Chapitre 15, première partie

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- Bon, les enfants, lança le professeur d'histoire, il reste à peine deux mois avant le bac alors il va falloir se bouger, parce que là, j'en connais qui ne vont pas l'avoir s'ils continuent comme ça.

Monsieur Darries était jeune et dynamique, il venait de corriger un devoir sur le socialisme et les mouvements ouvriers en Europe depuis le dix-neuvième siècle et les résultats était très en deçà de ses attentes. Il commença à distribuer les copies et arriva finalement à Adam.

- Mon petit Adam, commença-t-il, je ne sais pas ce que tu as fait la veille de ce devoir mais tu n'as certainement pas dû te coucher tôt. 

Adam se mordit la lèvre. Monsieur Darries jouait négligemment avec sa copie.

- J'espère que tu m'as sortis des énormités pareilles parce que tu avais fait une nuit blanche et pas parce que tu n'as absolument rien compris ni rien appris. Mitterrand n'est pas un socialiste allemand du vingtième siècle.

Des éclats de rire fusèrent dans la classe. Monsieur Darries posa la copie d'Adam sur sa table, quatre sur vingt. Le professeur feuilleta son paquet de feuilles avant d'annoncer.

- Ruben, bon ça manque de dates, il n'y a pas d'âneries, à part 'Rosa, grande femme politique originaire du Luxembourg'.

De nouveaux rires fusèrent parmi leur camarades.

- Ruben, fit-il à nouveau, son nom c'est Rosa Luxembourg, ce que tu as écrit c'est comme si je te disais François, homme politique de Hollande.

Ruben hocha la tête, un peu honteux, il avait dix sur vingt, ça aurait pu être pire. Monsieur Darries passa à la table de derrière, où était installés Idan et Matteo.

- Bon Idan, c'est pas mal, dit-il en lui tendant sa copie, par contre Matteo tu m'as fait du baratin, ça manque de date et de faits précis.

Matteo découvrit sa note, neuf sur vingt, Si sa mère l'apprenait elle le priverait sûrement de sorties. Idan, lui, s'en tirait mieux avec quatorze. Il ne restait à Monsieur Darries qu'une seule copie dans les mains.

- Charlotte, annonça-t-il, j'ai gardé le meilleurs pour la fin.

Elle se mordit la lèvre, l'histoire n'avait jamais été son fort. Elle avait pourtant appris les dates de ce cours par cœur, mais peut être que ça n'avait pas suffi.

- Tu m'a impressionné, ma petite Charlotte, fit-il, ton devoir est complet, documenté, tu m'as même parlé d'évènements que l'on avait pas vu en cours.

Charlotte réalisa alors que monsieur Darries n'était pas ironique.

- Tu feras juste attention au ton de ton devoir, par moment j'ai eu l'impression de lire un pamphlet anarcho-révolutionnaire, fit-il en riant, mais, sinon, c'est très bien.

Il posa sa copie sur la table et Charlotte découvrit sa note incrédule, dix neuf sur vingt.

- En même temps, fit Matteo à mi-voix, elle baise communiste.

- Ça ne passe pas par-là, répondit Ruben en pouffant.

- T'en sais rien, rétorqua Matteo, la preuve.

Adam ne les écoutait pas, il se demandait comment le père d'Elisheva pourrait accepter de donner la main de sa fille à un imbécile incapable d'avoir le bac.

A la pause, ils sortirent fumer une cigarette devant le lycée. Gabrielle avait eu seize et Golda douze. Elisheva les rejoignit et embrassa langoureusement Adam avant de lui demander.

- Ça va ?

- Je viens de me taper quatre sur vingt en histoire, je vais me foirer pour le bac, répondit-il en tirant nerveusement sur sa Marlboro.

Tu feras pleurer les plus belles filles [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant