Les Murmures Du Vent

Chapitre 75

Changement de point de vue

Je pousse un gémissement avant de laisser tomber ma tête sur mes bras croisés, posés sur une table de la salle de restauration.

- Je suis un crétin finis.

Quel idiot ! Quelle idée de faire ça ! Un coup de déprime, un peu d'alcool, et me voilà à faire sans doute la deuxième plus grosse erreur de ma vie. Est-ce que c'était vraiment nécessaire de faire ça ! Sérieusement ? J'ai l'air de quoi maintenant ? Ça fait trois jours que je ne l'ai pas croisé. Est-ce que c'est parce qu'elle ne veut plus me voir ? Parce que je l'ai trop gênée ? Parce que ses sentiments ne sont absolument pas réciproque et qu'elle ne sait plus comment agir avec moi ?

Je sais qu'elle tient à moi. Elle me l'a dit et sa réaction lorsqu'elle m'a sauvé la dernière fois parlait d'elle-même. Mais à quel point ? Est-ce qu'elle a des sentiments pour moi ?

Rraahh ! Pourquoi n'ai-je pas réfléchie à deux fois avant d'agir ? Déjà la faire rester avec moi dans mon lit. A quoi ai-je pensé bon sang ?! Et comme si cela ne suffisait pas je l'ai embrassé !

Je sais que c'était plus fort que moi, que j'avais besoin de réagir ainsi. Mais il ne faut pas être devin pour savoir que cette situation ne va rien amener de bon. Bon sang ! Je fais quoi maintenant ? Est-ce que des excuses suffiront ? Et puis comment pourrais-je me justifier ? Après une nuit de sommeil il est évidant que je ne peux pas mettre mon acte sur le compte de l'alcool. Déjà rien que le faire dormir avec moi il n'est pas une excuse.

Je suis fichu ! Peut-être qu'à cause de moi elle va fuir de la citadelle. Peut être même que je l'ai dégoutée des relations avec les autres. Si cela se trouve, toutes mes belles paroles n'ont servis à rien à cause de ça ! Je suis quasiment sûr que cela va la faire fuir ! Neika s'est comme un animale sauvage. Si on l'approche de trop près trop rapidement elle se braque et s'enfuit en courant. Son passif avec les Ombres de Sa n'aide pas. Tout cela est resté gravé dans sa mémoire. Tous ses malheurs ont causé bien plus de cicatrices qu'elle ne voudrait l'admettre. Elle a peur de se rapprocher des autres, elle a peur de d'apporter le malheur. Je dirai même qu'elle a peur d'elle-même. Peur de cette part obscure que l'on aperçoit parfois chez elle. Et moi dans tout cela, je met du temps et de l'énergie à l'aider, à la faire se sentir mieux et à accepter les autres. Tout ces efforts pour tout gâcher avec ça !

Une personne s'assoit sans délicatesse à côté de moi. Deux autres fonds de même, avec un peu plus de retenu. Même sans relever la tête, je sais déjà à qui j'ai à faire.

- Maintenant tu nous fais de la déprime. On aura tout vu avec toi.

Stéphane ronchonne. Si il est d'aussi mauvais poil ses derniers temps c'est surement à cause de moi. En temps normale c'est un peu le petit dernier de notre groupe. C'est lui le plus faible, le plus peureux et celui qui à le moins confiance en lui. D'ordinaire c'est celui qui est toujours de bonne humeur et qui essaye de remonter le morale au autre. A l'inverse, Yven est plutôt du style bougon, à s'énerver pour rien, et à toujours afficher son sourire satisfait insupportable avec ses éternels phrases acérés qui donnent envie à beaucoup de personnes de le frapper. Depuis quelques temps ils semblent avoir échangé leur rôle. Bien qu'Yven semble toujours prendre un malin plaisir à taper sur le système de tous le monde.

Ce dernier ricane devant mon manque de réaction.

- Il serait peut-être temps de nous dire ce que tu lui as fait à ta petite protégée non ?

Je grogne.

- Laissez-moi tranquille.

Stéphane tape du poing sur la table.