Chapitre 46

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Nous partons pour l'île metamorphe le surlendemain à l'aube.

Le trajet jusqu'à portail est étrange. C'est comme si mes sens s'étaient surdéveloppés, constamment sur le qui-vive. Mais paradoxalement c'est comme si un brouillard constant m'entourait. Comme si je n'étais plus capable de percevoir l'identité des personnes qui m'entourent. comme si il ne restait d'eux que de simple corps quelconque en mouvement.

Je me sens à la fois vide et vibrante de force. C'est un peu comme si mon corps ne savait quel état adopter et créait un savant mélange pour le moins étrange.

Je ne vois même plus les regards inquiets des soldats, et encore moins le sourire satisfait de mon géniteur. Comme si j'étais à la fois reclus à l'intérieur de moi-même et totalement ouverte sur l'extérieur.

Nous arrivons à destination en un temps records et sans encombres. C'est comme si le temps s'était suspendu.

C'est dans un silence de plomb que nous arrivons en haut du promontoire qui abrite le portail. Ce dernier est gardé par deux prêtres et une escouade de soldats. Ces derniers saluent leurs comparses du bout des lèvres, tendus.

C'est un des prêtres, avec un visage inquiet, qui se place face à Edwin et Andréa pour nous interdire l'accès au portail.

- Je serais vous je ne traverserais pas le portail par les temps qui court.

Andréa a un geste agacé.

- Nous n'avons pas le temps de prendre le bateau. Laissez-nous passer ! Nous venons sur ordre du commandant de la citadelle.

Le prêtre se ratatine sur lui-même.

- Je m'excuse pour ce désagrément, mais permettez-moi d'insister. Les fluctuations du pilier du vent ont rendu instable le portail. Je ne peux en aucun cas garantir que vous arriverez à bon port. De plus, l'état du pilier métamorphe est préoccupant au possible, les chances d'arriver au bon endroit avec cette destination sont d'autant plus mince.

Edwin soupir, tandis qu'Andréa colle sous les yeux de prêtre récalcitrant le papier officiel qui nous autorise à utiliser le portail.

- Nous prenons le risque.

Ce dernier courbe les épaules et nous laisse passer à regrets.

- Si tel est votre souhait.

Sans plus un regard pour les gardiens du portail, Edwin et Andréa nous ordonnes d'avancer dans le portail un par un. Lorsque je m'approche de ce dernier, j'ai juste le temps de repérer le regard étrange de mon père avant que ce dernier ne me pousse violemment sur la surface miroitante. La sensation est très étrange, c'est comme si je plongeais dans un lac sans ressentir la pression de l'eau ou son contact humide. Cependant la gravité reprend vite ses droits et je suis projeté au sol. Je tente d'amortir ma chute avec mes dons du vent, mais c'est avec surprise que je constate que j'en suis incapable. Je m'étale de tout mon long dans l'herbe grasse.

C'est avec un grognement de mécontentement que je me redresse d'un bond.

- Mais qu'est-ce qu'il t'a pris ?

Un sourire étrange étire les lèvres de mon géniteur.

- J'avais besoins de nous isoler des autres pour réaliser la procédure sans encombre.

Je fronce les sourcils en constatant que nous sommes bel et bien seuls tout les deux, au milieu d'une petite clairière isolée dans un bois.

- Où sont-ils ?

- Au portail de cette île si tout s'est bien passé.

- Qu'est-ce que tu mijotes ?

Il n'a pas le temps de me répondre, qu'une violente décharge me traverse de part en part. J'ai un hoquet de stupeur avant de tomber à genoux.

Les Murmures Du VentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant