Chapitre 34

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Il ne me faut guère plus d'une poignée d'heure pour rejoindre le temple. Je saute souplement de ma monture et l'attache au seul arbre encore debout sur un bon kilomètre à la ronde. Mon estomac me remonte dans la gorge et il s'en faut de peu pour que je rende le contenue de mon estomac. Ou du moins le peu que j'ai avalé ces dernières vingt quatre heures.

Mes yeux se posent brièvement sur les marches qui montent au temple. Mon estomac se retourne encore une fois. Je crois que je vais vraiment être malade.

Je respire profondément . Un peu de courage nom d'un chien ! Tu n'as pas fait tout ça pour rien !

Mes yeux se reposent brièvement sur les marches fracassées. Sur la roche polie par l'usage qui a été brisée, explosée, meurtrie. Et qui laisse encore maintenant ses plaies béantes à l'air libre. Mes yeux s'attardent sur les tâches incrustées dans la roche. Du sang. Leur sang.

Je ferme les yeux. C'est trop dure. J'y arriverai jamais. Je ne suis pas assez forte pour ça. La douleur me force à plier mon corps en deux. Les souvenirs remontent. Poussent sur ma conscience. Brise mes barrières. Mes limites. Détruise tout. Le passé et le présent se mélangent. Se superposent. Et moi, je plois sous leur puissance. Sous les souvenirs douloureux. Sur la réalité trop dure qui m'explosent encore une fois en plein visage.

Les rires. Leur rire. Ils dévalent les escaliers en courant. Le sol défile sous mes pieds. Ils ont trop d'avance. J'accélère encore pour les rattraper. Un sourire éclatant sur le visage.

Les escaliers ont déjà avalé leur silhouette et me cachent le vue. Je ne suis pas encore en haut de l'escalier. C'est alors que les éclats de rire se stoppent brutalement et que les cris retentissent. Des cris de souffrances pures. Ce genre de cris qui vous glace le sang. Qui résonne en échos encore et encore dans vos oreilles. Qui hantes vos pires cauchemars sans que vous puissiez tenter quoi que ce soit pour les faires cesser.

Sans que je n'ai le temps de freiner ma course, les escaliers se dévoilent à ma vue. L'horreur se propage tel un poison insidieux dans mes veines. Elle détruit tout. Tout. Ma joie. Mon innocence. Mes rêves. Mes espoirs. Mes projets. Mon futur. Elle brise l'adolescente que je suis jusqu'à ce qu'il n'en reste plus rien.

La roche saillante imprime une ligne sanglante sur la paume de mes mains. Un râle de douleur sort de ma gorge tandis qu'une larme s'écrase sur la dernière marche.

Je cours. Je n'ai jamais couru aussi vite de ma vie. Jamais. Les larmes me brulent les yeux et floutent ma vue. Je tombe. Plusieurs fois. M'éraflant mains et genoux. Mais je me relève. Encore et encore. Je n'arrive je ne sais comment jusqu'au petit jardin du maître.

Lorsqu'il me voit arriver, lorsqu'il relève les yeux sur ma silhouette haletante, la compréhension traverse son regard. Il a compris. Il a compris que quelques choses de grave est arrivé.

Mais il ne savait pas encore à quel point.

Je rend mon estomac sur l'immense place qui surplombe les escaliers. Je tombe encore une fois à genoux, trouant pour de bon le tissu de mon pantalon au niveau de mes genoux. Les larmes dévalent mes joues. S'écrasant sur le sol tâché.

Je me recroqueville sur moi-même en étouffant un couinement de terreur. Mes main tellement crispées sur mes oreilles qu'un liquide chaud goutte dans ma nuque. Mes paupières sont si serrées entre elles que des points lumineux dansent derrière elles. Mon souffle est bloqué dans ma gorge. M'empêchant de hurler. Me sauvant la vie.

Je ne veux pas voir ! Je ne veux pas entendre! Que quelqu'un m'aide! Que tout s'arrête ! Un sanglot franchis la barrière de mes lèvres, m'obligeant à plaquer mes mains sur mes lèvres. Mes yeux s'ouvrent et s'écarquillent de terreur. Mon geste passe heureusement inaperçu mais oblige mes yeux à se poser au delà de la porte en bois qui laisse apercevoir au travers des espacements réguliers de ses planches l'extérieur. Mes yeux se referment brutalement. Les images dansent à l'infinie devant mes yeux. Accompagnées des hurlements qui vrillent mes timpants.

Les Murmures Du VentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant