Chapitre 14, quatrième partie

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Le mercredi suivant, Adam, Matteo et Idan avaient déjeuné chez Ruben, puis Adam s'était remis à étudier l'Hébreu. Matteo s'était pris au jeux.

- Alef, Bet, Gimel, Dalet, He, Vav, Zain, Het, Tet, chantait Matteo sur un air entrainant.

Idan pouffa devant son ami, Italien Catholique, une kippa sur la tête, en train de réciter l'alphabet Hébreu. Il le connaissait même mieux qu'Adam qui hésitait de longues secondes entre chaque lettres. Ruben descendit les escaliers et tendit un châle de prière à Adam.

- Tu te rappelles comment le mettre ? demanda-t-il, parce que samedi à la syna, tu galerais.

Adam hocha vaguement la tête avant de le déplier et de s'emmêler les pinceaux.

- C'est quoi ? demanda Matteo.

Un Talit Gadol, fit Ruben.

- Talit Gadol ? s'exclama Matteo, comme Zayin Gadol ?

Idan explosa de rire, Ruben lança un regard interloqué à Matteo.

- D'où tu connais ça, toi ? fit-il.

- Ça veut dire quoi ? demanda Adam.

Idan pouffa. Ruben lui lança un regard blasé.

- Ça veut dire grosse teub, en Hébreu, fit Ruben avec une grimace.

Adam pouffa, se demandant où Ruben avait bien pu apprendre ça, certainement pas au Talmud Torah.

- Je connais plein de trucs, frima Matteo, genre Mamzer, Ben Zoma.

- Ben Zona, corrigea Idan.

- Pourquoi tu lui apprends ça, toi ? lança Ruben à Idan.

- Bah parce qui s'il va en Israël et qu'il s'embrouille avec un mec il ne va pas lui sortir Ani Adonaï Ehad.

Adam pouffa, Ruben soupira, pour lui l'Hébreu était la langue de la prière.

- D'où tu sais comment parler de bite en Hébreu ? demanda Adam à Ruben.

- Ah oui, fit vivement Idan, Monsieur l'Hébreu c'est une langue sacrée, machin.

Ruben se mordit la lèvre sous le regard diverti de Matteo.

- Parce qu'une fois, en Israël, quand j'étais petit j'ai pas bien prononcé Zain, j'ai dit Zayin du coup tout le monde se marrait et ils m'ont expliqué pourquoi.

***

- Tu fais quoi, maman ? demanda Adam.

Il venait de rentrer du lycée, ce vendredi après-midi. Il avait trouvé sa mère dans la cuisine, occupée à couper des légumes.

- Je fais une Kémia, répondit-elle, pour Shabbat.

Adam la regarda, surpris. D'ordinaire, Ines commandait des pizzas le vendredi soir, qu'ils mangeaient ensuite devant la télé.

- Tu as raison, mon fils, continua Ines, on est Juifs et on devrait être plus pratiquants. Shabbat c'est une très belle tradition et je me rends compte qu'on l'a trop négligée.

Adam hocha la tête, jamais il n'avait entendu sa mère parler comme ça. La pratique du Judaïsme, chez eux, se limitait à jeûner pour Kippour et à recevoir la famille pendant Pessah ou Hanukkah.

Il se rendit ensuite à la synagogue avec Ruben. Il soupira de soulagement en apprenant que l'Aravit ne durait qu'une petite heure. Le mercredi précédent, Ruben lui avait appris Lekha Dodi, le cantique chanté en l'honneur de Shabbat le vendredi soir. Matteo, qui avait décidément une mémoire phénoménale, l'avait retenue presque tout de suite, mais Adam n'était encore pas très sûr des paroles.

Tu feras pleurer les plus belles filles [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant