Chapitre 27

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C'est le mouvement de la marche de la personne qui me porte qui me tire de l'inconscience.
Ou plutôt le changement de son rythme.

Trop épuisée et submergée par la douleur je suis dans l'incapacité d'ouvrir les yeux, mais je devine au mouvement que fait celui qui me porte, car je suis sûr d'une chose ce ne peut être qu'un homme, qu'il monte des marches en courant.
Des marches interminables qui semblent durer une éternité.

La respiration de la personne qui me porte est sifflante, et le rythme de sa course diminue de secondes en secondes. Mais soudain, les marches s'arrêtent et il se met à courir sur une espace plutôt plat.

Je sombre dans l'inconscience avant d'en apprendre plus.

....

Lorsque je reprend à nouveau pied dans la réalité, je suis toujours dans les bras de quelqu'un. Mais la personne semble avoir changée, les bras qui me portent semblent moins épais, de plus elle marche d'un pas plutôt lent.

Soudain l'individu s'arrête.
Un étrange préssentiment me tord l'estomac.

Je cligne des yeux et tente de les ouvrir. Lorsque quelques minutes plus tard c'est chose faite c'est un beau ciel bleu qui m'accueille.
Je tourne la tête et croise le regard du prêtre qui me porte.

- Le Gaicha va commencer. Bonne chance.

Et sans prévenir il écarte les bras.

Je tombe dans ce que je sais être un immense gouffre dans la roche. La peur me noue la gorge, m'empêchant de crier.

La chute semble durer des heures. Les paroies irrégulières aux reflets turquoises défilent devant mes yeux et l'entrée s'éloigne de plus en plus.

Je plonge dans l'obscurité pendant une éternité jusqu'à ce que brusquement un fort courant d'air me ballotte quelques secondes dans tous les sens, me faisant perdre tous mes repères. Puis soudain, à l'instar des bras du prêtre avant lui, le mouvement d'air disparait, me laissant à nouveau chuter.

Je ferme les yeux.

J'ai déjà assisté à un Gaicha et je sais comment ça se passe. Si le vent ne stoppe pas ma chute c'est que mes dons ne réapparaitront pas. Et si ils ne le font pas, je m'écraserai quelques centaines de mètres plus bas, au fond d'un lac souterrain.

Je suis déjà trop descendu, et la peur me labour l'estomac.
C'est pas bon du tout.

Ma confiance en mes dons s'amenuise. J'étais pourtant confiante face au rituel ! Je ne veux pas mourir !

La panique se propage dans mon esprit.

Je suis trop loin des paroies pour ralentir ma chute et elles sont beaucoup trop lisse pour, même si elles étaient plus près, avoir l'espoir de m'y accrocher.

Je serre les dents.

Ça ne peut pas se terminer comme ça !

Il faut que ça s'arrête ! Maintenant ! Avant de toucher le fond ! Avant de mourir ! Je ne veux pas disparaître ! Je ne veux pas m'écraser ! Je ne veux pas mourrir ! Même si ma vie est un pur cauchemar, je veux vivre !

Mais ma chute continue sans que le vent ne la freine.

J'ai de plus en plus de difficultés à respirer à cause de l'air que je déplace avec ma chute. J'ai l'impression que le pression que je ressens va me désarticuler avant que je n'arrive en bas.

C'est cette constatation qui fait refluer la panique. Et c'est donc résignée, que je percute la surface du lac.

C'est la fin.....

Les Murmures Du VentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant