Chapitre 14

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Je regarde les bandages laborieux qui dépassent de mes brassards de cuire, avant d'en resserrer d'un coup sec les lanières, m'arrachant une grimace douloureuse.
J'ajuste mon écharpe qui a miraculeusement échappé aux flammes et regarde le mobilier carbonisé avant d'ajuster mes bottes dans une position moins douloureuse, pour finalement fermé ma porte à clé. Même si au fond je me doute que cela est parfaitement inutile dans un lieu remplis d'ombres.
Je marche silencieusement jusqu'à la grande arène et d'une habile pirouette, saute par dessus les marches pour atterir sur le sable tâché.

Je m'avance silencieusement jusqu'au prisonnier et m'accroupis devant lui, les coudes reposant sur mes genoux, pour essayer d'attirer l'attention de l'homme prostré contre son morceaux de bois, le visage pendant en direction du sol.

- Tu n'as vraiment pas eu de chance.

Mon murmure le fait se redresser,  un regard indéchiffrable sur le visage.

D'une torsion du poignet  je tranche avec une lame les chaines qui le retiennent et le porte à moitié pour atteindre un renfoncement dans l'ombre.

- Maintenant tu vas faire exactement ce que je dis sans discuter et tu n'ouvres la bouche sous aucun prétexte. Sinon tu es mort.

Il hoche faiblement la tête, tenant à peine sur ses jambes, une grimace douloureuse sur le visage.

J'enroule à la va vite une épaisse bande de tissus propre autour de son torse et de sa taille, non sans avoir au préalable badigeonné ses blessures de crème cicatrisante. Puis je déchire à l'aide de ma lame le reste de ses vêtements, pour ensuite l'aider à enfiler des habits de cuire que j'ai volé à Ska.
J'enroule également ses bras et ses chevilles, gravement blessé à cause de ses liens, et rajoute des bandes de cuire par dessus pour les cachers. Une paire de botte légèrement trop grande parfait sa tenue, juste avant que je n'enroule sa tête et ses épaules dans mon écharpe de rechange.
Je réinstalle mon sac sur mon épaule avant de faire signe au soldat de me suivre.

- Marche au même rythme que moi, légèrement en retrait, avec une foulée souple.

Je m'engage dans une rue principale, marchant au rythme normal d'une Ombre qui part en mission. Keran arrive plutôt bien à recopier ma démarche, même si il fait plus penser à un pinguin qu'une véritable Ombre. Le cachant dans mon sillage, nous passons le poste de surveillance sans problème, et sortons par une galerie secondaire plus à l'écart.

Sans un mot, nous nous extirpons à l'air libre, les dents serrées par la douleur.
Meilleure comédienne, je me redresse et lui fait signe de me suivre en ignorant son teint blanchatre.
Nous faisons une bonne dizaine de kilomètres, et m'assurant que personne ne sort à notre suite, je prend la parole.

- Bien. On prend cinq minutes de repos.

Le soldat se laisse tomber au sol avec un gémissement de douleur, tandis que je me redresse et surveille les environs.

- Tu ne t'es pas trop mal débrouillé pour un soldat. On t'a pris pour mon novice, c'est passable.

Je m'arrête avant de reprendre.

- Je t'emmène à Kaldruc, il y a un port là-bas. Tu prend le premier bateau et tu rentres sur l'île du vent. Tu n'y bouge pas avant plusieurs mois, et par la suite il faudra te faire oublier. Tiens toi loin des mages noirs et au grand jamais ne répète ce que tu as vu ici, compris ? Tu oublies ce que tu as vu, et où se trouve cet endroit. Il en va de ta vie.

Il s'asseois en grimaçant et rive son regard sur mon visage.

- Pourquoi...pourquoi tu m'aides ?

Je hausse les épaules.

- Nous croisons beaucoup des vôtres durant nos gardes. Qui êtes-vous ? Que faisez-vous ? Quel est votre but ?

Les Murmures Du VentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant