement. Les feuilles tombèrent petit à petit, dénudant les arbres de ses couleurs chaudes. Les étudiants et les professeurs commençaient à sortir les écharpes, les bonnets et les gants, attendant avec impatience les prochaines vacances.

Les élèves de la dernière année d'histoire de l'art étaient des plus pressés, suite à l'annonce de plusieurs expositions artistiques dont ils pourraient profiter durant leur congé. Et certaines espéraient même tomber sur le professeur d'art moderne.

Pourtant, ce dernier avait bien d'autres choses en tête. Et cela commençait par une de ces étudiantes aux longs cheveux blancs et aux yeux mauves. Elle occupait toutes ses pensées, tout le temps, le rendant un peu plus étourdis par rapport à d'habitude.

Mais aux yeux de ses nombreuses admiratrices, cela ne faisait que rajouter un plus à son charme, déjà bien ravageur. Mais personne ne savait que cet étourdissement avait un prix des plus forts : son sommeil.

Cela commençait à devenir très embêtant pour l'homme de 33 ans. Le brun ne pouvait plus passer une seule nuit sans que l'Eden de ses rêves apparaisse, un sourire moqueur plaqué sur son visage et un rire des plus sadiques sortants de sa bouche.

"Tu n'es qu'un raté Rayan Zaidi !
- Jamais tu ne pourras sortir avec moi !
- Tu es beaucoup trop vieux ! Aucune jeune femme ne voudra de toi !
- Si tu crois que pour me draguer, il faut me montrer ton torse, c'est peine perdu !
- Arrête de te bercer d'illusions ! Tu n'es que mon professeur ! Rien de plus !
- Il faut croire que la crème anti-âge ne fait pas bien son effet, car tu es bien plus vieux que tu en as l'air !"

Toutes les nuits, le professeur d'art moderne s'exposait à ces critiques. Mais depuis une semaine, cela allait au-delà de la douleur psychologique. Eden le frappait et ne se gênait pas de toucher des endroits sensibles.

Chacun de ses réveils était à la fois un grand soulagement et une grande torture. Il lui échappait in extremis, mais au prix d'un manque incalculable d'heure de sommeil. Et cela commençait à faire son effet. Sa concentration et sa patience s'effritèrent peu à peu.

" Dans l'art comme dans la vie, la tromperie n'a qu'un temps. Quelqu'un peu me dire de qui provient cette citation ?"

Plusieurs mains se levèrent, dont celle de son assistante Mélody, mais Rayan espérait qu'Eden ferait de même. C'était un doux rêve que de se dire que la jeune femme daignerait participer. Un léger soupir s'échappa de sa lèvre et laissa son assistante brune répondre.

" Il s'agit d'une citation de Paul Léautaud, aussi connus pour une autre citation qui est "La critique est la conscience de l'art", récita la jeune femme.
- Bien Mélo-
- Dans cette citation, nous pouvons déduire que le mensonge dans l'art ne peut pas tenir bien longtemps, et que seule la vérité triomphe, continua Mélody, coupa son professeur pour étaler sa science. Et on y arrive en suivant les codes.
- Les codes ne sont qu'un dictat de la société, fit Eden en soupirant. Ce n'est qu'une vision parmi tant d'autres. Et c'est bien ça le problème. C'est qu'elle est censée être unique et applicable sur tout le monde. Or, une vérité pour les uns, ne le sera pas forcément pour les autres. Et pour cause ce problème de vision. Donc tout ton raisonnement sur cette citation est à la fois faux, de part le fait qu'il existe plusieurs points de vue, mais vrai pour les personnes qui pensent comme toi.
- E-Et bien ... Merci de cette rectification Ed-Mademoiselle Marks ..., déclara Rayan, totalement surpris par l'intervention surprise d'Eden."

Mélody adressa un regard noir à la blanche, qui reprit aussitôt son dessin. Son professeur voulait l'entendre et il avait été servi. La jeune femme avait réussi à démonter les arguments de sa camarade, qui n'avait l'air que de réciter un simple texte appris par cœur.

Un léger sourire vint illuminer son visage. Ce qu'il aimait le plus dans sa tâche d'enseignant, c'est de pouvoir permettre un débat entre ses élèves. Qu'ils puissent avoir un esprit critique pour ne pas croire tout ce qu'ils peuvent voir ou entendre.

La fin du cours se fit sans encombre, et ce, au plus grand soulagement du brun. Mélody n'avait pas pipé un mot depuis la réplique de sa camarade et cette dernière était, comme à son habitude, partie plus vite que son ombre.

Eden sortie de la fac avec Chani et les deux jeunes femmes allèrent tranquillement au café où travaillait la blanche. Dix minutes plus tard, elles furent enfin arrivées. L'étudiante salua sa patronne avant d'aller mettre son uniforme. Elle prit la commande de son amie et effectua son service sans encombre.

Son collègue, Hyun, arriva une heure plus tard, et alla directement prendre possession du bar. Après avoir échangé quelques blagues avec la jeune femme et essuyé les regards de Clémence, le jeune homme soupira un peu.

Il ne rêvait que d'une seule chose, c'est qu'Eden tombe amoureuse de lui. Mais depuis qu'il était là, impossible de le lui faire comprendre. Soit la blanche était occupée par ses études, soit par le boulot que lui donnait Clémence, et elle n'était pas tendre envers la jeune femme, qui était là depuis de nombreuses années maintenant, soit par son sport préféré, la natation.

Hyun l'aurait bien suivi là-bas, mais il n'affectionnait pas trop l'eau. Donc, il dut abandonner très rapidement l'idée et tentait tant bien que mal de trouver un autre moyen de l'approcher. Un nouveau soupir s'échappa de ses lèvres et il se concentra à nouveau sur son travail sachant qu'un jour, il lui dirait tout.

Pacify her [Rayan x OC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant