Chapitre 1

522 38 5
                                    

Perchée à plusieurs mètres de hauteur, je regarde la mer défilée sous mes pieds, tel un long ruban de tissu indomptable.
Le chant des vagues contre la coque bercent le guetteur endormis, autrefois l'un des meilleurs marins lorsqu'il était perché au sommet du grand mat.
Je décroche la boomerang accroché à ma ceinture et le lance sur la clochette qui pendouille au dessus de la tête du dormeur. Utilisée avant pour prévenir si un danger guettait le bateau.
Je rattrape le morceau de bois, et d'un habile salto arrière m'aggripe sur un des haubans tel une araignée sur sa toile, et d'un bont souple atterris dans une roulade sur le planché vernis du pont.

- Un jour tu te brisera les os et ce sera bien fait pour toi.

- Ce jour n'est pas encore arrivé capitaine.

Je le salut d'un geste de la main avant de rentrer dans ma cabine. Une petite pièce ne pouvant contenir seulement un hamac, et un coffre en bois, ainsi qu'un miroir brisé, ancien vestige d'un précédent utilisateur.
J'attrape la sacoche qui pend à un clou, et décampe rapidement, ayant horreur des espaces clos.

Je m'installe à calli-fourchon sur la proue du bateau et fait signe au mouette qui vole au dessus de ma tête.

- Nous arrivons bientôt.

- Un jour tu auras des problèmes.

- Renolf....j'aime pas les robes....

- C'est capitaine. Et je parle de ta sale manie de trainer pied nue sur le bateau, Neika, ainsi que de tes lacets de plumes. Enlève moi ça.

- Je met des bottes mais hors de questions que j'enlève mes plumes.

Avant d'essuyer un refus, je repart dans ma cabine, et pioche au fin fond du coffre mes bottes déjà bien usées. Je change mes habits de toile à la garçonne et enfile une de mes tuniques par dessus un pantalons de toile blanche, propre pour changer.
D'humeur joueuse, je décroche une planche du mur, et dégage la trappe qui mène au pont. Je m'extirpe de la petite pièce et saute par dessus le bord, atterissant sur une corde d'amarrage. D'un autre bont je me pose sur le dalage du port et me faufile dans la foule attendant patiemment la venue des bateaux marchant.
Mes pas me mènent d'instinct à un bar non loin de là. Je m'installe sur un tabouret et commande un verre d'alcool léger.

- Tient Neika, cela faisait longtemps. Qui as-tu visité pendant tout ce temps ?

- S'lut Gérald. Nous sommes allés en terre du feu pour marchander avec les nomades du désert de Sa de la terre du feu. J'ai d'ailleurs ramené quelques uns de leur merveilleux tissus qui protège contre la chaleur. On est resté pas mal de temps là- bas, et comme je les ai bien aimé, je suis resté un bout de temps, Renolf n'était pas content. Sinon nous sommes allés à Irilis dans la terre des eaux, Najac de l'île de la terre, ainsi que Camaporta de l'île végétal, et les villes de Fillan, Anaris, Iban et Clamos de l'île du vent. Mais je ne te cache pas que j'ai adoré les falaises de Naoris de l'île de la terre, et le peuple Arboricol des forêts de Nasia de l'île végétal.

- Pour être franc j'ai arrêté d'écouter après les nomades du desert de Sa.

Je secoue la tête, amusée.

- Toujours aussi peu attentif. Enfin bref, quoi de neuf ici ? Il y a du boulot ?

- Quelques petits grabuges de pirates, et des petits fouineurs qui sont allées où il ne fallait pas. Sinon rien d'inhabituel. Ah !  Aussi. Des richos tournent depuis quelques jours pour aller à Najac. Ils paient grassement et je suis sûr que Renolf serait content de l'affaire.

- Depuis quelques jours ? Tu es sûr que ce n'est pas un cadeau empoisonné ? Il y a plein de bateaux qui vont un Najac.

Le vieux matins se grattent le menton, embêté.

Les Murmures Du VentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant