Chapitre 6

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On me jette brutalement dans une pièce, à genoux devant un homme balafré et musclé comme un buffle. Il ricane en voyant mon triste état, avant de s'exclamer bruillament.

- Neika Duvent. Ou devrais-je dire, Neika Nagraba. Fille du célèbre combattant du vent et de la très célèbre shaman métamorphe.
Un sacré choc lorsque j'ai appris que les deux plus illustres combattants de cette décennie ont eu une fille. Qui plus est, ignorante de l'incroyable patrimoine génétique qui lui a été attribué.

J'écarquille les yeux. Ne sachant pas si j'ai affaire à un fou ou à un véritable psychopathe. Peut être un peu des deux.

- Bref. Je me moque que tu me crois où non. Je veux m'approprier ta personne et ni toi, ni moi ne pourront empêcher cela. Je te souhaite un agréable voyage, en te faisant remarquer qu'une des meilleures escouades de la garde de l'île du vent s'est fait battre en moins de temps qu'il ne le faut pour le dire. Bonne nuit fille Nagraba.

L'homme qui m'a emmené devant le psycopathe me tire à nouveau par les cheveux et me déplace jusqu'à une pièce borgne pour m'enfermer à double tour.
À peine sa presence disparu, je me recroqueville sur moi même, débordé par les évènements, incapable de comprendre ce qui m'arrive, ne pouvant ne serait-ce qu'imaginer une situation pareille.
Des larmes roulent sur mes joues, laissant des traînés salées dans leur sillage. Larmes de terreur, de douleur, d'incompréhensions. Je voudrais hurler, crier qu'il y a erreur sur la personne, mais je ne peux que sentir la boule qui s'est formée dans ma gorge, rendant inutile toutes tentatives d'émettre le moindre sons.
Je voudrais disparaître, priant comme jamais  les esprits de me venir en aide.

...

Le silence. Puis le silence. Et encore le silence. Rien de venait déranger l'hostile silence qui règne entre ces murs. Jusqu'à maintenant.
Des râles de douleur, des cris de terreur, des bruits sourds de chutes, de combats. Aucun espoirs, juste une intense peur, venant du plus profond de mon corps, du plus profond de mon âme. Je tremble. J'en serais presque à prier ma délivrance dans ce monde de brute. Envolé l'insouciance, envolé la joie, envolé la naïveté. Me voilà plonger dans le monde de la violence, dans le monde du danger et de la mort. Trop pour moi. Faible, je veux disparaître, voulant étouffer ma peur.
Je vais mourir, c'est une certitude.

Je sursaute et hurle de terreur lorsque la porte saute brusquement de ses gongs pour tomber lourdement au sol, laissant la place à une femme et un homme. Une femme dangereuse, d'une beauté surnaturel et mortel. Une combattante, une danseuse de la mort.
Un homme immence,  sombre et impénétrable. Un duo macabre et une promesse de mort.
Mon dos tape brutalement contre la cloison, dans une veine espérance de fuite.
La femme s'accroupis un sourire ironique sur les lèvres.

- Alors la voici la prêtresse du vent. Elle paye pas de mine. Tu es sûr qu'il n'y a pas erreur sur la marchandise ?

Elle lève le regarde sur son acolyte, qui ne daigne même pas détourner le regard dans sa direction. Préférant me fixer avec un regard insondable.

- Oui.

La femme s'avance et m'empoigne le bras pour me relever avant de me tirer dans son sillage. Ne me lançant qu'un bref regard.

- Ska sera content.

L'homme bouge à peine les lèvres.

- Sûrement.

La femme me traîne jusqu'au pont et m'emmène devant un homme à la chevelure aussi noir que les nuits sans lune, et au regard aussi clair que du cristal. Une large cicatrise partant de son front descend dans une arc de cercle jusqu'à sa joue et donne un aspect encore plus terrifiant à son visage.
Je retiens à grande peine un long frissons, avant d'essuyer prestement mes larmes.

Les Murmures Du VentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant