Chapitre 12, première partie

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La semaine c'était bien déroulée pour Adam. Le mercredi après-midi, Elisheva l'avait emmené voir madame Rosenberg. Il avait été impressionné, à quatre-vingt-seize ans, elle avait encore toute sa tête. Elle n'avait pas manqué de dire à Elisheva qu'elle avait bon goût quand Adam était entré dans le salon. Puis elle lui avait posé des questions sur sa famille, Adam avait répondu que celle de sa mère était originaire de Tunis et celle de son père de Djerba. Marthe Rosenberg avait longuement planté ses yeux bleus dans les yeux verts d'Adam et lui avait dit qu'avec des yeux comme les siens, il devait sûrement avoir un ancêtre Ashkénaze. Elisheva lui avait raconté, plus tard, que lorsqu'elle avait parlé de lui à madame Rosenberg pour la première fois et qu'elle lui avait dit qu'il était Sépharade, sa première réaction avait été de lui demander s'il était coureur, 'méfie-toi, Elisheva, les hommes Sépharades sont coureurs' lui avait-elle dit ensuite. Adam n'en avait pas pris ombrage, c'était de bonne guerre, ses grands-mères lui avait mainte fois répété que les Ashkénazes avaient des grands airs et étaient 'aussi froids que des glaçons'.

Ce samedi soir, Adam recevait Ruben, Idan et Matteo autour d'une bière. David et Ines étaient partis à Monaco, et Lola avait été laissée en garde chez les Sarfati. Matteo, une Marlboro à la main, racontait ses dernières histoires de fesses, sous les regards amusés de Ruben et Idan.

- Du coup au Karma hier soir, il y avait une meuf, commença Matteo.

- Ah ouais, fit Idan, il n'y en avait qu'une ?

Adam et Ruben pouffèrent

- Mais non, il y en avait plein, répondit vivement Matteo, mais je te parle d'une meuf en particulier, imbrogliare va.

- Imbro quoi ? fit Idan.

- Imbrogliare, corrigea Matteo avec son accent Italien parfait, khmar quoi.

Idan hocha la tête, pas plus vexé que ça de se faire traiter d'imbécile. Ruben pouffa en entendant Matteo traduire une insulte italienne en dialecte Sépharade pour se faire comprendre.

- Bref, fit Matteo en tirant sur sa Marlboro, il y avait cette meuf au milieu de toutes les autres et Arthur me fais, mate le canon, machin. Je lui ai dit mec, t'es sérieux t'as vu le cul qu'elle a ? Si je veux une meuf comme ça je vais au salon l'agriculture.

Ses trois copains explosèrent de rire. Adam se dit qu'ils avaient transformé un garçon doux et sensible en lover sans pitié.

- Vous avez vu ce que l'on a fait, lança-il à Ruben et Idan, il y a six mois, Matteo il était tout gentil et maintenant il compare des meufs aux vaches du salon de l'agriculture.

Ruben hocha la tête, Adam n'avait pas tort.

- C'est plus un poulain, fit Idan en tapant sur l'épaule de Matteo, c'est un étalon maintenant.

- Il y a six mois j'étais puceau, réalisa Matteo après avoir pris une gorgée de bière.

- Tu t'es pas mal rattrapé depuis, non ? fit Ruben qui, mine de rien, se tenait informé de toutes les conquêtes de Matteo.

- Je profite, répondit sobrement Matteo.

Idan but une gorgée de bière, Adam tira sur sa cigarette et Matteo en alluma un nouvelle.

- On a que des clopes ce soir ? demanda-t-il à Adam, il vient pas Karl Marx, là.

Adam et Ruben éclatèrent de rire.

- Karl Marx c'est un leader communiste, fit Ruben, le pote d'Adam il s'appelle Marc Antoine.

- Après il est peut-être communiste, lança Idan, on n'en sait rien.

Tu feras pleurer les plus belles filles [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant