Chapitre 62

21 1 0
                                    

L'homme et Keran restent une poignée de seconde à se regarder ainsi. Sans bouger. Le temps est comme en suspends. Je constate avec surprise que le soleil commence déjà à se parer des magnifiques couleurs du coucher de soleil. L'ambiance est comme irréelle.

Puis soudain le bulle éclate et il reprend son court. L'homme projette à une vitesse phénoménale sa magie noire. Plus sombre. Plus vivace, que celle de Keran. La masse sombre grossit et prends de l'ampleur pour prendre la forme de griffes immenses, capables de saisir un temple tout entier. Keran bondit sur le côté et évite la charge de justesse. Seulement mon poids le déséquilibre, et il est obligé d'avancée sur plusieurs mètres pour pouvoir se rétablir. Un trajet prévisible, longiligne. Une lame de jet jaillie de la masse noire et fonce dans notre direction. Le soldat tente de se décaler, mais son état et ma présence le contraignent dans ses mouvements, il n'est pas assez rapide. L'arme touche violemment son dos, et le choc le projette vers l'avant. Il est contraint d'avancer à nouveau pour rétablir son équilibre. Sa respiration est sifflante.

Sans vraiment le vouloir, mes mains se sont crispées sur son écharpe.

Le prochain coup de tarde pas. Une masse de magie noire nous percute avec la force d'un boulet de canon. Nous sommes projeté plusieurs mètres plus loin. Trop près du bords.

L'homme sourit brièvement avant de planter violemment son arme dans le sol. Sa magie noire explose autour de lui et se propage, ouvrant une large ouverture dans le sol. La roche se délite, s'effrite. Toute une partie du plateau tombe dans le vide.

Je sens très franchement le roche perdre de sa contenance dans mon dos. Mon estomac remonte dans ma gorge lorsque je prends réellement conscience que nous sommes en train de basculer dans le vide sans rien pour arrêter notre course. L'étreinte de Keran se resserre autour de moi. Je tente d'activer ma magie, sans succès. Je sens brièvement Keran tenter de faire pareil contre moi, sans plus de succès. Nous sommes vidé. Exténué. Je cache mon visage dans son écharpe.

En attente du choc. Qui arrive beaucoup plus tôt que prévue. Mais Keran l'a senti avant moi et s'est tourné peu avant de percuter le sol. Je perçois très distinctement le moment où son dos se fracasse contre la roche, faisant de son corps une barrière pour le mien. Sa cage thoracique finit par se soulever brièvement avant qu'il n'hurle à plein poumons sa douleur.

Son cri est tous simplement insupportable. Je me crispe au possible, m'empêchant de reprendre ma respiration, déjà coupée par la violence du choc.

Je met de longue minute à reprendre mes esprits. Le ciel éclaire d'un rouge vif le visage de Keran lorsque je me redresse enfin, avec difficulté. La peau du soldat est d'une pâleur cadavérique, et seul un léger souffle irréelle franchis ses lèvres. Ma main se pose sur son cou avec empressement, l'inquiétude me faisant presque oublié ma propre douleur. Son pou est extrêmement faible.

Si rien n'est fait, il va mourir. Je plaque d'un geste instinctif une de mes paumes sur le torse du soldat et invoque avec un empressement impérieux la magie Maakat. Cette dernière met d'interminables secondes à répondre à mon appelle catégorique mais finit par se propager lentement sur le torse du jeune homme. Je perd connaissance avant que mon crâne ne touche le sol.

..

Lorsque je reviens à moi, la premier chose que je vois est un plafond couleur crème un peu taché. Je met de longues minutes à reconnaître la pièce dans laquelle je me trouve. L'infirmerie de la citadelle. Cependant, presque immédiatement après, les derniers évènement me reviennent avec la violence d'une claque. Je me redresse d'un bond, prête à sauter sur mes jambes. Mais une main large et puissante attrape d'un geste autoritaire mon front et oblige ma tête à reposer à nouveau sur les draps propres.

Les Murmures Du VentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant