Les Murmures Du Vent

Chapitre 33

Nous reprenons la route peu avant l'aube. La troupe semble déjà éreinté alors que le voyage n'a pas encore duré quinze jours. Je suppose que cet état est plus dû au poids psychologique de la mission. Après tout, à tout moment une catastrophe peu nous tomber sur le coins du nez et leur vie semble plutôt sur un fils précaire. Plus que d'habitude du moins vue leur profession.

Jessica est bien mois loquace que le premier jour, et la bonne humeur de Stéphane semble s'être évaporé comme neige au soleil. Keran, Yven et Jean affichent des mines soucieuses et je les soupçonne plus perdu dans leurs réflexions intérieur qu'attentif à ce qui se passe. Seul Edwin et Emilie semble se porter normalement à première vue. Cependant je suis assez expérimenté maintenant pour ne pas manquer les muscles tendu du soldat et son visage scrutateur sur les alentours.

Je lance un petit coup d'oeil à Emilie. Seule elle semble complètement dans son assiette et mes craintes se raffermissent à son sujet. Elle n'est pas ce qu'elle prétend être et elle se fiche vraiment de nous. Les soldats sont trop anxieux sur la situation pour prêter attention à ce genre de petit détails et cela joue en sa faveur. Si un truc nous pend sur le bout du nez ce sera d'abord d'elle qu'il proviendra en premier lieu. J'en suis certaine.

Je serais bien tenté d'en parler à Edwin mais avec ce que je lui ai envoyé dans la figure ce matin je doute que ce soit le moment propice à une tel entreprise pour le moment. Il semble m'ignorer depuis mes paroles venimeuses et même si l'objectif premier de mes paroles est atteint au delà de mes espérances je ne peux m'empêcher d'avoir au fond de moi un léger sentiment de remords. Cependant je fais également cela pour leur propre bien. En vue de ma situation il vaudrait mieux qu'ils gardent une certaine distance de sécurité avec moi. Autant par les dangers qui menacent dangereusement de me tomber dessus, mais également par ce que je suis devenu. Je ne peux plus être considéré comme quelqu'un de normal à présent, et les deux médecins de la citadelle pourront en attester: je suis et je resterai un monstre. Et même si avec mon allure peut avenant je n'en ai pas l'air, je suis un danger vicieux qui pourrait être mortel. De plus un monstre reste un monstre même si il est apprivoisé: on garde toujours une distance de sécurité avec lui. Ils ne seront pas capable de prendre par eux même cette distance puisqu'ils ne me considèrent pas vraiment comme tel. C'est donc à moi de créer cette frontière. Et si je dois la créer à coup de parole venimeuse et de blessure je le ferais. C'est toujours mieux que de terminer entre quatre planches.

Le mieux serait encore de pouvoir les renvoyer à la citadelle. Le problème c'est que l'ordre de m'accompagner vient du commandant des armées. Le moyen le plus rapide serait de m'attaquer à eux pour faire croire à une traitrise et les obliger à rentrer à la citadelle pour sauver leur vie. Le problème c'est qu'après, au lieux d'avoir deux groupes à ma poursuite, j'en aurai trois. Et j'ai bien peur que même pour moi cela fasse un peu beaucoup. De plus que je n'ai pas totalement récupéré et cette histoire de magie métamorphe qui peut m'exploser au visage à tout moment risque de me poser quelques problèmes si je fais cavalier seul. Il faudrait que je trouve un moyen de m'en débarrasser sans aller sur l'île métamorphe et si possible sans que cela gêne mes recherches sur les véritables intentions des mages noirs.

Je me renfrogne. Il est évident que durant ces dernières années leurs intrusions au seins de nos terres ont brutalement augmenté. Et il serait stupide qu'il recommence le même stratagème qu'ils ont réalisé il y a de cela environs quarante ans (référence au tome 1). Ils préparent autre chose. Mais quoi ?

Je secoue la tête et me reconcentre sur ma tâche.

Le trajet se déroule à une vitesse réduite qui est tout simplement insupportable mais qui est malheureusement obligatoire si un de nous ne veut pas terminer dans le précipice qui s'étend en-dessous de nous.