Chapitre 47

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Je sens des bras me déplacer. On finit par me déposer avec délicatesse sur le sol meuble. L'herbe me chatouille la nuque. La morsure froide de liens sur mes poignets et mes chevilles me fait frissonner.

J'ouvre prudemment les yeux sur le ciel couleur d'encre au dessus de moi. Au coins de mon champ de vision, de long bâton surmontés de plumes. Je ne tarde pas à constater que ces derniers formes un cercle parfait autour de moi. Des torches sont placés sur des socles à intervalle régulier et éclairent la scène d'une lumière vive.

Je tire sur mes liens. Plus le temps passe, plus la magie métamorphe renforce son emprise sur mon corps, et plus la douleur est forte. Un jeune homme me fixe avec un regard désolé à quelques pas de là. Un tatouage noir s'étend sur sa joue gauche. Malgré la douleur, j'ai cru comprendre que c'est à lui que je vais devoir transmettre la compétence de chaman.

Le tatouage que j'ai récupéré dans le dos il y a quelques semaines se met à me brûler. Bientôt j'ai l'impression qu'un véritable bûcher à lieu sur cette partie de mon corps. Le douleur devient insoutenable. Malgré moi, le premier hurlement d'une longue série franchit mes lèvres.

Deux mains froides se posent sur mes épaules brûlante, me plaquant fermement sur le sol. La metamorphe de tout à l'heure penche sa tête au-dessus de moi. Ces iris bleus se mettent à luir doucement. À l'instar de l'eau auquelle on aurait versé quelques gouttes d'essences colorés, des taches couleur d'or commencent à apparaître dans ces yeux grands ouverts. L'or se mélange au bleu et prend doucement le dessus. Bientôt, deux iris incandescent me fixent avec calme.
Des frissons me parcourent les membres. J'ai l'impression que ma tête va éclater.

Je tourne ma tête vers le jeune homme métamorphe, ses iris aussi on prit la couleur de l'or.

Un énième regard me brûle la nuque. Andrea me fixe depuis l'extérieur du cercle, les bras croisés. Derrière lui, l'escouade du vent semble être arrivée, à son plus grand mécontentement. Je n'ai le temps que de croiser le regard catastrophé de Stéphane avant que la douleur ne me foudroit à nouveau.
J'espère de tout cur que le pilier du vent ne fera pas des siennes pendant l'événement.

Une vive lumière m'eblouit, lorsque je recouvre les yeux. Tout est noir. Où presque. Je finis par percevoir distinctement au loin une silhouette spectrale s'éloigner.
Cette dernière s'arrête alors et se retourne vers moi.
Un loup. Un loup a l'énergie fluctuante. Comme si il était fait de flamme. De très belle flamme couleur argent.
Ses iris couleur or me fixe avec insistance.

J'ai conscience que je ne suis plus dans la réalité. Que ce spectre n'est pas réel. Et pourtant c'est comme si un sentiment de honte grandissant en moi. Comme si ce spectre de loup sorti de nul part m'accusait. Me maudissait.

Qu'est ce que j'ai fais ?

Ce dernier disparaît, emporté dans le vent. Le douleur me foudroit. J' ai conscience de rebasculer dans la réalité lorsque j'entends un hurlement raisonner à mes oreilles. Mon hurlement. De douleur.

Mon dos. J'ai l'impression qu'il est en train de se désintégrer. J'ai mal. Trop mal. Je ne veux plus avoir mal ainsi. C'est comme si on m'ecartelais.

Mon corps se tord. Se rebelle. Se cambre. Tente de se défaire de ses liens qui le maintienne au sol. Rien à faire.

Je n'ai le temps que d'apercevoir le silhouette du jeune homme metamorphe, dans le même état que moi, un peu plus loin. Avant de reperdre à nouveau conscience.

Les souvenirs remontent. Toujours plus nombreux. Je me recroqueville sur moi-même. Que des souvenirs sombres. Dépourvus de joie. De bonheur. De sentiments positifs. Comme si tout ce que je n'avais vécu ne se résumait qu'à cela.

Les Murmures Du VentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant